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17 juin 2014 17:21
Des consultants de KPMG seront bientôt à Maurice pour rencontrer les Chagossiens. Quel est l’objectif ?
Ces rencontres font suite à la décision du gouvernement britannique d’entreprendre une étude de faisabilité concernant le retour de la communauté chagossienne sur ses terres. L’année dernière, en décembre, le gouvernement britannique a annoncé qu’il entamera des procédures pour que cette étude soit faite par des consultants indépendants autour de la question du retour aux Chagos, y compris à Diego Garcia. Cela nous a alors beaucoup étonnés. Car, auparavant, il n’était pas question d’un possible retour sur l’île de Diego Garcia. Jusqu’à présent, seules les îles de Peros Banhos et Salomon étaient concernées.
Pouvez-vous nous en dire plus sur cette démarche ?
Les consultants de la firme KPMG de l’Angleterre ont eu la mission d’entreprendre cette étude de faisabilité dans l’éventualité d’un retour de la communauté sur ses terres. Ils ont effectué une première visite aux Chagos et là, ils sont en consultation avec tous les stakeholders. Dans ce sens, la communauté chagossienne ne va pas laisser passer l’occasion de dire ce qu’elle a à dire. Si on ne répond pas présent et si nous ne participons pas à cette étude, le gouvernement britannique peut plus tard venir dire que les Chagossiens n’ont exprimé aucune volonté de trouver une solution sur la question d’éventuel retour sur les îles. C’est pour cette raison que nous entamons une série de rencontres. Le Groupe Réfugiés Chagos, l’instance la plus structurée pour militer en faveur de la cause chagossienne, a commencé tout un travail dans le cadre de cette étude.
Par exemple ?
Nous avons ainsi mis sur pied un comité élargi où nous incluons des gens, non seulement des personnes de notre comité exécutif, mais aussi des jeunes de l’université, des scientifiques, bref tous ceux qui ont à cœur la cause chagossienne et qui pourraient nous donner des avis et des conseils.
Nous avons donc, ce dimanche, une première session de travail qui se déroulera sous forme d’une journée de réflexion, dans nos locaux, à Pointe-aux-Sables. Nous allons ainsi évoquer plusieurs sujets car nous voulons vraiment bien nous préparer à rencontrer les consultants. Ils seront à Maurice du 20 au 24 juin et deux rencontres sont prévues avec eux.
De quoi allez-vous parler lors de votre rencontre d’aujourd’hui ?
Cette rencontre et cette discussion sont importantes car, si jamais le droit de retour est accordé, on veut savoir qui seront entitled. On ne veut pas qu’il y ait un deuxième exil et que certaines personnes puissent avoir le droit de regagner les îles alors que d’autres non. Pour nous, tous ceux qui ont un lien avec les Chagos doivent avoir le droit d’y retourner.
Quand le gouvernement anglais a accordé la nationalité britannique aux Chagossiens, il y a eu de grandes ambiguïtés. Par exemple, certaines personnes ont droit à la nationalité alors que d’autres non. On veut éclaircir tous les points en cas d’éventuel retour.
L’autre point que nous voulons soulever, c’est le cas des natifs des Chagos. Comme la plupart d’entre eux ont plus de 60 ans, nous voulons savoir s’ils auront droit à une pension là-bas au cas où le droit de retour est accordé. On voudrait également savoir qui va délivrer ces pensions.
Pourquoi tenez-vous à ces rencontres avec la communauté ?
Elles sont importantes car nous voulons montrer aux consultants qu’il n’y a pas que l’argent qui nous intéresse. Avec eux, on veut parler de nos idées ou encore de nos projets une fois aux Chagos, comme le développement des îles et des infrastructures. Nous avons un projet de développement en tête et nous voulons l’exposer aux consultants anglais.
Quelles sont vos suggestions ?
Nous voulons, par exemple, parler de l’exploitation de l’industrie du copra. Nous sommes en présence de trois rapports d’experts qui parlent de la rentabilité de cette industrie et de sa viabilité. On veut démontrer qu’on n’a pas juste en tête le rêve de retourner aux Chagos, mais que les Chagossiens ont aussi des idées et des projets pour développer les îles. Nous voulons aussi leur soumettre notre plan de développement eco-friendly, c’est-à-dire un projet pour développer l’île tout en étant en phase avec la nature et l’environnement des îles, afin qu’elles conservent leurs spécificités.
Comment comptez-vous vous y prendre pour que toute la communauté chagossienne participe à cet exercice ?
Une Assemblée générale est prévue le 22 juin. Là, les Chagossiens seront invités à s’exprimer devant les consultants. Nous convions toute la communauté de 10 heures à midi, au centre Lisette Talate, à Pointe-aux-Sables. Tous auront l’occasion d’exprimer haut et fort leur ressenti et de faire leurs propositions aux consultants.
Ces derniers travaillent par étape. Dans un premier temps, ils veulent savoir combien de personnes ont envie de retourner aux Chagos. Ils veulent aussi avoir une idée de nos interrogations sur le sujet. Dans un deuxième temps, ils reviendront avec un dossier pour, par exemple, informer la communauté sur les coûts d’un éventuel retour. Dans un troisième temps, ils soumettront un rapport final.
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