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2 août 2016 01:27
Alerte info ! Des humains ambulants non identifiés attisent la curiosité. On les reconnaît à leur comportement étrange, le nez collé à leur téléphone portable, les yeux rivés sur leur écran. Ils déambulent dans les rues, parcourent les jardins, les centres commerciaux et autres lieux publics, de long en large. Concentrés, ils semblent ailleurs. Jusqu’au moment, où leur visage s’éclaire. Et là, tout à coup, ils accélèrent le pas, courent même, marmonnant des sons bizarres : «Pikachu, Voltali ou encore Bulbizarre», tout en jetant des coups d’œil méfiants autour d’eux. Ils se mettent alors en mode chasseur, scrutant avec attention leur environnement à l’affût de la moindre petite chose qu’ils pourraient se mettre sous la dent.
Ces derniers jours, vous avez sans doute été témoin de ces scènes hors de l’ordinaire : à Port-Louis, à Bagatelle, entre autres, ou avez noté ces drôles d’agissements chez vos proches. Ne paniquez pas car le constat est planétaire. Ces chasseurs sont partout : en Asie, en Europe, aux States et dans plusieurs autres parties du monde. D’un pays à l’autre, les mêmes réactions, les mêmes syndromes et les mêmes attitudes bizarres sont observés. Le diagnostic est irrévocable : ils souffrent tous de la fièvre Pokémon Go. Ce jeu mobile gratuit où il s’agit d’aller à la chasse et de collectionner des créatures japonaises virtuelles qui se baladent partout.
Le virus gagne du terrain et fait tous les jours de nouvelles victimes. Le mouvement mauricien s’agrandit de jour en jour, à voir la communauté réunie sur la plateforme Facebook Pokémon Go-Mauritius(1974 membres à hier après-midi). Le premier événement public destiné aux dresseurs de Pokémons aura d’ailleurs lieu le samedi 6 août au Caudan Waterfront, de midi à 18 heures. Préparez-vous !
Le principe est simple. Le jeu, une fois téléchargé, permet à l’utilisateur de commencer sa quête des Pokémon grâce à une ouverture sur un monde virtuel connecté à la réalité et en temps réel. Le jeu met à contribution le GPS et l’appareil photo du téléphone. Pour le reste, c’est aux chasseurs de trouver leurs proies et de les attraper. Le téléphone indique, via un GPS, à quelle distance la créature se situe. Plus elles sont rares, plus les créatures sont difficiles à trouver et à capturer. Et pour en trouver, il faut quelques fois beaucoup marcher.
Les fans du jeu en savent quelque chose. «J’ai téléchargé et joué à pratiquement tous les jeux Pokémon depuis la version rouge, bleu, jaune et vert sur Gameboy. Donc, lorsque Pokémon Go m’a été présenté, j’ai voulu essayer aussi pour voir l’évolution du jeu», confie Brian Madanamootoo, 26 ans, habitant de Floréal. Aussitôt essayé, aussitôt adopté, explique Brian : «Ce qui m’attire dans cette version de Pokémon, c’est la précision des routes et des Pokémons qui apparaissent par région et aussi par heure. Ça change de la version originale du jeu.»
C’est surtout durant le week-end que le fan de Pokémon part à la chasse : «J’y joue plutôt en week-end, quand j’ai du temps libre et dépendant du temps. C’est l’un des premiers jeux qui demandent aux joueurs de marcher dans la réalité. Comme l’a dit Johnson, l’Américain qui a complété le Pokedex de Pokémon Go, “players should invest in a good pair of shoes”et un chargeur portable.»
Ce ne sont pas Adrien Goder, 18 ans, et son petit frère Florent, 12 ans, qui diront le contraire. En ce mercredi après-midi, ils sont venus se balader à Bagatelle et à peine quelques mètres entamés dans la galerie, ils se sentent obligés de se connecter à la fameuse application. «J’ai entendu tout l’engouement que le jeu générait et je me suis dit : “Pourquoi ne pas essayer ?”»,nous confie Adrien. Depuis qu’il s’est lancé, il fait attention, dit-il, à ne pas devenir accro : «Je suis fan car je trouve que c’est une nouvelle façon de jouer. Pour moi, c’est un jeu social qui permet de ne pas rester chez soi, de sortir, de bouger, d’aller à la découverte d’autres endroits.»
Très vite, le jeu a fait d’autres adeptes dans l’entourage d’Adrien qui a contaminé son père et surtout son petit frère : «Mon père est, à la base, quelqu’un qui aime la technologie. Il a donc voulu essayer alors que ce n’est absolument pas le cas de maman.»Toute son attention rivée sur son téléphone, Florent ne cache pas non plus aimer le principe du jeu.
Si les histoires autour du jeu, notamment sur des gamersvictimes d’accidents – car ils sont trop focalisés sur leur téléphone en marchant – circulent en boucle sur le Net, Florent et Adrien estiment qu’il faut juste savoir faire la part des choses entre le jeu et la réalité. «C’est comme tout ce qu’on fait dans la vie. Il faut juste faire attention», souligne Adrien qui raconte avoir vécu une expérience cocasse alors qu’il jouait : «Je me suis retrouvé à entrer dans la cour d’un inconnu pour aller capturer un Pokémon rare.»
Illana, 13 ans, étudiante au Bocage, s’est aussi retrouvée dans une drôle de situation alors qu’elle avait une de ces créatures dans son viseur : «Je l’ai pistée jusqu’à me retrouver devant la porte des toilettes des garçons. Certes, je ne suis pas entrée.»Depuis le 13 juillet, elle surfe sur la planète Pokémon Go, tout comme ses amis de classe qui sont tous amateurs de ces petites bêtes japonaises. «Comme je connais les Pokémons depuis que je suis très jeune, je n’ai pas hésité à télécharger le jeu pour le tester», nous raconte Brandon, 13 ans. Comme Illana, son objectif est d’élargir sa collection de Pokémon tout en progressant dans le jeu d’un niveau à l’autre où plusieurs étapes, notamment celles des battlesentre Pokémon, ont lieu. Et comme pour tous les joueurs, c’est ce qui motive aussi Jordan, 13 ans.
En ce mercredi après-midi, lui non plus ne quitte pas des yeux son téléphone, comme tous ceux et celles qui ont chopé ce sacré virus qui a envahi la planète !
Pokémon Go se base sur les capacités de géolocalisation du téléphone portable et exploite les possibilités offertes par l’appareil photo pour superposer les personnages numériques à l’environnement réel. Une fois le jeu téléchargé, il faut se forger un personnage de dresseur qui sera votre avatar. Puis, c’est dans des PokéStops –des boutiques virtuelles –que des objets utiles pour la progression dans le jeu peuvent être récupérés. Ces PokéStops sont désignées sur les cartes géographiques du jeu calquées sur les cartes de la vie réelle. C’est grâce aux PokeBalls, les fameuses balles blanc et rouge, que les Pokémon peuvent être capturés. En parcourant des distances (en marchant et autres), il faut détecter sur la carte les signes d’un Pokémon à proximité. C’est en mode photo qu’un joueur peut scanner les alentours pour voir la bête dans son environnement «naturel», puis lancer une balle pour la capturer. Une fois le niveau 5 atteint, un joueur est appelé à rejoindre une équipe (rouge, bleue ou jaune), une étape qui mène à celle des arènes (gym en anglais) avant de procéder aux battles pour défier l’occupant. Une fois une bataille gagnée, le dresseur peut laisser un Pokémon pour défendre l’endroit.
C’est la folie. À l’étranger, la Pokémon mania a déjà provoqué quelques débordements. À l’instar de deux touristes japonais qui ont été retrouvés en train de chasser à pied dans l’un des tunnels routiers les plus dangereux de Barcelone. À Madrid, deux jeunes ont également été arrêtés pour s’être introduits dans le quartier général de la Guardia Civil, la police militaire. Au lendemain du lancement de Pokémon France, le 24 juillet, au moins deux accidents ont été recensés à cause du jeu. Malgré les nombreux appels à la prudence relayés depuis plusieurs jours par les préfectures sur les réseaux sociaux, les comportements dangereux se multiplient, notamment parmi les automobilistes.
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