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19 octobre 2020 13:59
Elle s’en souvient comme si c’était hier. Au mois d'avril 2019, en prenant son bain, Sarah-Lee Merite découvre une grosseur au niveau de son sein gauche. «La grosseur me gênait lorsque je prenais ma douche et m’habillais. Cela m’angoissait mais j’ai quand même mis deux mois avant de le dire à mes parents car, pour moi, parler de ses seins à ses parents était tabou.»
Deux jours après son vingtième anniversaire, elle subit une biopsie chirurgicale. «On m’a simplement dit que c’était pour enlever la grosseur car on ne pense pas qu’une fille de 20 ans peut avoir le cancer du sein.» Mais de son côté, la jeune femme décide de subir d’autres examens médicaux à Maurice mais aussi en Afrique du Sud. «Quand le diagnostic tombe, c’est un vrai bouleversement. Il y a la peur, l’angoisse. C’est l’inconnu, on n’a pas idée de ce qui nous attend réellement», confie-t-elle.
Sarah-Lee est donc confrontée à ses premières séances de chimiothérapie. «J’ai débuté avec la chimio rouge. Dès la deuxième séance, j’ai commencé à perdre mes cheveux. Pendant cinq jours, je n’avais pas pu manger alors que j’étais malade et je vomissais. Mais je m’accrochais.» Toutefois, Sarah-Lee se heurte à un nouvel obstacle. «Je pensais que tout allait dans le bon sens par rapport au traitement. De nouveau en Afrique du Sud après les quatre séances de chimio rouge, je pensais que je subirais une opération pour la grosseur et que c’était bon. Mais on m’a appris que je devais maintenant avoir recours à la chimiothérapie blanche.»
De retour à Maurice, la jeune femme a recours à 16 séances de chimiothérapie. «Mes cheveux repoussaient à peine qu’ils chutaient de nouveau. Je me réveillais toutes les 15 minutes dans la nuit pour vomir. Par moments, j’avais la diarrhée et le vomissement, et parfois, c’était la constipation. C’était donc une double douleur au ventre.» À cette souffrance physique s’ajoute la douleur émotionnelle. «Je n’ai jamais ressenti ou été témoin d’un tel tourment émotionnel et physique avant cela. Il y avait des jours où je n’arrivais pas à parler pour dire à ma maman où j’avais mal. Mais le pire, c’est de devoir aussi faire face aux commentaires de son entourage. On me faisait remarquer que je perdais du poids. Par moments, j’avais aussi des questions indiscrètes. J’avais l’impression qu’il était écrit ‘‘cancer’’ sur mon front.»
Mais battante dans l’âme, Sarah-Lee apprend à faire fi de toute négativité et se concentre sur son combat contre ce cancer venu bouleverser sa vie. «Quand j’ai arrêté de vomir, quand j’ai repris du poids, quand mon corps m’a permis de recommencer à faire du sport et de retrouver petit à petit ma vie, cela a été magique. Peu de temps après, j’ai eu recours à une tumorectomie au lieu d'une mastectomie afin d’enlever la grosseur, m’offrant ainsi une dernière chance d’être une femme.»
Aujourd’hui, cette passionnée de sport, étudiante en Training, Coaching and Exercise à l’Université de Technologie de Maurice et qui exerce à temps partiel comme prothésiste ongulaire, a choisi de profiter de la vie et d’être consciente de la chance énorme qu’elle a eue dans ce malheur. Mais en parallèle, elle suit un traitement hormonal et à base d’herceptin afin d’éviter que le cancer récidive. «C’est uniquement lorsque nous perdons quelque chose que nous réalisons sa valeur. Mais aussi, ce n’est que lorsque nous sommes diagnostiqués d’une maladie que nous commençons à vivre. Il faut changer cela. N’attendez pas ce jour où tout basculera pour prendre le risque de vivre vos rêves.»
Malgré la situation alarmante, le cancer du sein reste un sujet tabou. C’est pourquoi, Sarah-Lee a décidé de partager son histoire. La jeune femme a ainsi créé sa page Instagram, Sarahlee_chemo_diary, un carnet virtuel empreint de sagesse, d’expérience enrichissante et douloureuse mais aussi d’espoir… Elle y parle, sans filtre, de son combat contre le cancer du sein et de sa reconstruction. «Oui, c’est osé, diront certains. Mais dès le début, je savais qu’il y avait une raison pour laquelle j’ai été choisie pour affronter le cancer. Nous avons tous quelque chose de précis à accomplir sur terre. Je me suis dit je ne quitterais pas ce monde sans avoir eu un impact positif sur la nouvelle génération. Mon cancer a été l’élément déclencheur. J’ai commencé à faire des vidéos de motivation. Le nombre de followers n’était pas un problème pour moi car j’aimais simplement ce que je faisais. Mon diary sur Instagram a non seulement était un moyen pour moi de m’exprimer mais aussi de me faire oublier la solitude qui me hantait, surtout quand j’étais en Afrique du Sud.» Sara-Lee Merite affirme que parler de son combat est un moyen «d’avoir du courage pour ne rien lâcher». Mais c’est aussi une façon pour elle d’utiliser son histoire pour inspirer les autres. «Peu importe la maladie ou l’obstacle qui apparaît dans notre vie, on peut y arriver.»
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