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Par Yvonne Stephen
17 janvier 2016 02:29
Entre les deux, son destin balance. Une couchette en cellule ou une chaise de bureau en cuir, celle de Premier ministre. Entre les deux, il n’y a qu’un jugement (ou plus : les deux parties peuvent toujours faire appel). Le procès de Pravind Jugnauth était l’événement de la semaine, la dernière saison de sa participation dans la saga Medpoint : une clinique à Rs 144,7 millions. Le jugement de l’appel du fils de sir Anerood Jugnauth contre sa condamnation devait en être the season finale. Le dernier rebondissement. Mais finalement, pour la conclusion de l’histoire, il faudra attendre encore un peu (ou beaucoup, difficile à dire). Le tournage est en panne sèche. Les juges ont mis leur jugement en délibéré. Désormais, Pravind Jugnauth devra s’armer de patience.
Des jours, des semaines ou des mois à attendre le (presque) fin mot de l’histoire. Un long chemin pour le leader du MSM dont l’euphorie de la victoire aux législatives de 2014 a tourné court. C’était en juin 2015. Pravind Jugnauth est alors reconnu coupable de conflit d’intérêts dans l’affaire Medpoint. Il est condamné à 12 mois de prison. Néanmoins, il refuse que sa peine soit commuée en travaux communautaires. Du coup, Me Désiré Basset, demande que la liberté conditionnelle soit accordée à son client en attendant le procès en appel.
Alors c’est avec son panel d’avocats, mené par la star du barreau anglais Clare Montgomery, que Pravind Jugnauth s’est évertué à démontrer qu’il n’y avait pas eu de conflit d’intérêts. La poursuite n’a rien lâché. Me Rashid Ahmine, Senior Assistantdu directeur des poursuites publiques, a tenté de prouver que l’ancien ministre aurait pu déléguer ses pouvoirs concernant ce dossier et qu’il y avait bien eu conflit. Pendant deux jours, chaque camp a fait son job. Pendant deux jours, la vie du leader du MSM a tourné autour de la Cour suprême. Désormais, place à une pause, un moment de détente ?
Le leader du MSM va-t-il souffler un bon coup en rêvant à ses futures responsabilités de chef du gouvernement ? Impensable, confie un proche du camp Jugnauth. Sa vie politique est en suspens : «Il est satisfait du travail de ses avocats mais il n’est pas rassuré, c’est normal. Je crois que tant que le jugement ne sera pas prononcé, il n’aura pas l’esprit tranquille. C’est de sa vie qu’on parle, de son honneur. Pas du poste de Premier ministre. Il a besoin d’un jugement favorable pour reprendre son parcours politique.»Donc le fils de SAJ ne serait pas forcément le prochain chef du gouvernement Lepep ? The one and only ?«Rien n’a encore été décidé.»Bien sûr ! Au MSM, il se murmure depuis quelque temps déjà que la succession aurait un seul nom, celui de Pravind. Que contrairement aux premières indications, suite au jugement de juin 2015, la course n’est pas ouverte.
La mission n’est pas de remplacer le soldat SAJ qui fatigue un peu mais bien que Pravind Jugnauth reprenne le flambeau premier-ministériel. Un point c’est tout. It’s family business, après tout ! Une ligne à tenir non écrite, sorte de secret de secte, qui ne devrait pas convaincre tout le monde longtemps : «Sir Anerood est un Premier ministre de représentation plus qu’autre chose. Il ne mène pas la barre du gouvernement. C’est sa garde rapprochée qui le fait. Mais ceux qui en font partie ne voudront-ils pas se rapprocher du trône ?» se demande un ancien membre du MSM qui a pris sa retraite. Plus Pravind Jugnauth tardera à prendre «sa» place, plus les tensions se feront ressentir, estime-t-il. Parmi les membres du MSM mais aussi avec les alliés gouvernementaux de la bande à SAJ. Des remous qui feront pencher la fragile structure de l’Alliance Lepep.
Au PMSD, par exemple, on estime que Xavier Luc Duval devrait succéder à SAJ : «Il fait du bon boulot quand le Premier ministre n’est pas là. Il a fait ses preuves. Si quelqu’un doit remplacer SAJ, ça doit être lui», persiste un membre de la famille bleue. Du côté de l’équipe d’Ivan Collendaveloo, les ambitions ne s’expriment pas : «Nous sommes heureux de notre place au sein de l’alliance», laisse-t-on entendre au ML. Est-ce que ça veut dire qu’elles ne sont pas une réalité ? Mystère ! Si la Cour suprême tranche en faveur de Pravind Jugnauth, ça faciliterait visiblement les choses. Si ce n’est pas le cas, il est toujours possible de s’arranger entre amis, se rassure-t-on du côté du clan Jugnauth. Au MMM, les péripéties du leader du MSM font un peu rire : «S’il ne gagne pas son appel, il va faire quoi ? Une crise de nerfs ! C’est un enfant gâté ! D’ailleurs, il veut absolument sortir de cette histoire de façon flamboyante. Comment ? En prenant la couronne de Premier ministre»,allègue un membre de la famille mauve.
Et puis, entre le poste de chef du gouvernement et 12 mois en cellule, il n’est pas difficile de faire un choix. Imaginez que vous soyez pris entre ces deux possibilités, que votre destin balance entre les deux…
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