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Michel Legris : Des funérailles au son des ravanes

2 février 2015

Proches, amis et artistes, tous ont tenu à rendre un vibrant hommage au ségatier au rythme de cette musique qu’il aimait tant.

La musique de nos ancêtres. Typique et authentique, comme il l’a été au cours de sa riche carrière. Michel Legris s’en est allé, mais il laisse derrière lui un héritage culturel qui restera à jamais éternel. Depuis l’annonce de son décès survenu vendredi, les paroles de sa fameuse chanson, Mo Capitaine, résonnent dans la tête et dans le cœur de tous les Mauriciens. Ses funérailles, qui ont eu lieu hier, samedi 31 janvier, en l’église Noces-de-Cana, à Rivière-du-Rempart, ont été à son image. Sa musique l’a accompagné jusqu’au bout. Lui qui a amené la musique de notre pays aux quatre coins du monde n’aurait su rêver mieux pour le jour de son grand départ.

 


Dans l’église, on arrivait à peine à faire quelques pas, tant la foule était dense. En effet, ils étaient nombreux, familles, amis, personnalités du monde musical et fans, à être venus rendre un dernier hommage au ségatier au chapeau de paille. Plusieurs d’entre eux étaient munis d’un instrument de musique. À chaque cantique, le son des ravanes, des maravanes, des triangles et des djembés se faisait entendre. Ce roulement de tambour, ce son si typique, c’était ça la mélodie de Michel Legris.

 


Lui qui était très pieux et qui ne manquait jamais la messe du dimanche aurait été heureux de voir tout ce qu’il aimait dans ce lieu qui a été, au cours de sa vie, «sa maison et son école». Les témoignages ont été nombreux. Ses enfants et petits-enfants ont dit quelques mots à cet homme qui a marqué leur vie de par sa musique et son amour. Lorsqu’elle prend la parole, Priscilla, la fille de Michel Legris, demande à deux de ses sœurs et à ses cinq frères de venir la rejoindre sur l’autel. Car, dit-elle, c’était cette image qu’il aimait voir, celle d’une famille unie : «Son plus grand souhait a toujours été de voir ses enfants unis. C’était un homme public, mais avec nous, c’était un homme simple, humble, aimant et qui nous a transmis toutes ses valeurs.»

 


Ronald, l’un de ses frères – Michel Legris était issu d’une fratrie de 15 enfants –, ne peut contenir ses larmes et s’effondre après avoir raconté sa dernière conversation avec lui, alors qu’il était hospitalisé. Nombreux sont ceux qui ont rappelé la personnalité atypique de Michel Legris, sa manière de toujours s’excuser avant de dire une vérité qui n’allait peut-être pas plaire à celui ou celle qui l’écoutait, sa camaraderie, son authenticité. Il avait aussi cette façon à lui de dire «fonse, pa per twa» pour encourager quelqu’un.

 


Dans l’assistance, on pouvait apercevoir plusieurs personnes, des proches et d’autres pas, balayer une larme qui coulait le long de leur visage. L’émotion, tout au long de la cérémonie, était intense. Et c’est au son des ravanes et triangles que la dépouille de Michel Legris est sortie. Toute l’assistance a repris en chœur et en tapant des mains son très célèbre Mo Capitaine. Certains de ses camarades s’étaient mis à danser. Sur son cercueil, on avait posé sa ravane et son fameux chapeau de la SNCF. Dans la cour de l’église, bondée de monde, plusieurs artistes dont Claudio Veeraragoo, Ram Joganah, Jean-Jacques Arjoon, Clarel Armelle et Menwar, munis de leurs instruments, ont repris, dans une ambiance typique, les refrains de ses chansons les plus connues, pour rendre un dernier hommage en musique à celui qui a souvent été, pour eux, une source d’inspiration.

 


Au moment de quitter l’église pour se rendre au cimetière de Poudre-d’Or, où Michel Legris a été inhumé, tous ont fait une haie d’honneur avec les ravanes, avant de reprendre une nouvelle fois Mo Capitaine et d’exécuter quelques pas de séga. Ce séga qu’il aimait tant et qui l’a accompagné jusqu’au bout.

 

 


 



Réactions…

 


Xavier-Luc Duval, ministre du Tourisme : «Reconnaître la contribution de Michel Legris»

 


«Je le connaissais personnellement, c’est pour ça que je suis venu aujourd’hui. D’une manière, nous commémorons la mémoire d’un grand tribun. La tâche qui attend maintenant la société mauricienne, c’est de reconnaître correctement la contribution de Michel Legris au développement de la société mauricienne et de sa culture. Nous devons faire en sorte que le pays, le gouvernement et l’État commémorent sa mémoire.»

 


Gérard Louis : «On travaillait déjà sur le prochain concert nostalgie»

 


«Nous avons passé de très bons moments avec Michel, surtout lors de nos répétitions pour le concert nostalgie, auquel il aimait beaucoup participé. D’ailleurs, on travaillait déjà sur le prochain concert nostalgie. Le dernier a été celui de décembre 2014, à l’occasion du Festival Kreol. Nous avons aussi fait plusieurs pays d’Europe ensemble, pour des concerts. Son rire m’a marqué à jamais.»

 



Menwar : «Nous avons tous grandi avec lui»

 


«Pour moi, Michel Legris était un papa, un ami, un compagnon de route. Je pense que nous avons tous grandi avec lui et ses chansons. Dès que nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes liés d’amitié. Nous avons souvent voyagé ensemble. Pour moi, c’était un grand homme.»

 


Ram Joganah : «Il était comme un père»

 


«Pour moi, il était comme un père, mais c’était aussi un ami. Je l’ai rencontré il y a 40 ans. Nous avons beaucoup appris de lui, de son expérience, de sa sagesse, de son savoir-faire. Il a marqué l’histoire du séga de son empreinte. Je garde énormément de souvenirs de lui.»

 


Bruno Raya : «Tonton Michel, c’était un monument»

 


«Tonton Michel, c’était un monument. C’est quelqu’un qui apportait une grosse contribution à la culture mauricienne. C’était un capitaine, un vrai capitaine musical. Tonton Michel, à l’époque, avait un peu envie de faire du rap, du hip-hop et il m’a téléphoné. C’était formidable parce qu’il franchissait les barrières, il mélangeait le séga, il avait l’esprit très ouvert. Et comme il dirait lui-même, il ne faut pas pleurer, mais chanter, danser. Même si l’on est triste, il faut garder un bon souvenir de tonton Michel Legris.»

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