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16 décembre 2019 11:08
10 décembre 2019. Si cette date marque la Journée internationale des droits humains, elle symbolise aussi une victoire pour la communauté chagossienne. Ce jour-là, le séga tambour des Chagos a été inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco à Bogota, en Colombie, lors de la 14e session du comité intergouvernemental de sauvegarde de l’héritage culturel immatériel. Une délégation mauricienne, composée d’Avinash Teeluck, ministre des Arts et du patrimoine culturel, Olivier Bancoult du Groupe Réfugiés Chagos, et de Shivajee Dowlutrao, Officer-in-Charge du National Heritage Fund, s’y était rendue. Tous sont animés par un sentiment du devoir accompli.
Mimose Furcy, 64 ans, chanteuse et fondatrice du Group Tanbour Chagos, ne peut contenir sa joie. «Cela fait 20 ans que je m’occupe du groupe. Le fait de savoir que notre séga tambour a eu une telle reconnaissance est une joie et une fierté indescriptibles. Pourtant, je ne croyais pas trop à cette victoire car on avait dit que le dossier allait être renvoyé.» Pour notre interlocutrice, la motivation du Group Tanbour Chagos a toujours été de s’assurer que la transmission de la culture chagossienne perdure. «Cet accomplissement est une autre manière de valoriser et de faire reconnaître la culture et la langue chagossienne. C’est aussi la reconnaissance de notre lutte qui dure depuis des années et un hommage à nos aïeuls.»
Même si le séga tambour des Chagos a été inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, le combat pour la reconnaissance de cette musique ne s’arrête pas là. «Je chante le séga tambour des Chagos depuis mes 13 ans et j’ai écrit de nombreuses chansons mais beaucoup se les sont appropriées car nous n’avons pas d’encadrement pour évoluer dans ce domaine. Mais le groupe organise souvent des activités où nous avons des échanges entre anciens et jeunes autour des talents et du savoir-faire musical, culinaire et linguistique des Chagos. Nombreux sont ceux qui veulent apprendre notre culture et nos traditions. Une reconnaissance mondiale de notre culture assure la continuité», confie Mimose Furcy qui a eu la chance de faire deux albums, Tanbour Chagos, sortis en 2002 et en 2018.
Partager la culture chagossienne, la valoriser, c’est aussi une cause pour laquelle se bat Madeline Mungrah, née de parents chagossiens. «Je suis de la deuxième génération et j’ai eu la chance de découvrir les multiples facettes de notre culture. Pour moi, elle a toujours été ancrée en moi, il fallait juste la nourrir», confie la jeune femme. «Donc, le fait que notre séga tambour ait été inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, c’est une victoire pour nous. Nos chansons racontent la souffrance de notre peuple, ses souvenirs, ses rêves et son quotidien. Avec cette reconnaissance, notre musique prendra une nouvelle dimension.»
Madeline Mungrah fait partie de celles qui ont fièrement représenté la communauté chagossienne lors du Festival Kreol à Rodrigues. «C’est une joie de pouvoir vivre ces moments avec les plus anciens et de porter notre culture un peu partout. Cette année, le festival était magique car la joie était doublement plus grande avec la bonne nouvelle. Nous disons toujours que, pour danser sur le séga tambour des Chagos, les pieds doivent rester collés au sol et pouvoir tourner comme une toupie mais le jour du festival, notre cœur aussi faisait la toupie tellement il était content.»
Les résultats des élections générales en Grande-Bretagne ont laissé un goût amer aux Travaillistes de Jeremy Corbyn. À l’issue du scrutin organisé le jeudi 12 décembre, le parti a subi une de ses plus importantes défaites depuis des décennies, face au parti conservateur de Boris Johnson. Une défaite qui est aussi difficile à digérer pour la communauté chagossienne qui perd ainsi un de ses principaux alliés dans sa lutte pour un retour sur les Chagos.
«Je participe à la campagne Chagos depuis très longtemps», avait confié Jeremy Corbyn dans The Guardian. «Ce qui est arrivé aux insulaires des Chagos est tout à fait honteux. Ils ont été expulsés de force de leurs propres îles... Le droit de retour dans ces îles est absolument important... Alors oui, nous allons le réaliser.»
Ses propos étaient un souffle d’espoir pour les Chagossiens. Car Jeremy Corbyn s’était engagé à renoncer à la souveraineté britannique sur les îles Chagos et à respecter un vote de l’Onu demandant que l’archipel soit restitué à Maurice.
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