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16 février 2015 16:03
Il y a quelques jours, il clamait haut et fort qu’il ne voyait pas pour quelles raisons on l’arrêterait. Car cette éventualité avait été évoquée aux Casernes centrales. Il s’avère que la police a quand même trouvé des raisons de l’appréhender. Les enquêteurs le soupçonnent notamment d’avoir joué les facilitateurs dans des transactions impliquant Navin Ramgoolam. Le vendredi 13 février, l’ancien gouverneur de la Banque de Maurice, Rundheersing Bheenick, a été arrêté à son domicile à Palm Lane, Moka, avant d’être emmené aux Casernes centrales.
Après un long interrogatoire, Rundheersing Bheenick s’est plaint de malaise dans la soirée et a été transporté à l’hôpital Jeetoo avant d’être transféré à la clinique Apollo Bramwell où il est toujours admis à ce jour. L’ancien numéro un de la Banque de Maurice n’a pu comparaître devant la Bail & Remand Court, hier matin, étant toujours souffrant. Il est toutefois sous surveillance policière.
L’arrestation de Rundheersing Bheenick fait suite à une déposition consignée la veille par le First Deputy Governor de la Banque de Maurice, Yandranauth Googoolye. Ce dernier a déclaré que l’ancien gouverneur a emporté un coffre-fort chez lui, le jour de sa mise à pied par le nouveau régime, le 26 décembre 2014. Il soupçonnait Rundheersing Bheenick d’avoir volé plusieurs documents confidentiels appartenant à la Banque de Maurice. L’homme, dit-il, a rapporté ledit coffre par la suite, mais vide.
L’exercice de décompte des millions se trouvant dans les coffres et valises de Navin Ramgoolam terminé, une équipe du CCID s’était rendu au domicile de Rundheersing Bheenick munie d’un mandat d’arrêt. Sur place, les limiers ont mis la main sur des devises étrangères équivalant à Rs 1 million et plusieurs documents confidentiels appartenant à la Banque de Maurice. Les enquêteurs ont recueilli pas moins de neuf boîtes contenant divers documents au domicile du suspect.
Lors de son interrogatoire, Rundheersing Bheenick a affirmé qu’il ne savait pas comment ces documents ont atterri chez lui. Ce n’est que récemment, a-t-il déclaré, qu’il a constaté leur présence à son domicile. Il aurait alors appelé un préposé de la banque pour l’en informer. Il était prévu que celui-ci vienne les récupérer, hier.
L’ancien gouverneur de la Banque de Maurice a également nié avoir emporté un quelconque coffre chez lui après sa mise à pied. Il a par contre admis avoir emmené, avec l’accord de la direction de la banque, le tiroir d’un meuble de rangement dans lequel il avait mis ses affaires. Selon lui, il était convenu qu’il achète le meuble en question par la suite. Il dit ne pas comprendre pourquoi la personne avec qui il avait fait ces arrangements est revenue sur sa décision initiale.
Les limiers s’apprêtaient à interroger Rundheersing Bheenick sur l’argent saisi chez lui lorsqu’il s’est plaint de malaise. C’était aux alentours de 21 heures. L’homme savait déjà qu’il allait devoir passer la nuit dans en cellule. Mais ce n’est que partie remise car les enquêteurs l’attendent de pied ferme pour continuer son interrogatoire.
Entre-temps, tous s’interrogent sur la provenance de grosse somme retrouvé chez l’ex-gouverneur de la Banque de Maurice qui avait refusé de toucher un salaire pour ce poste. Il ne touchait qu’un chèque d’un montant symbolique de Rs 10. En revanche, il profitait pleinement les allocations et autres bénéfices liés à sa fonction.
Les limiers du CCID soupçonnent Bheenick d’avoir joué les facilitateurs, contre paiement, lors de plusieurs transactions en devises étrangères impliquant Navin Ramgoolam. Pour cause, plus de Rs 100 millions en devises étrangères ont été retrouvées dans les coffres et valises de l’ancien PM lors de la perquisition chez lui et Rs 1 millions en devises étrangères ont été saisies chez l’ancien gouverneur.
Dès que les médecins autoriseront Rundheersing Bheenick à sortir de clinique, il sera présenté devant la justice où il fera l’objet, apprend-on de sources policière, d’une accusation provisoire de «larceny by person in receipt of wages». Il sera ensuite conduit aux Casernes centrales pour être interrogé sur l’argent retrouvé chez lui. Le vendredi 13 février n’a pas été de tout repos pour lui. Les jours à venir risquent d’être encore plus difficiles.
Bachoo convoqué par la police
Après les arrestations de Ramgoolam et Bheenick, voilà qu’Anil Bachoo a été convoqué par la police le samedi 14 février. On aurait pu penser que cela a un lien avec les enquêtes en cours contre l’ancien PM. Mais non. L’ancien vice-Premier ministre et ministre des Infrastructures publiques sous l’ancien régime gouvernemental a dû se rendre au poste de police de Brisée-Verdière, hier matin, pour une histoire d’insulte, précise une source policière. Cette convocation est en lien avec altercation qui avait eu lieu entre les activistes des deux grands blocs lors de la campagne électorale en décembre dernier. Après avoir donné sa version des faits en présence de ses hommes de loi, l’ancien ministre rouge a été autorisé à rentrer chez lui sans qu’aucune accusation provisoire n’ait été retenue contre lui.
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