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PNQ de Xavier-Luc Duval au Parlement : cette proposition de boni de 14e mois à la loupe

28 novembre 2023

Jayen Chellum, Jane Ragoo et Rima Ramsaran ont des avis différents.

Pour lui, c’est une histoire de venir en aide pour ceux qui sont en difficulté financière. Mardi dernier, le leader de l’opposition Xavier-Luc Duval posait une Private Notice Question sur un éventuel paiement d’un boni de 14e mois pour ceux touchant moins de Rs 50 000 cette année, avec même une éventuelle aide de la MRA pour les PMEs et compagnies qui battent de l’aile, disant même que ce 14e mois devienne par la suite une obligation légale.

 

Le ministre du Travail Soodesh Callichurn devait répondre que des consultations auront lieu en décembre en plus de tout ce qui a trait à la compensation salariale, en ajoutant que cela incombe aussi aux employeurs et aux syndicats d’employés. Xavier-Luc Duval qui n’était pas convaincu, a évoqué par la suite les profits et chiffres d’affaires énormes de plusieurs grosses entreprises. Le Premier ministre devait par la suite fustiger Xavier-Luc Duval lors d’une régionale du MSM à Grand-Bois jeudi dernier, disant qu’«il a adressé une PNQ sur le paiement d’un 14e mois. Il essaie de faire croire que nous ne sommes pas en train de nous adresser aux problèmes auxquels la population fait face (…) quand le Ptr et le PMSD étaient au pouvoir, certains travailleurs ne gagnaient que Rs 1500 par mois !»  Hier après-midi, lors d'un congrès du MSM à Midlands, il devait en rajouter une couche,  qualifiant aussi l'Opposition «d'antipatriotique».  Et toujours hier, lors de la conférence de presse du Reform Party, Roshi Bhadain, s’est dit contre ce boni de 14e mois, disant que ça va créer trop de problèmes pour les PMEs.

 

Le débat est donc plus que jamais d’actualité en cette période de fin d’année, où les syndicats, économistes et simples citoyens commentent aussi sur le sujet. Pour ? Contre ? Un peu des deux ? Plusieurs sont sceptiques et proposent autre chose, comme Reaz Chutoo, syndicaliste et président de la Confédération des Travailleurs du Secteur privé, qui disait sur les ondes de Radio Plus qu’il faudrait plus augmenter le boni du 13e mois et le salaire de base, entre autres. Nous avons demandé à d’autres ce qu’ils en pensaient…

 

«Légiférer pour un 14e mois»

 

Jane Ragoo, secrétaire-générale de la CTSP, est toutefois un peu plus catégorique, car pour elle, «il faut légiférer et entériner ce 14e mois dans la loi. Je suis pour l’avancement, pour le progrès. Dans le passé, les syndicalistes ont beaucoup lutté pour le 13e mois et même pour le Maternity Leave, et pourquoi pas pour ce 14e mois, qui je le rappelle, revient sur le tapis, car autrefois débattu, à l’époque où Rama Sithanen devait être ministre des Finances. Plusieurs veulent que ce soit un one off, car on ne sait pas où l’économie ira, mais il faut l’avouer : pendant de nombreuses années, des grosses entreprises n’arrêtent pas de faire des profits, donc… s’il y a une volonté politique, on peut aller de l’avant avec ce projet, même si c’est pour après. Il faut juste bien le structurer aussi, notamment pour le PMEs, qui pourraient bénéficier d’une aide du gouvernement».

 

Jayen Chellum, secrétaire-général de l’Association des Consommateurs de l’île Maurice, dira pour sa part que «c’est clair qu’un 14e mois aidera à alléger la perte du pouvoir d’achat, qui perdure, et qui frappe énormément les consommateurs au plus bas de l’échelle, et cela malgré plusieurs mesures du gouvernement. Mais il faut aussi voir au-delà de cette mesure de 14e mois, il faudrait aussi qu’elle s’accompagne d’autres mesures, comme une compensation salariale décente, et aussi revoir et contrôler le prix de plusieurs produits, ou même la détaxation des prix des carburants, tout en structurant cette mesure pour que les PMEs puissent en bénéficier sans faire de gros sacrifices».

 

Et si la syndicaliste et le militant pour la cause des consommateurs approchent la proposition de façon plus ou moins positive, ce ne sera pas forcément rose pour le monde de l’entrepreunariat, comme analyse Rima Ramsaran, ancienne présidente de l’Association mauricienne des femmes chef d’entreprise (AMFCE) : «Il faut comprendre que pour une entreprise comme une PME, le treizième mois doit être pris en compte dès le début de l’année et l’année financière, et ce n’est pas quelque chose qui est calculé du jour au lendemain, ou uniquement vers la fin de l’année. Donc, venir proposer un 14e mois en novembre, voire l’imposer à la dernière minute n’est bien sûr pas bénéfique pour une PME. Si c’est imposé, c’est tout un calcul à refaire, et plusieurs PMEs, pour qui c’est déjà compliqué de donner le boni de 13e mois, seront obligées de fermer leurs portes ou de licencier.  Je serais plus pour une longue consultation dans la mise en place d’un tel projet avec tous les stakeholders.»

 

Le débat reste donc ouvert, et cette affaire de 14e mois, vu le buzz produit, risque de faire encore parler d'elle pendant un moment.

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