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Marie-Noëlle Elissac-Foy : «Le Violantomet vise à éduquer les femmes à reconnaître les situations violentes»

9 mars 2020

Comment le Violentomètre peut-il contribuer de manière concrète à lutter contre la violence envers les femmes à Maurice ?

 

La plateforme est une initiative citoyenne et nous ne disposons pas de soutien financier. Cependant, ce n’est pas la détermination qui nous manque ! Nous sommes contents d’apporter une contribution dans la sensibilisation. Nous remercions tous ceux qui nous ont aidés. Le Violentomètre (Violantomet) a d’abord été développé pour un public jeune mais, au final, il fonctionne très bien sur les adultes. La violence touche toutes les générations de femmes. La mission du Violantomet est avant tout d’éduquer les femmes et les jeunes filles à reconnaître les situations violentes qu’elles pourraient éventuellement subir, et d’éviter celles-ci avant qu’il ne soit, hélas, parfois trop tard. Avant qu’elles ne soient tuées. Vert : tout va bien, la relation est saine, profite ! Orange : vigilance, il y a de la violence. Et rouge : tu es en danger, protège-toi, demande de l’aide. Le Violantomet peut déclencher une prise de conscience. C’est un Health Check d’une relation amoureuse. Et les différentes graduations montrent en fait comment la violence peut s’installer, insidieusement, dans un couple. La jeune fille ou la jeune femme doit apprendre à prendre des menaces au sérieux et à se protéger. Le Violantomet n’est pas une fin en soi mais doit servir à la prévention et devrait s’inscrire en complémentarité avec d’autres actions du gouvernement, de la police et la justice. C’est très important. Chacun a un rôle à jouer. Nous espérons que des entreprises nous aideront à financer l’impression de 10 000 Violantomet.



Vous avez recherché l’accord de la mairie de Paris – qui a créé le Violentomètre en 2018, comme outil de sensibilisation sur les violences au sein du couple – pour une traduction en créole. Pourquoi l’utilisation de la langue maternelle était-elle nécessaire ?

 

En France, le Violentomètre est un outil reconnu et récompensé en 2019 pour son innovation (Prix Territoria de l’innovation publique). Nous avons estimé important de l’adapter en kreol pour le mettre à la portée du plus grand nombre. Et surtout, nous incluons des numéros utiles pour les femmes, ceux de la hotline du ministère de l’Égalite du genre et des deux shelters qui font partie de la plateforme. La mairie de Paris a accueilli favorablement notre démarche et utilisera la version en kreol morisien en France, quand le besoin se fera sentir.



Vous êtes porte-parole de la Platform Stop Violans Kont Fam. Parmi les propositions faites : la création d’une unité spécialisée et gender-friendly au sein de la police et la mise sur pied de la Domestic Violence Court. Est-ce qu’il y a eu une réaction des autorités ?

 

Pour l’instant, nous sommes satisfaits du fait qu’une de nos demandes – la mise sur pied d’un high powered committee, présidé par le Premier ministre –, formulée en octobre 2019, ait été concrétisée. Nous attendons beaucoup de ce comité et du Premier ministre. Il doit envoyer des signaux forts et consentir à des investissements conséquents dans des méthodes de protection et de dissuasion plus efficaces. En ce qui concerne la police et la justice, nous ne pouvons que continuer la mobilisation et à faire pression. Nous lançons un appel aux médias de nous aider dans cette démarche. Lorsqu’il y aura une prochaine victime, tendez le micro, non seulement aux ONG, mais aussi au commissaire de police, aux magistrats, aux juges, etc. Ils doivent faire partie de la solution et de la réflexion nationale que nous devons mener pour lutter efficacement contre ce fléau.

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