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Possible marche arrière de Londres sur le dossier Chagos : entre inquiétude et interrogations

La Grande-Bretagne s’apprête-t-elle à désavouer l’avis consultatif de l’ONU de restituer la souveraineté de l’archipel des Chagos et à mettre un terme aux négociations entreprises avec Maurice à cet effet ? C’est la grande question qui se pose depuis qu’un article publié le 1er décembre dernier dans le journal britannique The Telegraph avance que le gouvernement anglais s’apprête à abandonner son projet de restituer les Chagos au gouvernement mauricien pour des raisons purement géopolitiques. 

Cette décision ferait suite à une nouvelle stratégie émise par Grant Shapps, secrétaire à la Défense, qui estime que ce territoire devrait rester sous le contrôle des Anglais afin de privilégier leur relation avec les États-Unis qui contrôlent une base militaire sur Diego Garcia. Les deux alliés seraient, selon le journal, inquiets de leur position dans l’océan Indien si jamais Maurice devait retrouver sa souveraineté sur l’archipel. Ils redoutent ainsi la montée en puissance de la Chine, dont Maurice est proche dans la région, au détriment des Américains. Afin de préserver leur relation avec ces derniers, les Britanniques seraient donc prêts à rejeter le jugement de la Cour internationale de justice.

 

Interrogé sur cette affaire, le Premier ministre Pravind Jugnauth, s’est abstenu de tout commentaire. «Je ne ferai pas de commentaire sur un article de presse tant que le gouvernement britannique n’aura pas réagi officiellement», a-t-il déclaré avant d’affirmer qu’il a bien l’intention de soulever la question lors de sa prochaine rencontre avec son homologue britannique. Pour Olivier Bancoult, porte-parole du Groupe Refugiés Chagos (GRC), une confirmation viendrait prouver une fois de plus la malhonnêteté du gouvernement anglais. «C’est un manque de sérieux car les discussions avaient déjà été engagées avec le gouvernement mauricien. Le gouvernement britannique n’inspire aucune confiance. Si c’est vraiment le cas, ce sera un mauvais signal du gouvernement britannique, une grande injustice et un manque de respect envers le peuple chagossien.»

 

Coup de froid

 

Sabrina Jean, présidente de la branche britannique du Groupe Refugiés Chagos est, elle, d’avis qu’il faut attendre une confirmation avant de se prononcer sur le sujet. «J’ai récemment eu une réunion avec le Labour Shadow Minister et lorsque la question a été soulevée, j’ai fait savoir que je préférais attendre que les deux gouvernements viennent confirmer cette nouvelle avant de faire tout commentaire car jusqu’à présent ce sont uniquement les journalistes et les journaux qui en parlent.» Comme beaucoup de Chagossiens, cette dernière estime qu’ils devraient faire partie des négociations : «les discussions se déroulent entre les deux États. Les Chagossiens n’ont pas été impliqués même lorsqu’il y a des réunions avec le ministère des Affaires étrangères, ils ne nous ont jamais fait savoir ce qui a été discuté.»

 

Quoi qu’il en soit, la nouvelle annoncée par The Telegraph est venue jeter un coup de froid brisant ainsi la vague d’espoir et de confiance qui primait depuis que la Grande-Bretagne avait accepté d’ouvrir les discussions avec Maurice sur une restitution de l’archipel des Chagos. 

 

D’ailleurs, lors de sa conférence de presse hier, samedi 9 décembre, le leader du MMM n’a pas manqué de rappeler à quel point Pravind Jugnauth s’est montré confiant sur le dossier Chagos et le résultat est loin d’être celui qui était attendu.  «Cela fait quatre ans déjà que l’Assemblée Générales des Nations Unies a voté pour dire à la Grande-Bretagne de se retirer et rendre la souveraineté des Chagos à Maurice dans une période de six mois. Nous avons largement dépassé ce délai. L’optimisme de Pravind Jugnauth était total affirmant que les discussions avec Rishi Sunak vont dans le bon sens et que six séances de négociations avaient déjà eu lieu, mais c’est clair maintenant qu’on s’est joué de nous.

 

J’avais raison d’insister en disant que nous devions discuter avec Londres, mais aussi avec les Américains.» Selon lui, il n’est pas trop tard pour entamer les discussions avec les États-Unis. Il faudra aussi, estime le leader des mauves, repartir devant l’Assemblée Générale des Nations Unies, après avoir obtenu l’appui total et actif de la SADEC et de l’Union Africaine.