Publicité

Plan Marshall : Haut les mains la pauvreté !

8 février 2015

C’est quoi ?

 


Il s’agit du Programme de rétablissement européen. Mais il est plus connu comme le plan Marshall. Pourquoi ? Parce que c’est le Secrétaire d’État des États-Unis, le général George Marshall, qui a parlé du désir des États-Unis de venir en aide financièrement à une Europe ravagée après la Seconde Guerre mondiale, afin qu’elle puisse se reconstruire. C’était en 1947. Aujourd’hui, quand on parle du plan Marshall, c’est pour évoquer une série de mesures prises, à titre exceptionnel, afin de régler un problème et limiter les déséquilibres.

 


 

 

 

Yash Ramchurn, Chairman de Smart Mauritius (association qui œuvre pour la scolarité des enfants dans le besoin)

 


Sur le plan. J’espère qu’il pourra aider à lutter contre les inégalités afin de garantir une vie décente à tous les Mauriciens.

 


L’école. Que les enfants finissent un cycle complet d’études primaire et secondaire. Il faut qu’à la fin de leur parcours scolaire, ils aient les moyens de trouver leur place sur le marché du travail.

 


Le salaire minimum, un «must». Les personnes pauvres, quand elles trouvent du travail, n’obtiennent que des salaires très bas. Alors, il serait nécessaire d’avoir un salaire minimum afin de s’assurer qu’il n’y ait plus de working poor. Ceux qui sont motivés, qui veulent travailler et qui sont prêts à faire des efforts doivent être récompensés. On ne peut pas se tuer au travail et ne pas pouvoir joindre les deux bouts au final.

 


Plus d’ouverture. Les organisations fonctionnent selon des paramètres. Néanmoins, il devrait pouvoir y avoir des exceptions – si elles sont justifiées. On ne peut pas refuser d’aider quelqu’un pour une question de chiffres. Comment une personne qui gagne Rs 6 505 serait moins dans le besoin qu’une autre qui gagnerait Rs 6 500 ? Les aides sociales doivent avoir un visage plus humain. À Smart Mauritius, nous avons sponsorisé 250 enfants. Comment se fait-il que la NEF et la Sécurité sociale n’aient jamais identifié ces familles-là ?

 

 


 

 

 

 

Rita Venkatasamy, directrice du CEDEM (Centre d’Éducation et de Développement pour les Enfants Mauriciens)

 


Sur le plan. Que ce plan ne soit pas élaboré par une élite intellectuelle uniquement. Il est nécessaire qu’il soit fait dans le cadre d’une démocratie participative. Avec les membres des ONG, mais aussi les premiers concernés. Il est nécessaire de leur demander ce qu’ils attendent.

 


Pour un toit décent. C’est la base même de la lutte contre la pauvreté. On ne peut pas la combattre sans un bon logement. Il faut que les familles qui sont dans le besoin aient un logement décent. Pas des boîtes à sardines ! Il est nécessaire de faire appel à des architectes, qu’ils pensent les espaces de vie et les espaces verts. Mais aussi les jardins d’enfants.

 


La lutte contre le chômage. Le nouveau gouvernement doit œuvrer afin de créer plus d’emplois. Sans travail, il y a du chômage et, forcément, de la pauvreté. Par ailleurs, il faut voir les problèmes en face : ceux qui refusent de travailler ne peuvent pas bénéficier des aides sociales. Celles-ci ne doivent pas être distribuées aveuglément. Il faut faire le tri pour une gestion efficace des ressources. D’autre part, la création d’emplois doit se conjuguer au féminin. De plus en plus de femmes sont seules à gérer leur foyer et n’ont pas de revenus. Elles sont plus vulnérables. Elles ont besoin de formation et d’encadrement.

 


L’éducation à cœur. Il ne faut pas oublier les enfants aux besoins spéciaux. Ceux qui ne sont pas handicapés mais qui n’arrivent pas à suivre en classe. Au CEDEM, nous avons beaucoup de demandes de familles pauvres qui ont des enfants dans cette situation. Et puis, la distribution des repas chauds devrait également concerner les specialised schools.

 

 


 

 

 

 

Anil Nookadee, travailleur social

 


Sur le plan. Ils ont cinq ans pour mettre ce plan en chantier et le réaliser. J’espère que les promesses seront tenues.

 


Priorité logement. Quand nous voyons le nombre de petits copains qui ont obtenu des terres en ne payant pas grand-chose, on se pose des questions. Sur ces terres-là, des logements sociaux auraient pu être construits. Les gens attendent des maisons pendant des années. Et parfois, c’est en vain. Il est nécessaire de construire des maisons, d’accélérer les procédures et de s’assurer que les plus méritants obtiennent ces logements. Il faudrait revoir tous les aspects des logements. Il est essentiel que les espaces soient agréables, qu’il y ait de l’eau, de l’électricité. Le nouveau gouvernement promet 10 000 nouvelles maisons. Attendons voir.

 


Une refonte de l’éducation. 6 000 élèves abandonnent l’école chaque année. Ce n’est pas normal. Le système est trop académique. Il faut le revoir afin qu’il soit plus friendly. Pourquoi prévoir des activités en dehors des heures de classe ? Ailleurs, elles sont incluses dans la journée d’école ! Il faut aussi motiver les parents des poches de pauvreté pour qu’ils envoient leurs enfants à l’école. C’est un travail sur le terrain qui doit être fait avec les ONG.

 


Pour un système de santé au top. Il est nécessaire de décentraliser les services de santé et d’améliorer les services afin de répondre aux attentes des Mauriciens en général et des plus nécessiteux qui bénéficient de ce service. Avoir de l’eau, de l’électricité et un bon système de santé est indispensable pour faire les premiers pas efficaces dans la lutte contre la pauvreté.

 

 


 

 

 

 

 

Jane Ragoo, porte-parole de la Confédération des Travailleurs du secteur privé                                                       

 


Sur le plan.  Il faut de nouvelles idées pour aller de l’avant et combattre la pauvreté. Pourquoi ne pas offrir une aide sociale aux parents pour qu’ils envoient leurs enfants à l’école ? La seule condition pour obtenir cet argent : que les enfants soient réguliers et qu’ils soient propres.

 


Un recensement, indispensable. Pour commencer, un recensement des personnes qui sont vraiment dans le besoin est essentiel. Récemment, lors du cyclone, des gens ont débarqué dans les centres de refuge sans être vraiment en danger. Ce genre de situation démontre qu’il n’y a pas toujours des gens genuine. Alors, il est nécessaire de se renseigner et de donner toute l’aide nécessaire aux plus nécessiteux.

 


Un gouvernement responsable… jusqu’au bout. Il ne faudrait pas que le gouvernement se dédouane sur les ONG. Il doit lancer son plan et faire les suivis. Ces associations rendent-elles toutes des comptes ? Pas toujours. Certaines sont fictives, d’autres sont des «entreprises» familiales qui absorbent l’argent alloué par l’union européenne.

 


Des logements oui, mais… Pas de ghettoïsation. Prendre tous les pauvres et les mettre au pied de la montagne dans les logements sociaux, ça ne fonctionne pas. Il faut des villages intégrés. Là, la personne dans le besoin voudra faire comme son voisin, il voudra s’en sortir. Il aura des modèles positifs à suivre. De plus, il faut qu’il ait accès à un centre de santé, à un bazar, à une école, entre autres. Il ne doit pas être coupé du monde. De plus, les maisons doivent avoir des espaces verts et un système de récupération de l’eau de pluie afin de pousser les familles à planter. Il faut réussir à les responsabiliser à travers de petites initiatives.

 

 


 

 

 

 

 

Salim Muthy, travailleur social

 


Sur le plan. Je suis satisfait. Il était grand temps de lancer un tel chantier. Mais pour que le plan Marshall fonctionne, il est nécessaire de prendre des décisions courageuses.

 


Institutions revues. Une restructuration en profondeur de la National Empowerment Foundation, du Trust Fund for the Integration of Vulnerable Groups ou encore du CSR Fund est nécessaire si on souhaite éradiquer la pauvreté. Néanmoins,
si on veut prendre uniquement des mesures cosmétiques – faire des distributions de cahiers à la fin de l’année, par exemple – c’est peine perdue. Le gouvernement doit s’engager pour faire du combat contre la pauvreté, une priorité.

 


Travailleurs sociaux à la loupe. Un travailleur social, à la solde d’un député, qui débarque et qui obtient des pouvoirs décisionnaires sans connaître le terrain ? Ça ne peut pas fonctionner ! Il faut être un homme de rue pour comprendre et pour pouvoir aider avec efficacité. Il faut avoir à cœur le combat contre la pauvreté afin de faire la différence. La méritocratie
est importante.

 


Suivi, étude et encadrement : les maîtres mots. Faire un rapport sur la pauvreté. D’accord. Mais s’il n’y a pas de suivi à quoi ça sert ? Et puis, il est nécessaire d’aller sur le terrain, de connaître les familles, d’en savoir un peu plus sur l’histoire familiale, mais aussi sur les raisons de leur incapacité à se sortir de la pauvreté. Pas d’accès à l’éducation ? Pas d’accès à l’information nécessaire pour s’en sortir ? Il faut comprendre pour aider.

 


Y a-t-il un complexe d’infériorité ? Peut-on parler de relative poverty : une pauvreté qui se transmet de génération en génération ? Puis, si on offre des formations, on donne des maisons, on aide financièrement, il faut des suivis et un encadrement psychologique et pédagogique réalisé par des personnes compétentes. La compétence est essentielle.

Publicité