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30 juin 2015 16:21
Il fait partie des rares personnes à emprunter le chemin du sacerdoce religieux. Et à chaque fois qu’il en a l’occasion, il lance un appel aux jeunes qui hésitent à s’engager : «N’ayez pas peur de nager à contre-courant. Engagez-vous !» Lui, c’est Patrick Polydor, futur prêtre missionnaire spiritain qui se livre à cœur ouvert.
Lors de notre rencontre, le jeune homme arbore le style vestimentaire africain : caftan orange et pantalon noir… Normal, il vient de passer ces trois dernières années en Tanzanie. «À Maurice, il y a une forte influence européenne et asiatique. On se situe sur le continent africain, pourtant, il n’y a aucune influence africaine dans l’île, que ce soit au niveau vestimentaire ou culinaire», se désole-t-il lorsqu’on l’interroge sur son habit qui ne passe pas inaperçu.
Mais ce dimanche 28 juin, le temps de la Marche des vocations, Patrick Polydor, 26 ans, devra troquer son look africain pour son aube liturgique. D’autant qu’il sera le visage phare de cet événement annuel du calendrier catholique mauricien. Il est le seul séminariste présent actuellement dans l’île, ses autres confrères étant
en formation à Nantes. Rentré au pays il y a un mois seulement, après trois ans d’études en Tanzanie, Patrick Polydor est un jeune homme charismatique qui a choisi de se mettre au service des plus démunis en s’engageant dans la congrégation des pères missionnaires spiritains.
Pourtant, il y a quelques années, sa vie s’orientait dans une tout autre direction. «Durant mes années de secondaire au collège du St Esprit, j’étais déjà un jeune très engagé. Je servais ma paroisse, entre autres. Puis, après mon HSC, j’ai trouvé de l’emploi à la Mauritius Commercial Bank où j’ai exercé comme Back Office Clerk et caissier pendant trois ans. J’étais aussi en couple», raconte le jeune homme, originaire de Sainte-Croix. Il aura suffi d’une journée pour que sa vie change à tout jamais. C’était lors d’une journée des vocations à Pointe-aux-Sables, se souvient-il.
«Ma petite amie m’avait accompagné lors de cette journée. Et sur place, un prêtre m’a demandé de faire un témoignage sur mon engagement. Je n’étais pas préparé. Mais j’ai parlé avec le cœur. Dans la même journée, ma petite amie m’a dit une phrase qui m’a fait prendre conscience que ma voie était celle du Seigneur. Elle m’a dit qu’elle ne pense pas que je serai aussi heureux avec elle comme je le suis au niveau de mes engagements. À partir de cet instant, je me suis posé des questions et petit à petit, l’appel s’est révélé comme une évidence», explique ce benjamin d’une fratrie de quatre enfants.
En 2011, il commence son cheminement au foyer La Source pendant six mois et exprime son désir de rejoindre la communauté des prêtres missionnaires spiritains. «J’ai grandi à Sainte-Croix et le père Laval m’a beaucoup inspiré. Ce choix était logique pour moi. Mais pour confirmer ce souhait, je devais m’engager auprès des associations et être à leur service. J’ai démissionné de mon poste à la banque et j’ai rejoint l’APEIM à Trianon. En parallèle, je m’étais engagé auprès du foyer Père Laval. J’ai aussi eu la chance de servir les plus démunis dans une communauté à Madagascar. Toutes ces expériences humaines ont été fortes et enrichissantes», témoigne Patrick qui s’est envolé pour la Tanzanie en 2012 pour des études et pour être au service des plus nécessiteux.
Bientôt, c’est la paroisse du St-Esprit, à Bel-Air, qu’il sera appelé à servir pendant presque une année avant de prononcer ses vœux de religieux que sont la chasteté, l’obéissance et la pauvreté. Interrogé sur le désintérêt des jeunes à choisir la voie de la vie religieuse, le futur prêtre explique que c’est la société qui ne forme pas les gens à prendre des engagements à long terme. «Par exemple, les gens se marient de moins en moins et optent pour le concubinage. Tout comme il y a moins de jeunes qui s’engagent dans la vie religieuse», dit-il.
Pense-t-il que le mariage des prêtres est la solution pour encourager les jeunes à se tourner vers la vie religieuse ? Pas forcément, concède-t-il. «Prenons, par exemple, les églises anglicanes. Les prêtres ont le droit de se marier et de fonder une famille. Pourtant, ils souffrent d’un manque de vocation plus grand que nous les catholiques. Donc, le mariage des prêtres n’est pas la solution.» Quoi qu’il en soit, il lance une nouvelle fois son appel : «Jeunes, n’ayez pas peur de vous engager.»
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