100 % Citoyens : s’engager, avant tout
Il y a des raisons qui poussent à s’investir. À donner de son temps, de sa réflexion, de son envie, de ce que l’on est pour faire bouger les choses. C’est pour ça qu’Yvan Luckhun s’est présenté pour les Primaires Citoyennes du parti 100% Citoyens. Depuis, il en est le leader-adjoint et voit loin. Au-delà des prochaines législatives, auxquelles le nouveau parti souhaite participer. «C’est l’objectif, mais nous voyons aussi plus loin», confie-t-il, en assurant que le but est de construire l’équipe «sur le long terme». Pour l’instant, il faut travailler sur les fondations d’un parti, lui donner sa substance, son âme, ses idées, pour qu’il fédère le maximum de gens, qu’il créé un sentiment d’appartenance, une envie de suivre, un désir de croire. C’est sur ces bases que le travail a commencé avant même le lancement officiel de 100% Citoyens, il y a quelques jours…
Mais déjà, les objectifs sont là : «Se concentrer sur les priorités.» Serait-ce possible d’en savoir plus ? Pas pour l’instant. 100% Citoyens veut ficeler à 100% son projet avant d’en dire plus. «On a planifié quelque chose pour le mois de mai : une fois par semaine, il y aura quelque chose. Avec des intervenants, pour expliquer et débattre, dépendant de la problématique.» Yvan Luckhun souhaite que les choses se passent avec sérieux et précision. Ce n’est pas le moment de faire des erreurs. Lui qui a été activiste pendant de nombreuses années, il connaît l’importance du timing. Habitant Albion, il s’est d’abord lancé contre le Petroleum Hub avant de comprendre que son engagement pouvait prendre une autre route plus grande, plus nationale. «En combattant ce projet, j’ai compris que le problème était plus grand, plus profond.» L’accaparement des plages, la gestion catastrophique de nos ressources, les passe-droits, entre autres, demandent des prises de position fortes pour renverser la tendance. «Se battre pour des causes, c’est bien. C’est nécessaire. Mais prendre les décisions, c’est encore mieux ! Ça éviterait au citoyen de manifester et de faire des grèves de la faim.»
Pour 100% Citoyens, les Mauriciens doivent reprendre leur droit à la parole et à celle de prendre des décisions. Et pour ça, il n’est pas question d’une philosophie de parti, mais d’une vision pragmatique de ce que peut apporter la politique : «Notre but, c’est d’être la voix du citoyen. On s’attend à ce que les politiciens trouvent des solutions pour nos problèmes de tous les jours et à long terme. Et ils le font sans consulter le citoyen. Pourtant, ce serait la première chose à faire : écouter la voix de ceux concernés.» 100% Citoyens est, donc, composé de «citoyens ordinaires qui veulent faire entendre la voix des citoyens». Et le manque d’expérience politique n’est pas une faiblesse, bien au contraire, poursuit Yvan Luckhun.
Parce qu’exister sur la scène politique actuelle alors qu’on vient de débarquer, ce n’est pourtant pas évident. Nombreux sont ceux qui n’ont pas tenu le rythme. Alors comment avoir une force de frappe ? «Il y a le dégout des partis traditionnels, alors c’est plus facile pour les nouveaux d’émerger. Ensuite, c’est avec le soutien de la population que nous aurons une force de frappe. Nous sommes un petit groupe qui veut tenter sa chance, qui veut en offrir une autre au pays. Je pense que les gens sont sensibles à cela.» Yvan Luckhun ne voit pas les difficultés, dit-il, il voit les solutions, les possibilités de faire bouger les choses. Pour faire entendre et connaître 100% Citoyens, il mise sur «l’effort et le travail». Mais aussi, les possibilités qu’offrent les réseaux sociaux. Il espère que les médias suivront : «Nous espérons le même soutien que les journalistes donnent aux partis traditionnels.»
Car 100% Citoyens a décidé, dit-il, de s’investir durablement. Et de s’engager, surtout.
La Plateforme sociale curepipienne : pour une politique de proximité
Nicolas Jummun parle d’un désir.
Comment faire bouger les choses ? La question est celle des activistes de la Plateforme sociale curepipienne, petit mouvement régional, qui a des prétentions législatives, et qui souhaite faire de la politique autrement. Alors avec quelques amis, Nicolas Jummun a lancé ce mouvement : «Nous sommes animés de bonnes intentions, c’est déjà un bon début», confie-t-il, assis dans le jardin de l’hôtel de ville, alors que la nuit tombe sur Curepipe.
Engagé, il a toujours trouvé un moyen d’aider les autres en difficulté. Organiser des levées de fond, tenir une main à ceux qui en avaient besoin. Dans le social. Mais aussi dans la politique. Puis vient le constat. Terrible, difficile : la politique comme on la pratique aujourd’hui ne vient pas en aide réellement. Elle masque les problèmes, en crée d’autres et laisse de plus en plus de personnes en dehors de son système de fonctionnement.
Alors, Nicolas Jummun et son équipe souhaitent faire les choses autrement. Construire un lien du citoyen au dirigeant, une politique locale, pour une approche de proximité : «Certaines circonscriptions ont bougé. Mais pas le pays tout entier.» Pour une politique inclusive pour tous. Et même pour ceux qui ont du mal à trouver leur place au sein de la société, les «laisser pour contre, les marginalisés», précise-t-il : «Des gens qui n’ont pas de toit, qui ne savent pas lire, qui restent dans leur galère.» Aider ces personnes, celles qui triment, qui se débattent, c’est souvent faire une rencontre avec l’administration et réaliser qu’elle n’est pas adaptée ; qu’elle ne facilite pas la vie. Bien au contraire. Des couacs au quotidien qui alourdissent la réalité des gens. Pourtant, il n’en faudrait pas beaucoup pour changer les choses : «Juste de la volonté. Le politicien doit être avant tout un travailleur social.»
La Plateforme veut en proposer des solutions. Elle veut participer à la vie sociale et décisionnaire. Mais elle ne peut exister légalement en tant que parti politique actuel. Ce que Nicolas Jummun dénonce : «Il est temps de changer ce système afin que nous puissions exister, nous faire connaître. Sans ça, les partis traditionnels auront toujours une longueur d’avance sur nous.» Il faut une élection pour qu’un parti puisse s’enregistrer et exister en tant que tel : «C’est un système qui ne vient pas en aide aux petits partis, qui manque de transparence. Le parti traditionnel peut obtenir des dons sans être inquiété par la MRA. Nous, non.» Ces difficultés d’exister quand on est «petit», qu’on débute, c’est une réalité pour la Plateforme. Mais Nicolas Jummun et les activistes qui travaillent pour les habitants de Curepipe ne baissent pas les bras : «Nous agissons. Quand il y a un avis de fortes pluies, par exemple, nous faisons un tour afin de nous assurer que les tontons vont bien.»
À l’Electoral Boundaries Commission, la Plateforme a soumis ses propositions pour un redécoupage électoral, avec un rééquilibrage des circonscriptions. Elle veut exister, elle souhaite qu’on lui donne l’espace nécessaire pour le faire. Au-delà de tout clivage politique, elle estime qu’il faut fédérer les intelligences et les compétences autour d’un gouvernement (plus que des élus traditionnels) afin de faire bouger le pays pour tous…
Parti Kreol Morisien : Le flou en attendant les précisions
Un peu dépassé. Il doit l’être. Edley Bergue (photo), fondateur du groupe Facebook Parti Kreol Morisien, a simplement eu une idée. Et a décidé de se lancer. Depuis, ce ne sont pas moins de 12 000 membres (au vendredi 19 avril) qui ont rejoint cette plateforme. Demain, le fameux lindi pak, nombreux sont ceux qui ont décidé de se réunir sur la plage de Flic-en-Flac pour exprimer leur attachement à une cause, celle de leur bann. Pour l’instant, si les propositions ne sont pas forcément claires, elles tournent autour de l’amélioration des conditions de vie – en termes de chances égales et de combat contre une certaine stigmatisation. Si l’engouement est là, les critiques également ! Ceux qui estiment qu’il s’agit d’un groupe qui met l’accent sur le kominalism se sont fait entendre. Néanmoins, d’autres estiment, qu’enfin, les «créoles» (dans le sens mauricien) se réunissent pour ne plus être un «depo fix». Contacté, Edley Bergue n’a pas souhaité s’exprimer sur son Parti Kreol Morisien, préférant remettre l’exercice à plus tard. «Je pense que c’est prématuré de s’exprimer. Tout ça est à un stage embryonnaire. Nous reprendrons contact. Nous n’avons que 15 jours d’existence.» L’ampleur du «phénomène» et un «rassemblement» prévu ne le pousseront pas à parler. «Ce n’est pas un rassemblement. C’est un pique-nique familial», précise-t-il.