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Naziha Mestaoui : «La nature n’est pas extérieure à nous, on en fait intégralement partie»

Elle est à Maurice pour délivrer un message, pour partager une mélodie ; Le chant des lucioles. L’artiste tuniso-belge, connue comme une pionnière dans l’art digital et qui avait transformé la Tour Eiffel en forêt virtuelle avec le projet One Heart One Tree à l’occasion de la COP 21 en France, en 2015, a présenté son spectacle lumineux conçu pour l’hôtel Le Dinarobin Beachcomber. Elle nous raconte sa belle histoire…

Racontez-nous votre œuvre Le chant des lucioles ?

 

L’œuvre prend vie entre la plage, la mer et la montagne du Morne. J’utilise une lumière qui n’est pas naturelle puisque malheureusement, c’est un peu compliqué d’avoir de vraies lucioles parce qu’il faut un environnement extrêmement sain. Puis, pour trouver des espèces locales, c’était un peu compliqué. On utilise donc des petites lucioles technologiques qui sont composées de petites éoliennes qui ne s’allument qu’avec le vent. L’idée est que la nature, le vent, vienne jouer avec l’installation pour donner vie à des petites lucioles qui s’allument avec l’énergie du vent.

 

Comment est née cette collaboration avec le Beachcomber ?

 

Beachcomber a la volonté d’explorer la possibilité de travailler avec des artistes et en 2017, pour Porlwi by Nature, j’avais fait une intervention au Dock avec toute une installation : le concept One beat, one tree, avec de grandes projections et des interactions  qui permettaient aux gens de planter un arbre virtuel qui, par la suite, a été planté à La Citadelle. Tous les arbres ont donc été plantés et ça a créé un précédent. Je logeais alors au Dinarobin et à ce moment-là, j’ai eu vent que l’établissement organisait un concours et faisait un appel aux artistes pour créer des œuvres lumineuses qui jouent avec la nature. L’inspiration m’est alors venue assez rapidement. Comme je connaissais les lieux, j’ai été vite inspirée.

 

Et c’est quoi l’histoire derrière Le chant des lucioles ?

 

Cet été, j’étais en Amazonie. Ça fait huit ans que je fais des collaborations avec des tribus et que je passe du temps là-bas. Tous les soirs, au coucher du soleil, il y avait des lucioles qui montaient. C’était pour moi un moment magique, presque sacré. C’était un véritable spectacle de voir ces lucioles monter vers le ciel et se mélanger aux étoiles. À ce moment-là, je ne pensais absolument pas au Dinarobin car c’était pour moi un moment privilégié que je vivais. À la fin de mon séjour, cela m’est apparu comme une évidence. J’ai vu dans ma tête, le Dinarobin et les lucioles. C’était le point de départ du projet. Pour moi, c’est un concept qui emmène un enchantement. Ce qui est important pour moi, c’est de prendre un moment pour s’arrêter et penser à notre rapport avec la nature. Dans mes œuvres, ce qui m’intéresse, c’est d’utiliser des médias technologiques très contemporains pour questionner notre rapport à l’environnement et à la nature.

 

D’où vous vient votre conscience écologique ?

 

Depuis que je suis petite, on a toujours recueillis des animaux à la maison. Il y a huit ans, je suis partie pour la première fois en Amazonie et ce qui a été exceptionnel, c’est d’être en contact avec ces populations qui vivent de façon complètement différente et qui ont un rapport à la nature qui est radicalement différent. Dans notre société occidentale, on a tendance à penser à l’homme comme étant séparé de la nature. Dans ces sociétés-là, ils pensent qu’ils font partie de la nature. C’est cet enseignement qui m’a énormément inspirée et qui a changé mon rapport aux plantes, aux arbres, et qui m’a permis de reconnaître qu’un arbre est vivant avec une conscience et une intelligence. La nature n’est pas extérieure à nous, on en fait intégralement partie. Il y a une interdépendance.

 

Et l’art digital… Pourriez-vous nous en dire plus sur votre domaine de prédilection ?

 

J’ai fait des études d’architecture et d’urbanisme. Dans ce domaine, on est supposés être capables d’anticiper les évolutions possibles de différentes sociétés pour proposer quelque chose qui soit compatible, adapté et qui puisse accueillir d’autres modes de vie qu’on n’a pas pu forcément anticiper. Du coup, on travaille potentiellement comme dans le monde de la science-fiction. Il faut imaginer plein de scénarios et se dire que, dans ces cas-là, par exemple, quel impact sur la ville, quel impact sur la sociologie et comment proposer un écrin qui s’adaptera à toutes ces évolutions possibles. C’est quelque chose qui me fascinait en architecture et urbanisme. Et c’est quelque chose que j’ai conservé dans mon activité d’artiste. Pour moi, la technologie et les sciences sont les deux axes qui annoncent, qui dessinent, l’avenir vers lequel on va.