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Muvman Liberater : comme un parfum de discorde

8 mars 2016

Ivan Collendavelloo a eu fort à faire entre la suspension de Sangeet Fowdar et la convocation de José Arunasalon aux Casernes.

Ça sent le gâté. Période de fortes chaleurs oblige, les choses tournent. Vous avez oublié de mettre au frais votre super rougaille ? Malheur ! Après plusieurs heures au – trop – chaud, impossible de passer à côté de ce petit parfum aigre qui n’augure rien de bon et qui fait lev nene. En période d’échauffements politiques, c’est la même chose pour les partis. En ce moment, ça sent fort du côté du Muvman Liberater (ML) d’Ivan Collendaveloo. Le parti, en pleine crise d’adolescence, enchaîne les pics de température. Dans l’océan de Lepep, les gros nuages s’amoncellent. Les conditions sont réunies pour une méga-tempête… À moins que certains mettent un peu d’eau bien froide dans leur vin.

 

Mais que se passe-t-il au ML ? Difficile de ne pas se poser la question en ce moment. Le député Sanjeet Fowdar a été suspendu pour des propos jugés préjudiciables à l’alliance et au parti par ses copains de la bande à Colendavelloo. José Arunasalon, lui, s’est retrouvé aux Casernes centrales en fin de semaine. Son matériel informatique devait être analysé (mais l’exercice a été reporté à la semaine prochaine) afin de savoir si un courriel alléguant que son leader a obtenu un «cadeau» de Rs 20 millions vient de lui. C’est suite à une plainte du numéro 4 du gouvernement que la Cybercrime Unita ouvert une enquête. Ivan Collendaveloo a fait une déposition pour dénoncer cette correspondance anonyme que lui et les membres du ML ont reçue et qui lui porterait préjudice.

 

En une semaine et des poussières, les trublions du ML, habitués des headlines(Anil Gayan, ses déclarations chocs et ses liens polémiques avec Vijaya Sumputh, par exemple), ont été relégués dans l’ombre temporaire de cette crise interne qui fait sourire au MMM : «Quelle déroute ! C’est le leader de ce parti qui voulait rassembler les militants ? Avec Paul Bérenger, on ne se rend pas si ridicule»,affirme un membre du comité central du MMM, qui semble avoir la mémoire sélective. Nombreux sont ces militants, fidèles à leur leader emblématique, qui attendaient la déroute de Collendaveloo, démissionnaire de leur parti (suite à la coalition PTr-MMM), créateur du ML et vainqueur, avec l’Alliance Lepep, des législatives de 2014.

 

Pour cela, il fallait simplement que le ministre fasse quelque chose d’«unpeu bête», estime un ancien militant converti à la couleur bleue : «Il a voulu recréer le fonctionnement du MMM dans ce nouveau parti. Avec ses bons côtés et ses mauvais aspects.»Selon lui, le Muvman Liberater ne permettrait pas la liberté de parole et de pensée : «D’où les frustrations et les messes basses.»Se trouver une identité alors qu’on est happé par la machinerie Lepep, pris entre deux partis aux histoires riches et dotés d’une force de frappe beaucoup plus importante, ne facilite pas une construction effective : «Surtout que les bases sont les mêmes. Ce parti n’apporte rien de nouveau en terme d’idéologie sur la scène politique.»

 

Le fait de naître suite à une déception donne une énergie instantanée. Un sacré momentum. Mais rallier d’autres personnes sur la thématique d’une colère et d’une frustration, c’est créer des attentes. C’est faire des promesses. C’est proposer un utopique avenir qui ne peut tenir la route sur le long terme. Ce qui provoque de nouvelles frustrations. Sanjeet Fowdar a confié être mal à l’aise dans son parti. Quelles sont les raisons profondes de ce sentiment ? Il n’en dira pas plus. Mais il se murmure qu’au sein du ML, la loyauté d’Ivan Collendaveloo envers certains de ses membres poserait problème (les petits écarts de langage d’Anil Gayan et de Ravi Rutnah ont de quoi faire tiquer). Pour ses best, le ministre serait prêt à tout (le maire de la ville de Beau-Bassin/Rose-Hill en sait quelque chose), quitte à faire moins attention aux attentes de ses autres ouailles.

 

Un malaise qui n’existerait pas, assure-t-on du côté du ML : pas de frustration, pas de déception. Tout va bien, rassure Ivan Colendavelloo. Les épisodes Fowdar et Arunasalom ne sont qu’anecdotiques, des petits ratés obligatoires dans la cuisine d’un parti politique. Et les choses rentreront vite dans l’ordre. Peut-être. Mais pour l’instant, ça sent le gâté. Comme un rougaille oublié…

 


 

Qu’ont-ils fait ?

 

Un vilain mail. Serait-il l’auteur de ce courriel alléguant qu’Ivan Colendavelloo a touché un «cadeau» de Rs 20 millions ? Pour l’instant, rien ne le prouve. José Arunasalon, ancien ministre et membre du ML, s’est rendu aux Casernes centrales le  vendredi 4 mars, pour l’examen de son ordinateur portable et de sa tablette. Néanmoins, à cause d’un problème interne, l’exercice a été renvoyé. Cette vérification a été rendue nécessaire car l’adresse IP de l’expéditeur de la correspondance serait celle de José  Arunasalom. Néanmoins, ce dernier insiste sur le fait que sa connexion internet a été piratée.

 

Une suspension. C’était prévisible. Le député Sangeet Fowdar a été suspendu du ML le mercredi 2 mars. Il saura le 19 mars si cette décision sera maintenue, si elle sera abolie ou si le divorce entre lui et son parti sera consommé. Ses positions jugées anti-ML et anti-gouvernement ont fait tiquer les membres de son camp politique ces derniers temps. Sur une radio privée, il a affirmé que la population n’était pas satisfaite du bilan du gouvernement. Au menu de ses récriminations : la gestion de Colendavelloo du dossier de la CWA, Heritage Cityet le Good Governance and Reporting Bill, entre autres. Sanjeet Fowdar se rapprocherait-il de l’opposition ? Un retour au MMM ne serait pas à écarter. Mais le PMSD serait aussi une option.  Une adhésion qui ne déplairait pas à la bande à Duval. Les Bleus se sont lancés, il y a quelque temps, dans une campagne de séduction. Ils font les yeux doux aux régions rurales et Sanjeet Fowdar, député de Grand-Baie/Poudre d’Or (nº 6) serait un atout de taille.

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