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17 juin 2014 17:44
Il a, pendant longtemps, dit-il, vécu caché. Et il avait peur de se confier et de se montrer tel qu’il est. Sa réalité, c’est d’être homosexuel. «J’ai longtemps cru que j’étais une personne inférieure et que je n’allais jamais trouver le bonheur et l’amour. À l’époque, je ne pouvais être sincère avec personne et plus je grandissais, plus j’avais ce lourd et noir secret à cacher», explique Nawal Husnoo, 28 ans.
Son homosexualité était un sujet qu’il fallait à tout prix éviter d’aborder. «Je me souviens que j’avais vu des reportages où les homosexuels se faisaient battre, étaient chassés de leur famille ou encore de leur emploi», ajoute ce jeune Mauricien qui s’est installé en Angleterre après avoir quitté Maurice en 2005. «Je suis passé par plusieurs périodes de dépression, de l’âge de 12 ans à 22 ans. C’est seulement durant les cinq dernières années que j’ai réussi à me libérer. Je sais maintenant qu’un gay est tout aussi capable qu’une autre personne de trouver l’amour, le bonheur et réussir une carrière», déclare-t-il.
Bien dans sa tête et dans ses baskets, Nawal a ainsi voulu partager son histoire. En début d’année déjà, il avait choisi d’écrire aux autorités mauriciennes pour parler de l’importance de considérer les homosexuels comme tous les autres citoyens : «L’Assemblée nationale étant l’instance suprême de la République de Maurice, elle a ainsi le devoir de protéger ses citoyens et d’assurer l’égalité des chances et des droits pour tous. Qui de mieux pour écrire et demander à ce la communauté LGBT de l’île Maurice soit protégée ?»
Sa démarche, dit-il, est de provoquer un sursaut afin que d’autres personnes ne connaissent pas ce sentiment de mal-être qu’il a auparavant nourri : «Il n’y a aucune excuse pour que les homosexuels soient traités comme des êtres inférieurs aux couples hétérosexuels. Maurice ne peut pas faire semblant d’être un phare pour le développement socio-économique et les droits de l’homme en Afrique si le pays continue à traiter un segment entier de la population comme des citoyens de seconde classe.»
Aujourd’hui, Nawal se sent en phase avec lui-même et respire le bonheur : «En Angleterre, cela se passe très bien pour moi. Pour quelqu’un qui est resté caché jusqu’à l’âge de 21 ans, je ne pouvais pas espérer mieux.» Sa vie maintenant, il la mène comme il l’entend : «Je travaille dans la recherche et le développement au sein d’une entreprise où je développe des logiciels de mathématiques avancées pour les radars météorologiques. Ceux-ci sont utilisés dans la prévision des inondations. Cette technologie contribuera à sauver des vies en cas de catastrophes liées au climat. J’ai aussi un partenaire affectueux et de très bons amis. Je ne peux demander plus !»
Même dans son pays d’adoption, il lui arrive de faire face à quelques actes incompréhensibles, mais les choses, dit-il, ont beaucoup évolué : «Certaines fois, nous avons droit, avec mon ami, à des remarques imbéciles quand nous marchons main dans la main dans la rue, mais ce genre d’agissement est très rare. Sinon, mon partenaire et moi avons droit à autant de respect que n’importe quel couple hétéro.»
Le chemin jusqu’à la stabilité a été long, mais heureusement qu’il bénéficie, dit-il, du soutien de ses parents : «Bien évidemment, ils ont été d’abord choqués, mais avec le temps, ils se sont parfaitement faits à cette idée. Ils traitent maintenant Dan comme un membre de la famille.»
Le mariage gay est un sujet d’actualité qui revient souvent sur le devant de la scène ces derniers temps. Mais lui y croit : «Les couples homosexuels méritent la même reconnaissance et les mêmes droits que les couples hétérosexuels. L’égalité dans le mariage est un de ces droits.» Tout comme il sait maintenant que «gay ou pas, tous ont droit à l’amour».
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