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28 février 2022 13:58
Vivre selon ses préceptes. Faire preuve de piété et de sacrifice pour le vénérer et implorer sa bénédiction. C’est dans cet état d’esprit que les dévots ont entamé leur pèlerinage vers Grand-Bassin dans le cadre du Maha Shivaratri, célébration religieuse en l’honneur de Lord Shiva, connu pour être, selon la mythologie hindoue, le dieu suprême, créateur du monde qui apporte bienfait et bonheur. Le mardi 1er mars, la communauté hindoue procédera à ce qu’on appelle la grande nuit de Shiva, point culminant de plusieurs jours de jeûne, de prière, de dévotion et de sacrifice.
Cette année, Covid-19 oblige, les pèlerins sont moins nombreux sur les routes. Pour limiter les risques de propagation du virus, ils ont formé des petits groupes. Certains ont même choisi de faire des kanwars individuels et d’autres ont préféré effectuer leur pèlerinage avec des semaines d’avance. C’est le cas d’Avish Teeluck de Morcellement St-André. Une fois encore, ses amis et lui ont été les premiers à arriver à Grand-Bassin. Fidèles disciples de Shiva, ils sont connus comme les Shiv Bhakts, les dévots de Mahadev. C’est en groupe de dix qu’ils ont marché vers le lac sacré le 29 janvier. «Nous étions les premiers à arriver à Grand-Bassin le 30 janvier. Nous avons choisi de partir tôt pour éviter la foule en ces temps de crise sanitaire. Nous avons tout fait pour respecter le protocole.»
Pour lui, ce pèlerinage est indispensable à sa vie spirituelle. «Le Padh Yatra, nous devons le faire pour nous éloigner de la négativité et prendre le chemin de la positivité. Nous devons le faire de manière inconditionnelle, sans rien attendre en retour de la part de Dieu. Vous devez faire de votre mieux et laisser le reste entre les mains de Mahadev qui a déjà tout planifié. Nous devons nous abandonner à sa volonté.» Désormais, le jeune homme se prépare pour la grande nuit de Shiva. «C’est l’union de Shakti et Shivji. Jeûner ce jour-là est très important car ça va nous libérer du mauvais karma. Nous devons le servir, et cela de manière inconditionnelle.»
L’année dernière, face à la situation sanitaire dans le pays et alors qu’ils avaient déjà entamé les préparatifs pour la confection de leurs 30 kanwars individuels, les membres de l’Ecroignard Socio Cultural Group avaient pris la décision d’annuler leur pèlerinage. Cette fois, ils ont pu se rendre à Grand-Bassin en respectant toutes les mesures sanitaires. «Nous sommes 15 personnes fully-vaccinated à avoir marché jusqu’au Ganga Talao. En plus d’être un groupe réduit, nous n’avons pas pris les moins de 18 ans et y sommes allés avec deux semaines d’avance», explique Viki Fokeerchand. Ensemble, ils ont marché en file indienne, respectant la distanciation sociale, faisant en sorte de changer leur masque et de se laver les mains régulièrement.
Cette fois, confie Mayoor Sobron, l’ambiance était bien différente des années précédentes. «Il n’y avait personne sur la route et à Grand-Bassin pour accueillir les pèlerins. Heureusement, on s’était déjà préparés. On avait emmené notre trousse médicale, nos chaises et notre trampoline pour nous reposer, et notre nourriture.» Le groupe de marcheurs a ainsi pu vivre un pèlerinage dans les meilleures conditions possibles malgré les circonstances. «Pour nous, ça représente beaucoup. Pendant ces deux jours de marche, on se détache du monde matériel pour se concentrer sur le spirituel. On prie pour nous, pour notre famille, notre communauté, notre pays.»
À Palma, les membres du temple Brindaban Sarvajanik Mandir, explique Mithesh Soobarah, ont également fait les choses différemment. «Nous apprenons très jeunes l’importance de cette fête. Jusqu’à récemment, nous avions l’habitude de construire des grands kanwars avec des statuettes sur chariot mais depuis quelque temps, nous avons opté pour la formule traditionnelle qui, selon nous, est plus jolie et ne cause pas de problème sur la route. Cette année, nous attendions avec ferveur cette grande fête mais malheureusement, la Covid a encore chamboulé les préparatifs.»
Ainsi, cette année, comme beaucoup, ils ont décidé d’effectuer leur pèlerinage plus tôt que d’habitude. «Nous avions décidé de sortir le samedi 12 février à quelques personnes seulement après avoir fait une prière au temple. C’était une belle expérience comparé aux années précédentes. La marche s’est faite en toute tranquillité car il n’y avait pas de monde sur la route. Une fois à Grand-Bassin, nous avons fait notre prière pour ensuite reprendre la route en ramenant l’eau sacrée qu’on va verser sur le shivling lors de la grande nuit de Shiva», souligne Vimal Booluck qui espère qu’ils pourront retrouver leurs habitudes et leurs traditions l’année prochaine.
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