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Par Elodie Dalloo
17 décembre 2023 23:11
Les membres de sa famille ne veulent pas qu’elle tombe dans l’oubli et souhaitent qu’elle demeure le symbole de toutes les femmes victimes de violences. Agressée sexuellement à l’âge de 13 ans, tabassée à 14 ans, puis poignardée et brûlée vive à 15 ans, Shaïna Hansye, d’origine mauricienne, aura subi les pires horreurs avant que son corps calciné ne soit découvert le 27 octobre 2019 dans un petit cabanon des jardins du plateau Rouher, à Creil, en France. Depuis, son entourage ne cesse de se battre pour qu’une plaque commémorative soit apposée à l’endroit où elle a été assassinée et qu’une rue porte son nom ; pas seulement pour honorer la mémoire de la jeune fille martyre, mais aussi pour qu’elle ne soit jamais oubliée.
Dénonçant les «fausses promesses» de la municipalité, Yasin, le frère aîné de Shaïna, a mis en ligne une pétition, le 4 décembre, pour qu’enfin sa mémoire soit honorée. La nouvelle a également été relayée dans plusieurs médias à travers le monde. En l’espace de moins d’une dizaine de jours, plus de 35 000 signatures ont été récoltées grâce à tous ceux soutenant leur cause. Le site en ligne Vatika indique que la forte mobilisation du public a eu le résultat escompté et que «la mairie de Creil débutera les travaux dès la semaine prochaine». Une nouvelle dont Parveen, la mère de Shaïna, ne peut que se réjouir après tant d’épreuves vécues. «Nous avons rendez-vous avec la mairie ; ils vont se rattraper», dit-elle. Touchée et émue, elle nous confie : «Partout à travers le monde, on nous envoie des messages de soutien. Tout le monde a été touché par l’histoire de ma fille. Le Pixel War a même affiché une photo d’elle cette année.»
Le décès cruel et tragique de Shaïna, survenu il y a un peu plus de quatre ans, a suscité beaucoup d’émotion à Creil, mais aussi à travers le monde. Son procès a été grandement suivi par tous ceux réclamant justice pour cette adolescente qui a été «victime de ce que l’humanité peut faire de pire» avant même de devenir adulte. Le 10 juin dernier, son ex-petit ami a été condamné à 18 ans de réclusion criminelle par la Cour d’assises des mineures de l’Oise. S’il a nié l’avoir poignardée et brûlée vive jusqu’à la dernière minute, il n’a jamais fait appel de sa sentence ; pour la famille Hansye, il s’agit-là d’«un aveu de culpabilité». Parveen explique que «même si des traces ADN n’ont pas été découvertes sur le lieu du crime, la cour a pris en considération le fait qu’il ait subi des brûlures en y mettant le feu. Plusieurs témoins ont aussi témoigné contre lui. Sans compter qu’il a été aperçu sur les images des caméras de surveillance du garage de son oncle avec un bidon d’essence».
Toutefois, la bataille n’est pas encore terminée, la famille de Shaïna étant encore dans l’attente qu’elle obtienne justice pour toutes les horreurs que lui ont fait subir d’autres personnes. Deux ans avant son assassinat, rappelons-le, son petit ami d’alors lui avait fait chanter avec une photo d’elle dénudée. Il l’avait obligée à le rejoindre dans une clinique désaffectée afin que l’image ne soit pas partagée mais il s’agissait-là d’un guet-apens orchestré par le jeune homme et ses deux amis, qui l’ont ensuite agressée sexuellement tout en la filmant. En mai 2023, le trio, reconnu coupable d’agressions sexuelles, a été condamné en appel à des peines allant d’un à deux ans de prison avec sursis. Toutefois, dit Parveen, «son ex-petit ami doit encore être jugé pour l’avoir tabassée un an après les faits».
Aujourd’hui, la famille de Shaïna souhaite plus que tout retrouver la paix. «Je laisse Dieu décider de leur sort selon sa volonté car nous voulons passer à autre chose. Nous sommes croyants, nous savons que notre fille est au Paradis», lâche Parveen. En attendant que le lieu où elle a trouvé la mort soit transformé en un endroit commémoratif, elle invite tous ceux souhaitant soutenir sa famille à signer la pétition toujours ouverte sur le site change.org, titrée «N’oublions pas Shaïna Hansye, poignardée et brûlée vive à l’âge de 15 ans à Creil».
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