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Parlement : contestation et collaboration «time»

31 août 2015

L’équipe de Sir Anerood Jugnauth devra se préparer aux critiques. Mais pas que, visiblement !

Les confrontations étaient dispersées. Par conférences de presse interposées. Ou petites phrases assassines dans la presse. Pour les adeptes des croustillantes pistaches (get sinema, manz pistas), le show est de retour. Ils font leur come-back après quelques mois de congé, de drames évités et de koz koze avortés ou reportés. La rentrée parlementaire est prévue le mardi 1er septembre. Dans l’arène, là où se tâte le pouls des alliances et des mésalliances : les désirs de rapprochement concrétisés par des murmures d’approbation et des silences de consentement, et les soupirs contrariés suivis de piques amères. Le spectacle reprend et le premier acte se joue avant l’entrée en scène, avant que les rideaux ne s’ouvrent.

 

Pour l’instant, on se toise, on bombe le torse, on affirme sa force et sa popularité. Chamaillerie de politiciens avant le grand acte. Enfin presque : l’envie d’en découdre a été mise K.O. Le désir de «faire avancer» a gagné le pré-match, l’Alliance Lepep surfe sur cette vague et se prépare à passer un test de plus… dans la sérénité. Faire face aux critiques et aux questions intempestives. Faire le bilan de huit mois de gestion, prendre fait et cause pour les décisions prises. Se défendre, expliquer et partager. Du côté des Lepep, on ne se fait pas de souci : «Le travail est fait. Et nous le faisons dans l’intérêt du pays. Donc, je ne vois pas ce qu’on pourrait nous reprocher», confie un député du MSM. Même son de cloche du côté du PMSD et du Mouveman Liberater. Seule l’ombre d’une rumeur de rapprochement entre le MMM et le MSM pourrait assombrir cette rentrée.

 

Palab que Paul Bérenger, leader du MMM et de l’opposition, a vite démentie. D’ailleurs, il l’a dit cette semaine : la situation est catastrophique, économiquement et socialement, le pays n’a jamais connu une telle déroute (et les élections générales sont pour bientôt ?). Alors, le MMM est prêt à croiser le fer avec l’Alliance Lepep et à dénoncer toute dérive. «Le gouvernement gère mal de très nombreux dossiers. Nous frapperons fort et nous ferons notre travail», confie Reza Uteem.

 

Ce parti de l’opposition ne lâchera pas le gouvernement sur des questions cruciales : l’économie, la politique énergétique, le chômage, la relance de l’agriculture et la sécurité alimentaire, entre autres. Par contre, quand il le faudra et sur certains dossiers, le membre du MMM affirme que le parti pourra apporter son soutien au gouvernement : «Sur le Nine-Year Schooling et le dossier des Chagos, par exemple.» Ça sent la bonne volonté… et le rapprochement ? Pas du tout, assure-t-on du côté des Mauves. Travailler pour l’avancement du pays, cela ne veut pas dire vouloir s’encanailler avec la bande à Lepep. Les rumeurs d’une flamme entre le MMM et le MSM ont d’ailleurs été vite éteintes au Karcher par Paul Bérenger

lui-même.

 

Mais l’expérience des coups de jet glacials du leader du MMM fait forcément douter de ses paroles. Néanmoins, au MSM, le cœur des Mauves n’intéresse personne : «Je ne sais pas ce qui se décide en haut lieu, mais je ne pense pas que le MMM ait sa place avec nous», explique un député orange. Du côté du PMSD, on rit à cette pensée : «Ce ne serait pas la meilleure des décisions. Ça changerait complètement les rôles au sein de ce gouvernement. Je reste persuadé qu’on est house full», confie un conseilleur bleu. House Full ! Même pas une petite place pour Alan Ganoo et son Mouvement patriotique !

 

Ce dernier-né des partis politiques a décidé de s’engager dans un scénario déjà connu et déjà joué par le MSM dans un passé pas trop lointain, celui de l’opposition loyale : «Nous faisons partie de l’opposition. Néanmoins, nous voulons faire une opposition constructive et non démagogique.» Au niveau du Labour Party, on parle également d’apporter sa pierre à l’édifice dans l’intérêt du pays, de travailler avec le gouvernement sur des projets qui amélioreront le quotidien des Mauriciens. Mais, bien sûr, il est aussi question d’élever la voix. «Si certaines décisions ne vont pas dans le bon sens», précise Ritish Ramful, député du PTr.

 

 Les premières minutes du spectacle paraissent bien ternes (à l’exception du flamboyant Paul Bérenger, l’épice incontournable de tout événement politique). Les discours sont rodés et consensuels. «Pour l’instant, les partis de l’opposition sont en construction ou en reconstruction, ils ne peuvent s’attaquer de front à la populaire alliance au pouvoir. Ils attendent le moindre faux pas», explique un observateur politique proche du pouvoir. La popularité, c’est donc comme les paillettes. Quand on se frotte à quelqu’un qui en a, il y a forcément quelques glitters qui changent de propriétaire. Pour d’anciens politiciens, et ex-membres des gros blocs politiques, les partis de l’opposition sont en mode rod enn bout. Pour d’autres, ces derniers ont compris que la politique se devait de changer à Maurice.

 

«Se servir du Parlement pour avancer, apporter sa contribution, même si on est au sein de l’opposition : voici le nouveau message que certains veulent apporter», explique un ancien membre du MMM. Serait-ce possible ? Le désir de collaboration, au-delà de l’envie du pouvoir, permettrait-il de faire souffler au Parlement un esprit nouveau ? Les confrontations seront-elles utiles, constructives ? Ou simplement vindicatives ? Début de réponse mardi.

 


 

Question time

 

Au menu de la séance parlementaire de ce mardi 1er septembre : du croustillant, du réchauffé et du piquant. Pas d’entrée ni de dessert, c’est plat principal indigeste pour tout le monde : le traité de non-double imposition entre Maurice et l’Inde, l’affaire BAI et le montant à payer aux anciens Special Administrators, le financement des partis politiques, les résultats de la visite d’Heman Jangi en Italie où se trouve Nandanee Soornack, entre autres.

 

Une rentrée, des projets de loi

 

Le Police and Criminal Evidence Bill, le Declaration of Assets Bill, le bill pour la lutte contre la corruption… Ces projets de loi sont très attendus. Seront-ils à l’agenda ? Les prochaines semaines seront décisives.

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