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A Notre-Dame : Bon vent, le pont !

18 janvier 2015

Selon les habitants du quartier, le pont menace de s’écrouler.

Sous haute surveillance. Le pont de la route Ducray a un garde du corps, en ce moment. Serait-il devenu un VVIP (un Very Very Important Pont) et mériterait-il la présence d’un policier ? Pas tout à fait. Il n’a rien d’extraordinaire et est un pont comme vous en voyez partout dans l’île. Mais quelle est donc sa particularité ? Rihanna y a-t-elle tourné son dernier clip ? Rien d’aussi glamour. Le destin de cette passerelle est beaucoup plus tragique. Depuis quelque temps, elle s’affaisse. Les pluies de Bansi n’ont pas arrangé les choses. Du coup, elle menace de s’écrouler, expliquent certains habitants du quartier qui empruntent ce pont, tous les jours, afin de rallier  la route principale de Notre-Dame.

 


C’est d’ailleurs leur seul passage asphalté pour quitter leur quartier. Alors ils y tiennent… un peu. Mais la proposition de Raj Dayal, le ministre de l’Environnement, de prévoir un nouveau pont n’est pas pour leur déplaire : «En attendant nous aurons une route temporaire. C’est une bonne chose. Ce pont a fait son temps», confie Mohamed Ishaq.

 


Le mardi 13 janvier, c’était un peu la panique à la route Ducray. Le pont a cédé sous le poids d’un camion. Réunion d’urgence et mobilisation. Très vite les membres de la Special Mobile Force (SMF) et du National Disaster Committee (NDC) se sont mobilisés. Depuis, les poids lourds n’ont plus le droit d’emprunter ce passage, d’où la présence du policier, en cette fin de matinée.

 


C’est une bonne chose, estime Mohamed qui vit dans ce petit coin du Nord depuis «30 ans, 35 ans». En ce jeudi 15 janvier, aux alentours de midi, les ruelles de ce quartier de Notre-Dame sont désertes. Les flaques d’eau boueuses grossissent alors que les rafales de pluie se font plus intenses. Bansi s’en est allé, d’accord. Mais ses nuages, qui semblent avoir été emprisonnés dans les montagnes avoisinantes, arrosent encore copieusement cette partie de l’île alors qu’Akash Chakowry emprunte le pont sur sa motocyclette.

 


S’inquiète-t-il à ce moment précis ? Craint-il pour sa sécurité ? Pas vraiment. Faire cette route est un automatisme même s’il sait que le pont est en mauvais état : «C’est un danger, c’est sûr. Il est temps de résoudre ce problème qui dure depuis de nombreuses années. C’est déjà une bonne chose que les camions n’aient plus accès à cette route.» Mohamed Ishaq qui a vu du mouvement se rapproche alors. Ce pont, il le connaît par cœur. Depuis 2012, les villageois s’organisent, dit-il, pour faire bouger les choses.

 


Sans succès : «Nous avons fait des plaintes. Mais aucun député de la circonscription n’a levé son petit doigt. Mais nous sommes satisfaits de la réaction de Raj Dayal. Je sens que Vire Mam va faire quelque chose pour nous.» Il l’espère en tout cas.

 


Ça fait des années que Mohamed assistait, impuissant, à la dégradation de la structure : «Les enfants jouent sous le pont ou pêchent là. Les adultes, aussi.  Nous voyons ce qui s’y passe.» Mais il ne s’agit pas de l’unique problème : «Une journée de pluie et le pont est submergé. On ne peut plus rentrer avec sa voiture. Et c’est grâce à des cordes que nous aidons les personnes à traverser. C’est dangereux.»

 


Sa belle-sœur Nazreen Emankhan le sait. À l’abri de l’averse chez elle, elle attend que ses petits rentrent de l’école : «Je pense à mes enfants. Ce n’est pas safe. Il est temps que les autorités prennent les mesures appropriées.» Mais il faudra patienter encore un peu avant qu’une route temporaire soit aménagée et que le pont soit réhabilité ou reconstruit. En attendant, le VVIP est sous haute surveillance…

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