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The Plant Whisperer : savez-vous plant(ul)er…les plantules ?

Le couple Sultoo accueille et conseille les apprentis créateurs de potager.

Avec un petit budget et une belle volonté, vous pourrez commencer un potager chez vous pour bien débuter l’année.

Pliez, dépliez. Inspirez, expirez. Votre résolution de l’année implique un peu de souplesse physique (mais pas trop) et beaucoup d’envie. Si vous avez décidé de vous lancer dans la création d’un potager (surtout après le passage du cyclone et la (re)découverte de la rareté et de la cherté des vegetables), de retourner à l’essentiel, de manger plus sainement, d’être siloy, en phase avec la nature et tout ça ; ce qui va suivre va vous faire frétiller les feuilles.

 

Dans l’est du pays se trouve un endroit qui a la magie des belles rencontres. Pour y arriver, si vous venez d’ailleurs, il faut rouler un peu, voir défiler des paysages, des plantations de canne à sucre, des villages aux habitations éclectiques. Des couleurs, des parfums. Des impressions fugaces de vues magnifiques. Il faut vivre l’expédition comme une aventure.

 

Au bout ? Un trésor pour apprenti…créateur de potager. The Plant Whisperer (à découvrir sur Facebook), c’est là qu’on vous emmène. La baz se trouve à Camp-de-Masque-Pavé ; on y trouve des plantules (de petites plantes potagères qui vont devenir grandes) que l’on peut planter dans un coin de son jardin, dans de gros pots si on a une terrasse afin de récolter lalo, piment, chou-fleur, entre autres. À partir de Re 1 la plantule, la bonne nouvelle, c’est qu’il vous sera difficile de vous ruiner (sauf si vous avez des hectares de plantation).

 

Pour nous faire visiter ce lieu où vous trouverez votre mignonne petite chose verte, le proprio et initiateur de cette culture, Rishi Sultoo. L’agriculture ? Son domaine à lui ! Depuis qu’il est petit, il suit son grand-père dan karo et participe aux activités d’élevage de la famille : «Je donnais un coup de main, tôt le matin, et ensuite, j’allais à l’école». Il aime quand ça pousse, quand ça fleurit, quand ça rapporte…

 

Donc, il y a deux ans, il s’est lancé dans la production de plantules (en plus de sa culture de tomates et de fruits sous serre) pour revenir à la source de tout. Il était une fois… une petite graine. Celle qu’il n’est pas facile de faire germer à la maison et de voir grandir en plante solide et fertile. Alors, c’est là qu’il intervient, Rishi. Un petit tour de passe-passe et beaucoup de compost, et voilà les plantules prêtes pour de nouvelles aventures. À l’arrière de la maison familiale, on trouve une nursery, là où naissent les petites plantes, bien au chaud ; tous les jours, trois personnes viennent mettre en… compost les petites graines. Après dix jours, elles s’offrent un séjour à l’extérieur pour prendre des forces et devenir plus résistantes. Un parcours initiatique dans des seed trays noirs. 300 000 à 500 000 plantules vivotent dans cet espace.

 

Si la majorité de ces petites plantes se retrouvent, par la suite, chez des planteurs (il y a des plantules pour la culture en champ et d’autres pour celle en serre), des particuliers viennent, également, voir The Plant Whisperer. «Une personne ne vient acheter qu’une plantule ? Nous l’accueillons et nous la conseillons. C’est un plaisir pour moi.» Car pour Rishi, faire pousser des légumes, c’est recevoir beaucoup en retour. «On apprend tellement de choses quand on travaille la terre.» C’est pour cela qu’il estime que les jeunes doivent retrouver ce goût-là. «Mais ils préfèrent être cravatés, aller au bureau dans leurs voitures climatisées… Pourtant, il y a tellement de belles choses à vivre avec l’agriculture. Investir dans ce secteur, c’est un tout autre monde.»

 

Comprendre cela, c’est faire un pas afin que l’île Maurice devienne, petit à petit, plus indépendante dans sa production de légumes. Mais dans les meilleures des conditions, avec moins de pesticides et avec un mode de culture qui permettrait de résister aux cyclones. En attendant cette révolution du végétal, son rêve – et celui de son épouse, Meela, qui s’occupe du marketing et des commandes – est de voir que chaque famille mauricienne cultive des petites choses.

 

«Des gens viennent de Port-Louis, ils n’ont pas beaucoup d’espace, alors ils plantent dans de gros pots. Je trouve ça très bien.» Partout sur la Toile, il y a de ces exemples de potagers originaux qui ne prennent pas beaucoup de place : dans des tuyaux, dans des pneus…

 

Pour commencer, Meela conseille de tenter de planter du piment et des brinzel. Mais aussi l’incontournable lalo. «C’est le plant le plus résistant.» Pour obtenir satisfaction dans ce projet, Rishi maintient qu’il faut des fongicides, des pesticides et du sel. «Pas beaucoup. Mais il en faut, sinon la personne va être déçue et va abandonner.» Néanmoins, pour éviter ce genre de produits, les solutions naturelles existent, bien sûr. Et c’est tellement mieux pour la santé ! Même si s’y mettre demande un peu plus d’investissement.

 

On a vu des plantes qui sont les plus simples à faire pousser. Mais quel est le légume le plus difficile ? Sans aucun doute le pâtisson, affirme Rishi. «Même la germination est compliquée.»

 

Quels sont ses conseils pour être un pro du potager ? Aérer sa terre semble être le conseil le plus important. Pour cela, il faut la retourner de temps en temps et y ajouter bagasse, coco et/ou sciure de bois. Ensuite, il faut donner de l’amour à ses plantes, assure Rishi. «Quand on a un chien, on lui parle, on lui fait des câlins. Ça doit être la même chose.»

 

Alors, pour faire face à votre résolution de l’année, celle qui concerne le potager, il vous faudra assurer les pliés-dépliés pour bêcher, planter, arroser. Mais aussi parler et donner de l’amour à vos plantes…