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Patrick Belcourt, leader d’En Avant Moris : «Cette colère populaire s’exprime parce que les mesures gouvernementales ne tiennent pas compte de la désespérance des plus faibles...»

25 avril 2022

Comment analysez-vous ce qui s'est passé ces derniers jours dans le pays ?

 

Ce qui s’est passé ce mercredi 20 avril à Camp-Levieux – et qui s'est propagé dans d'autres régions – ne peut être considéré isolément. La colère populaire s’exprime de plus en plus à l’encontre des membres du gouvernement, des PPS, des maires et autres élus. Cette colère populaire s’exprime parce que les mesures gouvernementales ne tiennent pas compte de la désespérance des plus faibles au plan économique, ni du désarroi de ceux qui s’accrochent en jonglant avec un salaire dérisoire qui ne leur permet même pas d’éponger leurs dettes. Cette colère populaire s’exprime aussi parce que nous avons une opposition parlementaire qui ne parvient pas à faire entendre efficacement ces voix désespérées aux élus de la majorité.

 

Quel est le mood des habitants de Camp-Levieux, là où tout a commencé ? 

 

Quand j’écoute les plus démunis de Camp-Levieux, j’entends George Floyd qui supplie pour qu’on le laisse respirer. Le ministre Padayachy se trompe lourdement s’il pense que cela fait moins mal d’écraser le cou du malheureux parce qu’il se donne à voir avec ses savates-dodo. Nous venons tous deux du monde de la finance, mais le gars est incapable de comprendre qu’il faut en priorité s’occuper de ceux qui n’en peuvent plus. Il l’a démontré lors du premier confinement et je me souviens avoir écrit pour dire qu’il fallait des mesures pour ceux qui vivent des petits boulots. Encore heureux que le gouvernement soit venu ensuite avec le Wage Assistance Scheme, entre autres. 

 

Comment interprétez-vous la grogne de ces citoyens ?

 

Il n’y a pas que la hausse du prix du carburant et du gaz. Il y a un ensemble de décisions du gouvernement qui pousse les gens à bout. Comme le fait de repousser les élections municipales alors que la population des villes ressent le besoin de s’exprimer sur ce qui fait leurs réalités. J’ai déjà évoqué le financement sans restrictions des projets des PPS tandis que les élus des collectivités locales n’ont que le budget pour ramasser les ordures. Et on connaît le résultat : souvenez-vous de la déconfiture de Tania Diolle quand on a eu à faire face aux inondations. Elle a échappé de justesse au traitement réservé au ministre Ganoo à Chemin-Grenier. Donc, devrait-on s’étonner que les élus de Plaine-Magnien réagissent aussi face à ce type de traitement ?

 

Il y aurait eu une soupape de sûreté si l’opposition extra-parlementaire pouvait représenter une alternative. Mais celle-ci peine à s’organiser, d’une part, parce qu’elle est animée surtout par des éléments populistes qui exploitent les frustrations populaires pour se faire valoir auprès des formations traditionnelles. D’autre part – et c’est notre cas –, poser des approches plus structurées requiert du financement et c’est difficile quand on veut un financement propre. On peut ainsi réaliser que le peuple estime qu’on lui a coupé tout recours et que, pour s’exprimer, il lui faut descendre dans la rue. C’est sain pour la démocratie quand c’est une démarche organisée, mais tout peut basculer quand cela tourne au seul rapport de force avec la force policière.

 

Quels sont vos sentiments par rapport à ce qui se passe actuellement ?

 

J'ai peur pour mon pays. Car, il ne me semble pas que la majorité gouvernementale ait l’aptitude et la culture pour gouverner un État démocratique. Tout ce qui semble intéresser les membres du MSM, ce sont les défections qu’ils parviennent à susciter chez le MMM. Ceux que le gouvernement prive du nécessaire font comprendre qu’ils ne sont pas prêts à permettre aux partis politiques de poursuivre leurs enfantillages partisans.  L’heure est grave. Les gens sortent de deux confinements, et aujourd’hui il y a la guerre qui affecte notre économie. Si le gouvernement ne fait pas preuve de responsabilité, on va hériter d’un soulèvement populaire d’une ampleur inouïe.

 


 

Christopher Durhone, habitant de Camp-Levieux et membre d’En Avant Moris : «Le peuple se révolte pour une île Maurice meilleure...»

 

«La classe moyenne arrive à peine à subvenir à ses besoins alors que d'autres personnes n'arrivent même plus à vivre... C'est fou ! Tous les prix montent de jour en jour mais les salaires restent les mêmes. Comment une famille de quatre à cinq personnes peut vivre de nos jours si une seule personne parmi travaille ? C'est presque impossible. Le peuple se révolte pour une île Maurice meilleure...»

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