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MMM : overdose… de suspense

20 avril 2015

Paul Bérenger ne lâchera pas son siège de leader de l’opposition sans se battre.

Mains moites. Coeur qui bat la chamade. Les acteurs du (trop) long-métrage Qui Quittera le MMM ? sont passés maîtres dans l’art du suspense. Après l’épisode des on et des off, le nouveau volet de la saga évolue autour d’une intrigue qui tourne en bourrique. Les débuts sont fracassants : critiques assassines sur un leadership contesté, départs de certains dont Jean-Claude Barbier ou encore Lysie Ribot, vague de démissions annoncée en grande pompe et incroyable remise en question. Pourtant, la forteresse tient bon. Et les semaines passent. La tension est palpable au sein des réunions du Comité central (CC) et du Bureau politique (BP). Des absences sont notées aux conférences de presse. Néanmoins, la barque de Paul Bérenger continue de voguer.

 

L’épisode final se fait attendre. Mais Paul Bérenger veut y mettre fin. Il l’a déclaré lors d’un point de presse le samedi 18 avril. Des sanctions seront prises contre les dissidents qui auraient pris part à une réunion donnée par les démissionnaires Joe Lesjongard et Raffick Sorefan. Quand ? Lors du CC du 21 avril. Alan Ganoo serait-il la cible à abattre ? Son malaise, suite aux critiques de son leader sur les ondes de Radio Plus, n’est pas passé inaperçu. Sauf que le principal concerné bouz fix. Les relations entre Paul Bérenger et le président du MMM sont-elles plus cordiales ?

 

Lors du dernier CC, les deux hommes ont même discuté et ont «share des jokes», nous apprend un membre du MMM. Cependant, les proches d’Alan Ganoo ne sont pas forcément très optimistes. Il se sent humilié, apprend-on. Mais est-ce qu’il l’est assez pour s’offrir une petite vengeance parlementaire ? Au programme : prendre à Paul Bérenger sa place de leader de l’opposition en se ralliant au PTr et aux autres démissionnaires parlementaires du MMM.

 

Une bêtise, estime un membre du CC : «Le MMM a de très bonnes relations avec le PTr en ce moment. Surtout avec Arvin Boolell. Je ne crois pas que cette tentative de faire vaciller Paul Bérenger soit réalisable.» Néanmoins, Paul Bérenger semble y croire. D’ailleurs, il en a été question lors de son point de presse : «Vous pensez que quand untel ou untel démissionne du parti, Paul Bérenger perdra son titre de leader de l’opposition ?» a-t-il demandé. Le leader du MMM tombe-t-il dans le panneau d’une rumeur ? Ou se sent-il menacé ? «Ce sont les journalistes qui inventent des choses. Nous sommes en pleine reconstruction. Tout va bien», poursuit notre interlocuteur qui, sans le savoir, contredit son leader !

 

Pour lui, le mal-être d’Alan Ganoo, les guéguerres entre Steeven Obeegadoo et le leader de l’opposition, et la distance de Kavi Ramano, ne sont que des gouttes de rien face à l’océan Paul Bérenger : «Le plus important, ce sont les municipales. Nous avons une bataille à remporter. Et même si le leader a dit que ce serait difficile, nous ne baissons pas les bras.» Paul Bérenger a fait un appel aux jeunes pour cette prochaine joute électorale, lors d’une réunion à la municipalité de Port-Louis le vendredi 10 avril. Il a également précisé que le combat s’annonce rude : «Nous avons très peu de temps devant nous et pas suffisamment de moyens pour financer la campagne électorale.»

 

Signaux de détresse

 

Pour notre interlocuteur, les membres du MMM ont compris qu’il ne fallait pas se tromper d’adversaire : «C’est le gouvernement Jugnauth qui est dans notre ligne de mire. Ce qui se passe actuellement est de la dictature.» Les guerres intestines sont choses du passé, affirme-t-il. Toutefois, les signes de tension interne sont difficiles à oublier. Les signaux de détresse impossibles à faire disparaître d’un revers de la main. Pourtant, malgré le remue-ménage depuis la contestée alliance avec le PTr et la défaite lors des dernières législatives, le tsunami interne se fait attendre (sera-t-il lancé lors de la réunion du CC dans quelques jours ?). Cela, même s’il a été annoncé à de nombreuses reprises. Les élections au sein du MMM n’ont rien chamboulé : «Beaucoup de bruit pour rien. Je crois que c’est du cinéma tout ça. Steeven Obeegadoo qui crache sur Paul Bérenger, mais qui ne part pas. Come on ! C’est quoi ça ?» se demande un militant de cœur qui a préféré prendre ses distances du parti. Pour lui, la perspective de se retrouver dans un désert politique a refroidi les ardeurs de certains.

 

Qu’en est-il des appels du pied du Muvman Liberater (ML) d’Ivan Collendavelloo ? Le vice-Premier ministre a expliqué qu’il n’accueillerait que des expulsés du MMM. Néanmoins, il reste le PMSD qui ne veut que solidifier son équipe : «Mais pas à n’importe quel prix. Finalement, ce genre de recrutement fonctionne par affinités. Je t’aime bien, tu nous rejoins. Je t’aime moins, tu te retrouves seul.» La politique, c’est comme une grande cour de récré. Celui qui a le plus de billes a le plus d’amis. Toutefois, les démissionnaires annoncés continuent à se cacher. Steeven Obeegadoo et Kavi Ramano ont assuré qu’ils ne veulent pas partir, car ils veulent redresser le parti. Ils croient visiblement dans le pouvoir de la  journée de réflexion du 1er Mai. 

 

Et les autres ? Ceux qui constituent la «vague» de démissions ? Qui sont-ils ? Pour l’instant, dit-on, ils oeuvrent en sous-marin, idée de voir où penchera le bateau MMM. Certains ont été apaisés par une place au bureau politique. Il se murmure qu’il en existe quelques-uns qui attendent que la bombe éclate enfin et que les masques tombent. Ils seront peut-être servis mardi. D’autres espèrent encore une entrée dans le gouvernement par le biais d’une alliance avec le ML. Tous les scénarios sont envisagés et envisageables : «Les tensions entre Paul Bérenger et Ivan Collendavelloo ne vont pas durer. Ils forment partie de la même famille, non ?» confie un proche du leader du ML.

 

Pour en savoir plus, il faut attendre le prochain épisode. Sera-t-il riche en rebondissements ? Provoquera-t-il le syndrome des mains moites et du cœur qui bat la chamade ? Réponse dans quelques jours…

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