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28 juin 2023 01:58
C'était une femme aimante, débordante de vie, appréciée de tous. Elle s'appelait Karine Esquivillon, elle avait 54 ans et était la mère de cinq enfants. Hélas, cette habitante de Maché en Vendée a connu une fin atroce et sa triste histoire est maintenant connue de tous dans l'Hexagone, et même au-delà, depuis que son corps sans vie a été découvert le vendredi 16 juin.
Une terrible nouvelle, un horrible drame qui laisse sans voix... Surtout depuis que l’époux de la victime, Michel Pialle, celui-là même qui s'était montré très coopératif avec la police dès le début de l'affaire, a avoué avoir «tué accidentellement» son épouse avant d'indiquer aux enquêteurs où il avait dissimulé le cadavre, dans une forêt à une quinzaine de kilomètres du domicile familial.
Tout commence le 27 mars quand la mère de famille disparaît subitement sans laisser de traces. Ses enfants, sa famille, son entourage sont troublés. Car partir comme ça, n'est pas dans les habitudes de Karine. Puis, il y a plusieurs zones d'ombre qui rendent son absence suspecte. Comme la découverte de son téléphone mobile, deux semaines après qu'elle s’était volatilisée – le 9 avril –, non loin de son domicile, et qui accentue l'inquiétude autour de cette soudaine disparition.
Les recherches sont vite entamées et l'époux de Karine Esquivillon, Michel Pialle, présente la disparition de sa femme comme «un départ volontaire» car elle avait, selon sa version des faits aux enquêteurs, pris de l'argent avec elle. Un SMS – «Marre de vivre à deux mais pas en couple, je décide de partir» – venant du téléphone de Karine Esquivillon sème également le trouble. En raison de tout cela, l’histoire commence à bien attirer l'attention dans la région, puis dans les médias français et même au-delà des frontière, jusqu'à l'île Maurice où vit Christophe Kedzior, ex-époux de la victime et père de ses deux premiers enfants Thomas et Antoine, deux jeunes adultes. Il fait partie de ceux qui, dès le départ, sentaient que quelque chose ne tournait pas rond dans cette histoire. Et depuis le mois de mars, Christophe Kedzior a toute son attention tournée vers cette affaire et est resté en constante communication avec ses enfants dont l’existence a été complètement bouleversée.
Maintenant que le corps de son ex-épouse a été découvert, Christophe Kedzior est très sollicité par les médias français à qui il n’a cessé de raconter sa tristesse face au drame qui affecte ses enfants. De l’émotion dans la voix, l’homme d'affaires accepte de nous livrer, à nous aussi, son état d'esprit sur la tragédie à rebondissements qui rythme sa vie depuis plusieurs semaines. «C’est un cauchemar», nous confie Christophe Kedzior. Car au fil de l'enquête, et avec les développements de ces derniers jours, notre interlocuteur, comme d'autres membres de la famille de Karine Esquivillon, s'est retrouvé au cœur d'un tourbillon infernal fait de mensonges pour brouiller les pistes.
Mis en examen pour «meurtre sur conjoint», Michel Pialle, qui a fini par tomber le masque après plus de 40 heures de garde à vue, s'était présenté durant les trois mois écoulés comme un mari désespéré ne comprenant pas la décision de sa femme de partir de la maison. Il avait, notamment, invité la presse chez lui pour raconter ses tourments et induire tout le monde, y compris la police, en erreur. Le quinquagénaire, ancien architecte qui vend aujourd'hui des œuvres d'art en ligne, a ainsi répété à plusieurs reprises dans les médias que sa femme, de qui il était en instance de séparation, était partie «volontairement».
Finalement, il s’avère que le mari au profil mythomane avait tout manigancé et était aussi, évidemment, l’auteur du texto trompeur venant du téléphone de Karine Esquivillon. Pour mieux brouiller les pistes, celui qui n'avait cessé de jouer les maris éplorés avait également posté un message sur Facebook destiné à Karine à l'occasion de la fête des Mères le 4 juin, accompagné des dessins de leurs enfants : «Les enfants te souhaitent une bonne fête des mères, ils t’aiment et tu leur manques beaucoup !»
Si l'autopsie a confirmé que c'est bien le corps de Karine Esquivillon qui a été retrouvé dans la nuit du jeudi 15 au vendredi 16 juin dans les bois non loin de sa résidence, l'arme avec laquelle son époux dit l'avoir tuée avant de la jeter dans le lac d'Apremont n’avait, au lundi 19 juin, pas encore été retrouvée. Lors de sa garde à vue, l'époux a, déclaré, après de longues semaines de mensonges et de tromperies, l'avoir tuée par accident alors qu'il prenait en photo sa carabine en vue de la vendre sur Internet. Mais la version des faits du suspect, décrit comme «un fabulateur» dans les médias français suscite le doute chez les enquêteurs et plusieurs des cinq enfants de Karine Esquivillon.
Certains membres de la famille ont même pris la parole dans les médias pour exprimer leurs doutes et leur inquiétude. Parmi, Adélaïde Esquivillon, la sœur de la Karine, qui a évoqué la relation de cette dernière avec son époux en disant qu’elle avait peu à peu «perdu de l'indépendance», était sous «une forme d'emprise». Les proches de la victime sont en tout cas effondrés depuis ce développement macabre. Et avec eux, c’est toute une région qui souffre et n'arrive pas à comprendre comment une telle chose a pu arriver. Une marche blanche en mémoire de Karine Esquivillon aura d'ailleurs lieu le samedi 1er juillet à Maché, à la demande de sa famille, pour rendre hommage à la défunte.
De Maurice, l'ex-époux de Karine essaie également d'assimiler toutes les informations qui circulent en ce moment concernant la mort tragique de la mère de ses enfants. «Ce n'est pas évident de vivre tout cela, surtout par rapport à mes enfants qui sont loin. Ce qui est arrivé me touche bien évidemment car Karine était la maman de mes enfants. Bien sûr que je suis touché par cette disparition. On suit de près l'enquête et pour l'instant, on n'a pas d'éléments nouveaux. Nous, on est persuadés que le drame n'est pas accidentel et je me tiens informé, notamment à travers mes enfants et pas que, de toute évolution autour de l'affaire. Il est aussi prévu que je fasse le déplacement pour aller retrouver mes enfants. On attend de savoir quand on pourra récupérer la dépouille et j'organiserai alors mon voyage. Le plus jeune de mes fils essaie de récupérer ses deux plus jeunes frère et soeur (ils ont 12 et 14 ans). On ne va pas les laisser partir en famille d'accueil. Le but, c'est qu'on puisse les récupérer», nous confie Christophe Kedzior qui se rappellera toujours de son ex-épouse comme d’une personne qui avait une grande joie de vivre.
«Je vais garder de bons souvenirs de Karine. C'était une personne pétillante qui aimait la vie, qui était généreuse, qui aimait aider les gens et qui s'occupait bien de ses enfants, de sa maison et de son foyer», ajoute notre interlocuteur qui essaie toujours de comprendre ce qui s'est passé en revenant pour nous sur la triste histoire de disparition et de meurtre de la mère de ses enfants. Une histoire qui glace le sang...
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