Publicité
25 mai 2017 14:20
Elle a du cran. En fauteuil roulant depuis huit ans, Hewlett Nelson n’a jamais changé ses habitudes malgré son handicap. Pourtant, l’existence de cette habitante de Plaisance, Rose-Hill, très engagée dans la vie active,a pris une tournure inattendue en 2012. Le 6 janvier de cette année-là, l’accès à une boîte de nuit lui est refusé. «Sa pa pou rantre sa»,lui aurait lancéun agent de sécurité, avant que le patron de la boîte ne balance lamême réplique. «On m’a lancé cette phrase avec tellement de mépris. C’était la première fois de ma vie que je me sentais humilié», confie Hewlett Nelson.
Cette dernière décide alors de déposer une plainte devant la Commission de l’égalité des chances qui lui donne gain de cause dans un premier jugement. Celui-ci sera toutefois renversé par la Cour suprême après que le gérant du night club ait fait appel du jugement. Mais le jeudi 11 mai, Hewlett Nelson a finalement remporté son combat. «Le gérant doit me dédommager. La lutte a été longue. Mais j’ai remporté la bataille. Je ne l’ai pas fait uniquement pour moi mais pour toutes ces personnes handicapées, surtout les jeunes. Pour qu’ils n’aient pas à vivre cela. C’est une affaire qui peut faire jurisprudence.»
Hewlett Nelson est toutefois consciente que la lutte ne s’arrête pas là. «Les bâtiments nouvellement construits ne respectent pas toutes les normes établies par le gouvernement afin de faciliter l’accès aux personnes handicapées. Il n’y a pas de rampe, rien. Idem dans certaines banques. C’est inadmissible !»Le mercredi 17 mai, par exemple, un policier de la Traffic Branch Unit aurait pris son fils en contravention alors que ce dernier était stationné sur un parking réservé aux personnes handicapées. «J’étais en compagnie de mon fils et de deux autres personnes handicapées à Port-Louis. Mon fils s’est garé afin que nous puissions descendre du véhicule. Cela nous aurait pris dix minutes. Ensuite, il serait allé se garer ailleurs car je n’avais pas mon pass du ministère en ma possession pour avoir accès à ce parking.»
Sauf qu’au même moment, «un policier s’est dirigé vers nous et a exigé le passen question. J’ai expliqué la situation mais il nous a quand même servi une contravention alors qu’il voyait bien que j’étais handicapée», explique cette dernière qui a décidé de faire part de cette affaire au commissaire de police.
Pour Yasseen Edoo, membre de Partnership Leader of Young Voices Mauritius, l’accessibilité est un problème majeur pour les handicapés à Maurice. Par exemple, dit-il, l’arrivée des autobus semi-low floor dans l’île n’allège en rien le déplacement de ceux qui sont en fauteuil roulant. «Il n’y a pas de rampe pour qu’on puisse monter dans l’autobus. D’ailleurs, nos infrastructures routières ne sont pas adaptées pour accueillir des autobus low-floor. De ce fait, les bus pass ne servent à rien. Car pour chaque déplacement, il faut compter sur le taxi.»
De plus, fait-il ressortir, les parkings pour handicapés dans les lieux publics, comme les hôpitaux, sont souvent utilisés par les cadres. «Je me suis confronté à ce genre de situation à plusieurs reprises. Ces gens-là doivent aussi prendre mon handicap lorsqu’ils prennent ma place de parking», se révolte Yasseen Edoo.
Sajid Dauhoo souffre, lui, de surdité. Il milite pour que toutes les personnes handicapées aient droit à une éducation inclusive. «Des infrastructures pédagogiques, permettant l’intégration complète des étudiants en situation de handicap, manquent cruellement. Il est grand temps que les ministères de l’Intégration sociale et de la Sécurité sociale prennent des actions concrètes afin de corriger les injustices qui existent dans notre système.»
Entre-temps, le Disability Bill, censé apporter du changement dans la vie des personnes handicapées,se fait toujours attendre.
Publicité