Match Macron-Le Pen : des Mauriciens en France à l’heure de la présidentielle

24 avril 2022 14:32

Plus que quelques heures à attendre ! C'est bien aujourd'hui, dimanche 24 avril, que la France saura qui d'Emmanuel Macron ou de Marine Le Pen se retrouvera à l'Élysée pour les prochaines années. Après ces dernières semaines de campagne pas comme les autres sur fond de pandémie et de guerre (en Ukraine), la présidentielle 2022, avec ce deuxième tour durant lequel les Français sont appelés à voter pour leur prochain(e) président(e), touche à sa fin.

Si le 7 mai 2017, Emmanuel Macron avait été élu avec 66,10 % des voix contre 33,90 % pour Marine Le Pen, les résultats en ce dimanche pourraient, selon des observateurs politiques en France, être plus serrés. Le 10 avril, pour le premier tour de cette élection, Emmanuel Macron, le président-candidat, a remporté 27,6 % des voix, soit un meilleur score qu’en 2017, où il avait recueilli 24,01 % des suffrages. Mais à la différence d'il y a 5 ans, les observateurs estiment que le président sortant «n’incarne plus une forme de renouveau», son premier mandat ayant été émaillé de crises.

Et si en 2017, Emmanuel Macron s'était fixé comme objectif de faire reculer l'extrême droite, il faut croire qu'il a failli dans cette tâche car Marine Le Pen, la candidate du Rassemblement national (RN), arrive à nouveau en deuxième position, elle aussi avec un meilleur score, soit 23,15 % des voix en 2022, contre 21,30 % en 2017. Selon des analystes, Marine Le Pen disposera, pour cette élection, d'une réserve de voix chez les 70% de Français qui ont voté contre Emmanuel Macron. De l'autre côté, le président-candidat a bénéficié des appels au vote d'Anne Hidalgo (PS) et de Yannick Jadot (EELV). Mais la grande question est : les Français suivront-ils ces consignes ?

Ce mercredi 20 avril, pour le très attendu débat de l'entre-deux tours, les deux candidats se sont affrontés sur différents sujets, notamment le pouvoir d'achat, l'écologie, la laïcité ou encore le conflit ukrainien. Les avis sont partagés sur qui d’entre eux a convaincu davantage. Le président sortant a su montrer plus que sa concurrente qu'il maîtrisait très bien ses dossiers, mais a aussi, selon les observateurs, été perçu comme «prétentieux». De son côté, la candidate du Rassemblement national, même si elle s'est embrouillée par moment dans ses chiffres, a su se montrer, selon les analystes du débat, plus sympathique et moins professorale que son concurrent.

Déception

Quoi qu’il en soit, des Mauriciens installés en France suivent de très près cette actualité politique en attendant que les urnes livrent leur secret ce soir. «Nous nous retrouvons à nouveau comme en 2017 avec un face-à-face entre Emmanuel Macron et l’extrême droite de Marine Le Pen. Je travaille aujourd'hui mais je ne manquerai pas d’aller voter car je ne souhaite pas que l’extrême droite arrive au gouvernement. En 2017, j’avais donné mon vote à Emmanuel Macron, et après ce mandat de cinq ans,  je trouve qu’il a fait pas mal de choses mais je suis aussi déçu de la façon dont il en a géré d’autres», nous confie le Mauricien David Rucktooa qui a déjà choisi pour qui il va voter. «Pour le premier tour j’avais donné mon vote à un autre candidat. Malheu-reusement, ce candidat n’a pas eu suffisamment de votes. Je respecte les votes et les idées de chacun, et me concernant pour ce deuxième tour, ce sera plutôt un vote de barrage contre l’extrême droite qui ferait énormément de dégâts en France : dégâts économiques et sociaux qui ne feront qu’augmenter la haine dans le pays», ajoute celui qui, comme beaucoup de Français, attend avec impatience le dénouement de cette course à l'Elysée : «J’espère qu'Emmanuel Macron sera élu à nouveau pour éviter ça et que le changement arrivera dans cinq ans avec un autre candidat qui monte en puissance au fil des années…»

À chacun son opinion. Une autre compatriote installée en France sait elle aussi avec certitude à qui elle donnera aujourd'hui son vote. «Pour ce deuxième tour, je vais continuer à faire barrage à Macron. Son bilan parle de lui-même et on souhaite un changement radical. Il faut donner sa chance à Marine Le Pen. Arrêtons les préjugés. Alors oui, je voterai pour Marine Le Pen pour un changement», nous déclare Marie-Danielle Sababady avec conviction.

D'un témoignage à un autre, c'est au coeur de la machinerie électorale que la Mauricienne Rosie Bordet passera sa journée d'aujourd'hui. «Ce dimanche, j’irai tenir le bureau de vote en Bretagne, où je suis élue depuis 2020. Je vivrai donc cette élection avec un regard particulier, directement en contact avec les administrés ; ce que j’estime être un privilège. D’un autre côté, je pense que ma journée sera à l'image de celle de beaucoup de nos compatriotes. Pour la troisième fois sous la Ve République, l'extrême droite se trouve aux portes du pouvoir. Notre pays va donc vivre une journée cruciale. Cette élection parviendra-t-elle à rassembler les Français ? Ou doit-on s’attendre à ce que l’abstentionnisme et le vote blanc envoient les signaux les plus forts ?» se demande Rosie Bordet.

Elle aussi a déjà fait son choix entre les deux candidats : «En tant que citoyenne, je voterai en accord avec mes valeurs et mes croyances, comme je l'ai toujours fait. La France est pour moi un pays multiculturel, porteur de valeurs humaines qui font toute sa force. Cela dit, on ne peut ignorer celles et ceux qui se tournent vers les extrêmes. Je perçois cette mobilisation comme de sérieux signaux d'alarmes, des électrochocs, que nous devons prendre en compte. L’État de droit, l’économie et les valeurs fondatrices de notre pays sont en jeu. En tant qu'élue de la ruralité, je suis d'autant plus attentive à ces questions. J’espère sincèrement que les principes d’ouverture et de respect de l’autre l’emporteront.»

Qui sera le/la grand/e gagnant/e de cette joute électorale ? Plus que quelques heures à attendre...