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Marche pacifique des artistes : leur combat pour exister

1 février 2016

Les artistes locaux sont descendus en masse dans les rues de Port-Louis pour dénoncer haut et fort les injustices qu’ils subissent.

Jamais ceux qui nous font danser et chanter au son de leur musique et qui font la fierté du quadricolore n’avaient osé dire non de la sorte. L’unité, la paix et le respect contre les injustices, le piratage et la brutalité policière. Malgré le soleil de midi qui tape sur la capitale ce vendredi, chanteurs, musiciens, danseurs, producteurs, écrivains et comédiens se sont réunis en masse au Champ de Mars. Des centaines de voix pour un objectif : combattre le piratage et faire respecter les droits d’auteur. Montrer qu’ils sont là et se faire entendre étaient le but pour ces artistes qui en ont assez qu’on leur vole leurs œuvres.

 

Outre leur décision d’interdire la diffusion de leurs chansons sur les radios locales pendant quatre jours, cette marche pacifique était plus que jamais nécessaire pour s’élever contre les injustices qu’ils subissent, mais surtout contre le piratage, leur pire ennemi. Car s’ils ont décidé de descendre dans la rue, c’est suite aux incidents du 30 décembre dernier. Ce jour-là, une bagarre a éclaté à Port-Louis entre chanteurs et producteurs de musique, d’un côté, et marchands ambulants de CD pirates de l’autre, suite à laquelle certains artistes auraient été victimes de brutalité policière. «Ce qui s’est produit le 30 décembre est très grave et c’est la raison pour laquelle nous faisons cette marche. Les travailleurs de l’industrie de l’art ne sont pas reconnus à leur juste valeur, alors qu’ils sont les plus grands ambassadeurs de notre pays»,a souligné Bruno Raya, porte-parole du front commun des artistes.

 

«Comment contrôler le piratage ?»

 

Ravane, maravane, triangle ou guitare à la main, les artistes, entourés de leurs avocats, marchent en direction du Jardin de la Compagnie, un foulard noir leur couvrant la bouche en signe de protestation, mais aussi de respect. Devant la Cour suprême, ils s’arrêtent. En silence, ils lèvent leurs instruments de musique vers cette institution. Un geste symbolique pour réclamer justice, pour que leurs œuvres et leur métier soient enfin respectés. Aux alentours, l’effervescence de la capitale semble s’être figée. Les employés de bureau s’arrêtent au coin de la rue pour regarder défiler ce cortège de visages qui leur est si familier. «Ils ont raison de faire cette marche. C’est leur travail et ils ont besoin de ça pour vivre»,lance un monsieur à son ami qui lui répond : «Oui, mais comment contrôler le piratage ? Je ne sais pas s’il y a une solution. Cela me semble difficile.»

 

Lutter contre le piratage, c’est aussi faire comprendre aux Mauriciens qu’ils doivent refuser de faire le jeu des pirates et acheter les originaux. «Nous vivons dans la souffrance, car on nous vole notre travail. Nous existons à travers notre art. C’est notre passion, mais aussi notre gagne-pain. Arrêtez de nous voler»,s’insurge Miselaine Duval. Face aux politiques qui sont présents, les artistes ne baissent pas le ton. «Nous réclamons la révision du Copyright Act,qui n’est pas en faveur des artistes, pour protéger les droits des auteurs. Il faut que les incompétents démissionnent»,martèle le producteur et directeur de Dodo Music, Siva Pareemanun.

 

«Il faut créer un Art Councilindépendant du ministère des Arts et de la culture, avec des artistes qui siègent sur le board. Le président doit être un artiste. Il faut cesser avec ces histoires de nominés politiques»,lance Jean-Jacques Arjoon devant des ministres Dan Baboo, Aurore Perraud et Alain Wong, qui font partie de l’assistance. Au même moment, le Conseil des ministres instituait un high-powered committeeafin de revoir le Copyright Act. Malgré ce pas en avant, les artistes ne comptent pas déposer les armes. Le combat doit continuer.

 

 


 

 

Le Caudan : Haut lieu  du «sega tipik»

 

Les 6 et 7 février, le Caudan Waterfront accueillera l’événement Sega Tipik Sa. Comme son nom l’indique, cet event sera dédié au sega tipik(inscrit au patrimoine culturel et immatériel de l’humanité de l’UNESCO fin 2014) pendant deux jours, avec une conception signée Stephan Jauffret-Rezannah. Au programme : exposition au Barkly Wharf, avec des instruments de la collection de Marclaine Antoine, suivie d’une prestation musicale le 7 février, sans oublier plusieurs autres prestations, souvent en simultané à différents endroits, avec Menwar, Josiane Cassambo, Tambour Chagos, Musik dan Lapo, Daniella Residu et Lespri Ravann.

 

Finalement, un documentaire de 20 minutes sera réalisé pendant ces deux jours, avec des images et des témoignages qui seront, par la suite, utilisés comme support de communication et de promotion. Un annuaire sera également publié et distribué gratuitement dans les écoles, les librairies et les centres culturels de Maurice et de Rodrigues.

 

Stephane Chinnapen

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