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Par Yvonne Stephen
7 octobre 2015 16:12
Votre cœur s’envole. Badaboum, boum, boum, boum. Il palpite, prend de la vitesse... Montée d’adrénaline. Choc, peur et, peut-être, colère. Vous avez frôlé le pire. Les asphaltes story ne se terminent pas toutes fatalement. Au quotidien, les usagers de la route font face à des situations difficiles occasionnées par le manque de courtoisie, la maladie grave du mo enn mari lor la rout ou encore des problèmes d’infrastructure et de négligence, évitent des accidents de justesse et doivent se relever après avoir été blessés. Alors que les accidents fatals ne cessent d’assombrir les nouvelles et de briser des familles, que le gouvernement tente par tous les moyens de stopper l’hémorragie (lois plus sévères, appel à l’expertise étrangère, entre autres), il y a des petits drames – aux conséquences moins graves, certes – qui se vivent tous les jours. Des épisodes traumatisants qui donnent à réfléchir sur les dangers de la route. Le pire peut si vite arriver…
Isabelle Leste-Christome a des frissons à chaque fois qu’elle repense à un épisode en particulier, qui a eu lieu il y a quelques jours. Lors d’une sortie en famille pour aller à un anniversaire. Quelque chose de banal. Une situation qui se répète tellement de fois. Des éclats de rire dans la voiture, les histoires de ses trois enfants pour illuminer le voyage et des échanges banals entre elle et son mari. Et là, en une fraction de seconde, son univers bascule. Un véhicule venant dans le sens inverse en double un autre. À quelques mètres d’un passage clouté, alors que c’est interdit et que la voiture d’Isabelle n’est pas très loin : «L’amortisseur de ce van s’est plié et il a basculé sur deux roues afin de pouvoir passer entre notre voiture et un autre véhicule.»
Une vision d’horreur, un instant effroyable de panique. Un moment de pure peur. Interminable : «J’ai juste eu le temps de crier : «Oh Seigneur !» Heureusement que les enfants n’ont rien eu. Ma petite s’est cognée la tête avec la vitre, mais ce n’était pas plus grave que ça. On était tous sous le choc. On ne cessait de remercier Dieu de nous avoir protégés.» L’autre véhicule a simplement continué sa route. Comme si de rien n’était. Néanmoins, dans la vie d’Isabelle et de sa famille, il y a eu un avant et un après ce douloureux épisode.
Chris Lee n’oubliera jamais, lui, l’accident qu’il a évité de justesse alors qu’il se rendait au boulot : «J’étais à la hauteur du rond-point de Réduit. Un camion m’a fait une queue de poisson sans mettre son clignotant pour aller vers Rose-Hill. Son caisson a failli passer sur le capot de ma voiture. Et si je n’avais pas réagi rapidement, je me serais écrasé contre le garde-fou.» Bien sûr, cet incident ne s’est pas arrêté là (testostérone oblige !). Après une guerre de klaxons, l’altercation s’est poursuivie en dispute verbale : «Il ne voulait pas admettre son erreur. Les gros véhicules se croient tout permis. Ils sont à l’abri, alors ils font n’importe quoi.»
Maneesha ne dira pas le contraire. Elle a une petite phobie routière : les transporteurs de containers. Mais ce jour-là, c’est une voiture qui a pénétré violemment dans son monde. Après une journée de travail, il y a quelques semaines, elle emprunte, comme tous les jours, l’échangeur du Caudan. Alors qu’elle veut changer de voie, une voiture trop pressée la balaye en percutant son véhicule sur la droite. Elle perd, un instant, le contrôle de sa petite voiture, alors que la berline poursuit sa folle et dangereuse route sans s’arrêter. Plus de peur que de mal. Mais depuis, elle conduit avec une certaine angoisse. Pourtant, elle connaît ces irrespectueux de la route ! Ceux qui estiment que le code de la route ne les concernent pas, qui se faufilent, qui fraudent pour arriver plus vite. Elle les voit tous les jours sur la route. Pour les éviter, pour ne pas tomber dans le piège d’accidents qu’ils tissent par leurs mauvais comportements, elle se doit d’avoir une vigilance de tous les instants.
Néanmoins, cet accident-là l’a remuée. Des traces sur sa tôle, mais aussi, et surtout, dans sa psyché : «Je ne sais pas comment l’expliquer. Je conduis maintenant avec une frayeur. Et ce n’est pas évident au quotidien.» Pour le travail, se convaincre de prendre sa voiture. Ou alors de s’asseoir dans un bus qui roule trop vite, qui tombe en miettes. Mettre sa vie entre les mains d’un chauffeur qui n’hésite pas à flirter avec le danger. Prier pour que le pire n’arrive pas. C’est le quotidien de Navish depuis une matinée inoubliable : «Les freins ont percé, le bus a dévalé une pente. Je pensais que j’allais mourir là. Je ne sais pas comment nous nous en sommes sortis, mais je n’ai été que légèrement blessé.» Les heures et les jours qui suivent font grandir la peur qui se nourrit encore de petits épisodes : «Je ne me sens jamais vraiment en sécurité.» Le terrible accident d’autobus de Sorèze en 2013 vient hanter ses trajets : «Je crois que cela a traumatisé beaucoup de gens. C’est difficile d’oublier un tel événement.»
Les chauffards qui ne respectent pas le code de la route. Les autobus qui ont des problèmes qui ne sont pas pris en compte. Mais aussi les infrastructures qui laissent à désirer. Des robots qui ne fonctionnent pas. Des panneaux de signalisation ou des marquages sur la route qui ne sont pas lisibles ou carrément inexistants. Ou encore des routes en mauvais état.
Un gros trou, un chien qu’il faut éviter et Dev Kunal Sujeeawon, qui était à moto, s’est retrouvé à l’hôpital : «J’ai dérapé. J’ai souffert pendant deux mois. Je pense qu’il y a un réel problème avec la qualité des routes.» Et avec les deux roues qui se faufilent partout et n’importe comment, diront certains automobilistes et certains piétons. Jemima, par exemple, qui raconte avec émotion le moment où elle a été frôlée par une moto alors qu’elle se trouvait sur un passage clouté : «Ceux qui sont à moto ou en voiture ne nous respectent pas !»
Naaziah Busawon, elle, s’est, clashée avec… un piéton. Première sortie au volant avec le permis bleu tout nouveau tout beau, elle se balade tranquillement sur l’autoroute. Ni trop lentement, ni trop vite. Elle prend ses marques quand… un homme surgit de nulle part et fait une rencontre bruyante avec la carrosserie de sa voiture : «Je descends pour voir s’il va bien. Je réalise qu’il est sous l’influence de quelque chose. Je me sens mal. Je ne pense qu’à lui, j’espère qu’il n’a rien de grave.» Hyperventilation, crise de panique, mais elle doit vite se reprendre : «Il y a eu un attroupement.» Les choses prennent vite une autre tournure : «Certains ont trouvé mes lunettes et mon portable très jolis.» Heureusement que des personnes bien intentionnées ont appelé la police : «Le monsieur s’en est sorti avec un bras cassé. Je n’étais pas en tort, mais j’ai passé des heures au poste de police.» Depuis cet accident, la jeune femme en a fait des kilomètres… sans accroc.
Giovanni Bouton a également un pire souvenir de la route. Mais le seul responsable, c’est lui. Il est 2 heures du matin, il sort de chez des amis. Un peu fatigué, mais pas alcoolisé. Il prend la route et s’endort au volant : «Si je ne m’étais pas réveillé, j’aurais percuté un mur. Le sommeil au volant, c’est quelque part pire que l’alcool au volant.» Ce n’est pas répréhensible de bailler, d’être fatigué. On n’a pas d’amende pour une envie de dodo ! Depuis, il a appris une leçon de taille : «Je m’arrête quand je suis trop fatigué. C’est mieux comme ça.» Surtout qu’il n’oubliera jamais ce moment où son cœur s’est envolé. Cet instant où il a eu le réflexe de tourner son volant. Badaboum, boum, boum…
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