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Négligence médicale alléguée : Douleur et révolte d’un couple qui a perdu son nouveau-né

5 septembre 2016

Triste et en colère, le couple attend les conclusions de l’enquête interne initiée par le ministère de la Santé pour décider de la marche à suivre.

L’avenirleur semblait tout tracé. Ils le voyaient radieux, heureux, rempli de projets et de rêves à réaliser. D’abord, ils devaient accueillir leur bout de chou, un moment merveilleux qu’ils attendaient avec impatience depuis neuf longs mois. Ensuite, ils projetaient de se marier trois mois plus tard et de faire baptiser leur premier-né en même temps. Et, dans quelque temps encore, avoir leur propre maison. Tout cela ne devait être que du positif. Un ciel sans nuages. Puis, l’horreur est venue frapper à leur porte. Leur a enlevé leur bébé, leur a privé du bonheur d’être parents. Depuis, leur vie est synonyme de cauchemar, de détresse et de chagrin. Elle n’a plus de sens.

 

Aujourd’hui, Juliette Mohabeer, femme au foyer, et Dylan Julie, employé chez Mauvilac, pleurent la mort de leur petit Lucas, né dans des circonstances troubles, disent-ils, à l’hôpital de Candos, le 18 août, et décédé 12 jours plus tard en soins intensifs. La maison des parents de Dylan, où ils habitent à la rue Bougainvillier, à Trèfles, Rose-Hill, s’est transformée en lieu de tristesse alors que le couple avait tout préparé pour accueillir son enfant dans la joie. Dans un coin du salon trône une petite table, recouverte d’une nappe blanche, d’un bouquet de fleurs et d’un bougeoir. Rappelant tristement que des funérailles ont eu lieu récemment. Les dernières brises hivernales qui s’abattent sur l’île en ce début de soirée de mercredi glacent davantage l’atmosphère à l’intérieur de la demeure du couple.

 

Les dernières lueurs du jour se dissipent et Dylan, 27 ans, allume une bougie à la mémoire de son fils décédé la veille, au douzième jour de sa vie. Juliette, 27 ans, est également plongée dans le désespoir depuis le drame. En elle, la tristesse et la colère se mêlent car elle est convaincue que son Lucas serait toujours de ce monde si elle avait accouché dans des bonnes conditions. Elle est aussi persuadée que son fils et elle ont été victimes d’une grosse erreur médicale. La jeune femme et son compagnon ont porté plainte au poste de police de l’hôpital, le vendredi 2 septembre.

 

Le cauchemar de Dylan et Juliette a commencé, racontent-ils avec émotion, le 13 août. Vers 1 heure du matin, la jeune femme, qui arrive au terme de sa grossesse, est admise d’urgence à l’hôpital de Candos avec des douleurs insoutenables. Elle croit fermement qu’elle va accoucher dans pas longtemps mais ce n’est que cinq jours plus tard que cela se fera, soit le 18 août à 6h55. Selon elle, le personnel soignant l’avait mise sur la «waiting list»car son médecin traitant était en congé durant trois jours.

 

«On prétextait aussi que mon col était toujours fermé. Ce qui explique, selon eux, qu’on ne m’ait pas fait accoucher plus tôt. Les autres gynécologues qui passaient quotidiennement dans la salle où j’étais admise ne faisaient que regarder vite fait mon dossier. L’un d’eux m’a dit que j’allais devoir attendre le retour de mon médecin mais que si cela ne tenait qu’à lui, il allait faire une césarienne tout de suite pour me faire accoucher», raconte Juliette d’une voix tremblante.

 

Saignements

 

Ce n’est finalement que le 17 août qu’elle a pu, dit-elle, être examinée par son médecin traitant. Ce dernier aurait ensuite donné des instructions pour faire dilater son col. La jeune femme explique avoir commencé à avoir des saignements, suivis de douleurs, vers 2 heures dans la nuit du 18 août. C’est alors qu’on l’a fait accoucher, mais dans des circonstances terribles, selon elle. «Le personnel soignant m’a forcée à accoucher par voie naturelle alors que je suis asthmatique. Mon dossier médical en fait mention. Je ne comprends pas pourquoi on n’a pas pris cela en considération», souligne Juliette d’une voix complètement cassée. Elle ajoute que le personnel soignant a eu toutes les peines du monde à faire sortir le bébé qui faisait 3,5 kg.

 

«Étant asthmatique, j’étais à bout de souffle au bout de quelques minutes. Je n’arrivais pas à pousser pour faire sortir mon bébé et les infirmières n’étaient pas tendres avec moi. Pire, il y n’avait pas de médecin pendant l’accouchement. À aucun moment, le personnel soignant n’a fait appel à un docteur alors que j’avais toutes les peines du monde à mettre au monde mon fils», pleure la jeune femme.

 

Après cet accouchement difficile, le petit Lucas a été immédiatement emmené à l’unité des soins intensifs réservés aux bébés car il avait de gros problèmes respiratoires. L’une des infirmières aurait alors lancé à Juliette : «Akoz ou mem inn ariv tousala», parce qu’elle n’avait pu pousser comme il le fallait pour expulser le bébé. Mais pour la jeune femme ce sont plutôt les infirmières qui sont en cause.

 

Respiration artificielle

 

«Deux infirmières ont appuyé de toutes leur force sur mon ventre parce que j’avais des difficultés à pousser pour mettre au monde mon bébé. Une troisième a ensuite pris le nourrisson. Il n’a même pas pleuré car il était déjà inconscient», s’insurge Juliette. Son compagnon Dylan a porté plainte à cet effet auprès de l’administration de l’hôpital de Candos après l’accouchement. Mais il n’a obtenu aucune réponse.

 

Pendant 12 jours, le nourrisson est resté sous respiration artificielle à l’unité des soins intensifs néo-natale où le personnel a tout fait pour qu’il s’en sorte. Mais le mardi 30 août, il aurait succombé à une infection aux poumons. C’est du moins ce qu’un médecin aurait déclaré aux parents. Le couple, lui, croit dur comme fer qu’il y a eu négligence médicale durant les jours précédant la naissance et lors de l’accouchement.

 

Aujourd’hui, plusieurs questions trottent dans leur tête : pourquoi n’y avait-il pas de médecin lors de l’accouchement ? Pourquoi a-t-on attendu autant de temps pour faire accoucher Juliette ? Pourquoi l’a-t-on fait accoucher par voie basse alors qu’elle souffre d’asthme ? Pourquoi les infirmières ont insisté à faire naître l’enfant naturellement alors que cela s’avérait compliqué ?

 

Le ministère de la Santé a, semble-t-il, cette affaire à cœur. Une enquête interne a d’ailleurs été initiée, selon une source au ministère, pour faire la lumière sur ce cas de négligence médicale alléguée (voir hors-texte). Juliette et Dylan, eux, veulent absolument avoir des réponses, pour comprendre et aussi pour pouvoir situer les responsabilités même si la mort de leur bébé restera une immense souffrance.

 


 

Le ministère de la Santé initie une enquête interne

 

L’absence d’un médecin spécialiste lors de l’accouchement de Juliette Mohabeer intrigue plus d’un au ministère de la Santé. Voilà pourquoi ledit ministère a initié une enquête interne, le vendredi 2 septembre, suite aux interrogations de 5-Plus dimanchepour faire la lumière sur cette affaire de négligence médicale alléguée. C’est ce que nous a fait comprendre une source au sein dudit ministère. Notre interlocuteur avance que l’enquête interne devra également déterminer qui était le médecin de garde ce jour-là et pourquoi ce dernier n’a pas été sollicité par le personnel soignant pendant l’accouchement difficile de Juliette Mohabeer. Selon nos informations toujours, ce sont des sages-femmes qui ont mis au monde le petit Lucas. Il nous revient aussi que les conclusions de cette enquête seront communiquées au ministère ce mercredi 7 septembre. Attendons voir…

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