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Nanda Pavaday : «Cette pandémie nous fait réfléchir à notre mission ici-bas»

3 novembre 2021

«La Covid est venue tirer la sonnette d’alarme pour nous dire de remettre les choses à l’endroit avant qu’il ne soit trop tard.»

Mo tizistwar pandemi…

 

Malaise. Le 19 mars 2020, c’était l’anniversaire de ma maman. On sentait déjà un gros sentiment de malaise dans le pays. Nous devions aller manger au restaurant en famille mais avons finalement annulé. Le soir même, le Premier ministre annonçait le premier confinement. Une situation inédite et difficile mais qui nous a permis de passer beaucoup de temps ensemble, ma maman, mon frère et sa famille, et moi, car nous habitons la même maison.

 

Hypersensible. Bien sûr, il fallait s’organiser pour se procurer le nécessaire et ce n’était pas évident de rester tout le temps à la maison. Un jour, j’ai écrit un post sur Facebook pour dire que j’avais changé la place des meubles dans la maison pour faire comme si j’avais été rendre visite à quelqu’un. Les gens ont bien aimé ! Je me suis mis à écrire des posts tous les jours. Cela m’a beaucoup aidé car étant hypersensible, le confinement était difficile à gérer émotionnellement. C’était une bonne façon de tirer toutes ces émotions. Je me sentais aussi moins seul en étant connecté à tous mes followers.

 

Jardin. Et j’ai perdu 15 kg durant ce confinement ! Je mangeais plus sain et je faisais pas mal d’exercices. Je faisais aussi du tai-chi, je cultivais mon jardin intérieur où je suis bien avec moi-même et j’emmenais ça vers les gens. C’est ce que j’aime : apporter quelque chose aux autres. Au niveau du travail, c’était très difficile. Comme je vis en grande partie grâce à la vente de mes livres maintenant, j’étais dans l’incapacité de les distribuer ici ou à l’étranger. Je me suis donc concentré sur l’écriture de plus de posts, du deuxième tome de Tizistwar et de la traduction du premier en anglais.

 

Ce que cette situation challenging nous a appris…

 

Essentiel. Être enfermés avec nos proches et le strict nécessaire nous a permis de bien comprendre ce qui est essentiel dans nos vies. On a pu prendre du temps pour soi, pour nos proches, faire des choses qu’on n’avait pas l’habitude ou le temps de faire, cuisiner, créer des oeuvres artistiques. Ceux qui ont une vie plus tournée vers l’intérieur ont pu mieux s’en sortir, à mon avis, ainsi que ceux qui ont fait preuve de compassion et aidé leur prochain. Alors que ceux qui ont une vie plus tournée vers l’extérieur, la vie sociale et l’argent, ont sans doute eu plus de mal.

 

Mission. Cette situation de pandémie nous fait surtout réfléchir à notre rôle, notre mission ici-bas. Sommes-nous là pour prouver quelque chose, pour montrer ce qu’on a, pour prendre aux autres ce qu’ils ont, pour épuiser les ressources extérieures ? Ou bien sommes-nous là pour puiser dans nos ressources intérieures et voir comment, avec elles, amener les gens à sourire, créer quelque chose de positif, contribuer à construire un monde meilleur ? Nous avons aussi vu comment ces pays puissants qui croyaient contrôler le monde ont été mis eux aussi à genoux et immobilisés par un tout petit virus. Non, nous ne pouvons pas tout contrôler, à part nous-mêmes !

 

Nature. Nous comprenons aussi, en en étant privés, l’importance du toucher, de se voir et de communiquer en personne, d’aller à un match de foot ou un concert, de vivre entourés des gens, de marcher librement, sans masque ou autres restrictions. Nous découvrons l’importance de cultiver la terre alors que nous pensions qu’un travail de bureau était plus valorisant. Sur le plan spirituel, nous nous rendons compte que nous ne pouvons pas vivre sans Dieu, sans la force que nous ne pouvons pas contrôler dans l’univers. Nous voyons aussi que la nature a sa propre intelligence et la capacité de s’assainir, se guérir, elle-même.

 

Drogue. C’est une grande remise en question de nous-mêmes, de nos valeurs, de notre façon de vivre. De notre rapport à l’argent, la plus grande drogue qui soit. Nous avons créé un monde où nous cherchons toujours à avoir plus et à prendre des autres, au lieu de leur donner ce qu’on a, de mettre nos dons au service des autres. Nous avons été créés pour être des créateurs, pas des accapareurs.

 

Comment on peut créer un monde meilleur à partir de ça…

 

Contribuer. Je crois qu’il faut inverser la croyance que le modèle de succès, c’est seulement d’avoir des super résultats scolaires, un super travail, un super salaire, un grand train de vie. On doit faire comprendre aux gens, surtout aux enfants, que la réussite, c’est avant tout dans ce qu’on peut contribuer à la société, ce qu’on peut apporter aux autres. La construction d’un monde meilleur passe aussi par la protection des plus faibles et fragiles car ils ont leur raison d’être dans ce monde, et non pas penser qu’on doit les écraser, les exploiter pour notre propre bénéfice.

 

Alarme. Il faut démanteler tout un système bien établi et, hélas, très difficile à changer, une société droguée par l’argent, le pouvoir, la richesse. Et je crois que la Covid est venue tirer la sonnette d’alarme pour nous ramener sur le bon chemin, pour nous faire prendre conscience de nos dysfonctionnements et nous dire de remettre les choses à l’endroit avant qu’il ne soit trop tard. Comme pour quelqu’un qui a un AVC et s’en sort. La question est : va-t-il prendre les mesures qui s’imposent pour avoir une meilleure santé ou laisser les choses aller en empirant jusqu’à la crise fatale ? Et chacun doit se sauver lui-même avant tout, construire un meilleur monde en lui-même et pour lui-même pour pouvoir contribuer à sauver/changer le monde collectivement.

 

Les lueurs d’espoir qui brillent en ces temps obscures…

 

Bonheur. La lueur d’espoir, et j’encourage cela, c’est que certains ont pris conscience qu’ils devaient prendre du temps pour eux-mêmes et faire d’eux-mêmes une priorité, construire leur monde intérieur. Car si on ne trouve pas le bonheur à l’intérieur de soi, on ne le trouvera nulle part ailleurs. Et ça personne ne peut le prendre ou le détruire. Faisons la paix avec nous-mêmes et cette paix s’étendra au monde dans lequel nous vivons. Même en temps de Covid ou autre catastrophe, nous pourrons nous tourner vers notre bien-être intérieur. Et se dire : I am here and I am enjoying life from moment to moment.

 


 

Mon actu du moment

 

Je vis principalement de mes écrits maintenant, ce qui n'est pas facile mais j'adore ce que je fais. En plus de quelques collaborations en freelance dans la pub. La pub, je suis tombé dedans un peu par hasard. Quatrième d'une fratrie de cinq garçons – mon défunt père était marsan bazar et ma mère travaillait comme bonne –, j’ai fait mes études universitaires en économie mais ne trouvant pas de travail dans ce domaine, j'ai atterri dans le monde de la pub comme Copywriter. Et là, j’ai trouvé ma voie ! Par la suite, j'ai monté ma propre boîte, Amadeus. Hélas, après quelques années, j’ai dû mettre la clé sous le paillasson et je me suis retrouvé sans travail et sans le sou. J’ai alors commencé à écrire des posts sur Facebook qui ont beaucoup plu. J'ai donc continué et de là est né mon livre Tizistwar nou pays que je commercialise moi-même – la version anglaise sera bientôt disponible également. Le second tome de Tizistwar sortira, lui, l'année prochaine. J’ai aussi écrit Konfizri : Bann ti douser konfinnman partant de mes posts sur Facebook lors du premier confinement.

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