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Pritish Meethoo, 2 ans, périt dans l’incendie de sa maison

16 août 2015

Le garçonnet était un enfant comme les autres, qui respirait la joie de vivre.

Cette scène d’horreur, elle ne pourra jamais l’oublier. Tout comme les cris de détresse de son benjamin, âgé de 2 ans, et le sentiment d’impuissance qu’elle a éprouvé sur le moment. «C’était dur de l’entendre pleurer sans rien pouvoir faire pour le sauver», confie Diksha Meethoo. Cependant, la jeune femme de 19 ans le sait, il lui faut tenir le coup pour son fils aîné, mais aussi pour celui qu’elle attend pour septembre. Une naissance qu’elle préparait, mercredi encore, avec ses deux fils et son mari, tous impatients d’accueillir un nouveau membre dans la famille.

 

«C’était dur de l’entendre pleurer sans rien pouvoir faire pour le sauver», confie Diksha Meethoo.

 

Car, oui, durant les jours précédant l’incendie qui a coûté la vie à son benjamin Pritish, ce sont des cris de joie qui résonnent chez les Meethoo à Bon-Accueil. Parish et Pritish sont des enfants comme les autres, qui adorent les friandises et les dessins animés. Pritish, lui, est très proche des adeptes d’Hare Krishna de la localité. «Il insistait tous les jours pour aller voir les vaches se trouvant à leur centre. Il aimait aussi monter à moto avec moi», confie Rajoo, son père, âgé de 34 ans.

 

Dans cette maison de Bon-Accueil, on se prépare alors à la naissance d’un troisième garçon, mais aussi à la grande rentrée de Pritish en maternelle, en janvier prochain. Dans la même école que fréquente son aîné à Laventure. D’ailleurs, le lundi 10 août, sa mère Diksha, qui est femme au foyer, avait déjà acheté son cartable, ses chaussures, sa gourde, son garde-manger et son uniforme. Elle s’y est prise très à l’avance, car l’avenir éducatif de Pritish et de Parish était d’une grande importance pour Diksha et son époux. D’ailleurs, le couple avait commencé à mettre de l’argent de côté pour financer leurs études.

 

Marqués à vie

 

Mais le jeudi 13 août, les cris de joie ont vite laissé place à des pleurs, à des cris de douleur. Aux environs de 7h50, selon la police, le domicile des Meethoo, une maison en tôle de deux pièces, est la proie des flammes. Pritish et son grand frère Parish sont à l’intérieur. Ils regardent des dessins animés à la télé. Diksha, qui fait la lessive à l’extérieur de la maison, entend du bruit. Elle se retourne, mais les flammes ont déjà envahi la maison.

 

Au même moment, Rajoo, le père de famille, qui travaille comme marchand de fruits confits devant le collège d’Etat de Bon-Accueil, rentre chez lui pour récupérer une corde lui servant à attacher la marquise sous laquelle il vend ses fruits. «Ma maison était déjà en feu. J’ai tenté, en vain, de porter secours à mon fils. L’aîné avait pu prendre la fuite. Je suis entré dans la cuisine. A deux reprises, j’ai tenté d’entrer dans la chambre, mais les flammes et la fumée m’ont empêché de secourir mon fils», raconte-il, la voix nouée par les émotions. Son épouse et lui ont tenté, en vain, de secourir leur fils Pritish. Mais le garçonnet avait déjà rendu l’âme à l’arrivée des pompiers.

 

Parish, l’aîné, âgé de 5 ans, est parvenu à s’en sortir avec des brûlures au bras gauche. Il est admis à la Burns Unit de l’hôpital Victoria, Candos. Mais Pritish, lui, a péri dans l’incendie. Le garçonnet s’était réfugié sous son lit avec ses deux chiots, Fifi et Foufou. Selon le rapport d’autopsie, il est décédé par asphyxie après avoir inhalé de la fumée.

 

Parish, l’aîné, s’en est sorti avec des brûlures au bras gauche.

 

Depuis que leur enfant, qui les comblait de bonheur, leur a été arraché, qui plus est de façon brutale, Rajoo et Diksha ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. Ils ont perdu «un trésor», «enn bon zanfan», dans un incendie qui aurait éclaté des suites d’un problème électrique, selon Rajoo (voir hors-texte). Lorsque nous les rencontrons au lendemain du drame, les Meethoo ont les yeux gonflés. A force d’avoir trop pleuré, certes, mais aussi parce qu’il leur a été impossible de fermer l’œil de la nuit. «Pritish ti enn extra bon zanfan. Sa vid la pa pu konble. J’ai perdu un trésor. Il n’y aura plus jamais de fête chez nous. Li ti amenn lazwa dan nu leker», confie Rajoo, plongé dans une profonde tristesse. «Nous n’allons jamais nous en remettre. Nous sommes marqués à vie», poursuit-t-il, tout en grillant cigarette sur cigarette.

 

Nouveau départ

 

Sa douleur est d’autant plus grande que son épouse et lui attendent l’arrivée d’un autre enfant pour septembre. La naissance d’un fils qui surviendra quelques semaines après la mort d’un autre. «Ma femme sera bientôt admise. Le médecin nous a dit qu’on allait avoir un autre fils. Je prie pour que l’accouchement se passe bien car le moral de mon épouse est au plus bas», confie Rajoo.

 

À cette souffrance s’ajoute la réalité. Celle où il a tout perdu dans l’incendie de sa maison en tôle de deux pièces, comprenant une chambre et une cuisine, qu’il louait pour la somme de Rs 1 700 par mois depuis un an et demi. «Nous avions deux lits, deux matelas, deux armoires, deux télés, une motocyclette, une plaque à gaz, un mixer/grinder, des provisions, mon stock de fruits, le portable de ma femme et tous nos vêtements. Nous avons tout perdu», explique Rajoo.

 

Rajoo regrette de n’avoir pu sauver son benjamin des flammes.

 

Parce qu’ils ont tout perdu, parce qu’ils ne peuvent plus supporter de se tenir à l’endroit où leur fils a péri dans des circonstances tragiques, Diksha et Rajoo ne souhaitent plus remettre les pieds à Bon-Accueil. «On louait cette maison pour plusieurs raisons. D’abord pour être un peu plus libres et aussi parce qu’elle est proche de mon lieu de travail», souligne Rajoo. Mais pas question d’y retourner. Le couple, qui est ensemble depuis six ans, est retourné vivre à Laventure, chez les parents de Rajoo.

 

Dans le village de Bon-Accueil, les Meethoo sont très appréciés et surtout connus pour être une famille soudée. Les jours à venir s’annoncent difficiles pour eux. Et la reconstruction longue. Mais l’arrivée de leur troisième enfant sera peut-être l’occasion de reprendre un nouveau départ, bien que celle-ci survient dans des circonstances tragiques.

 


 

Un problème électrique à l’origine du drame ?

 

La police et les pompiers enquêtent, chacun de son côté, pour faire la lumière sur ce terrible drame. A hier, les circonstances exactes de l’incendie qui a éclaté chez les Meethoo n’étaient pas encore connues. Mais Rajoo, le père de famille, pense qu’un problème électrique en serait la cause. Il a, dit-il, eu des ennuis dans le passé avec le fil principal menant à son interrupteur et ce, à deux reprises : «Zwazo ti fer nik dan bwat konter la. Kan zot apiy lor difil la ti pe fer kontak. Mo boper elektrisien. Li ti fer reparasion enn premie fwa. So deziem fwa mo mem mo ti fer travay la. Zame mo ti pu panse sa pu fini grav kumsa.»

 


 

Soutien psychologique aux Meethoo

 

Elle a été très touchée par le drame qui a frappé cette famille de Bon-Accueil. C’est pourquoi la ministre Aurore Perraud s’est rendue à Laventure pour présenter ses sympathies à Rajoo et Diksha Meethoo, au lendemain du drame. Sur place, elle leur a expliqué que le gouvernement mettra des psychologues à leur disposition. Ainsi, Rajoo, son épouse et leur fils de 5 ans bénéficieront régulièrement de séances de travail.

 


 

Les personnalités politiques se montrent généreuses

 

Le ministre Dayal et d’autres personnalités politiques ont promis d’apporter de l’aide à la famille endeuillée.

 

Suite au terrible drame qui a frappé les Meethoo, les trois députés de la circonscription no 9, les ministres Dayal et Roopun, ainsi que le député Rampertab, ont tenu à apporter leur soutien à la famille endeuillée. Ils ont financé les funérailles du petit Pritish, qui a été inhumé au cimetière de Laventure, et ont apporté une aide financière à la famille.

 

De son côté, la National Empowerment Foundation compte financer la construction d’une maison pour les Meethoo, a annoncé le ministre Dayal. Avinash Ramkalawon, président du conseil du village de Laventure, a également promis un soutien à la famille.

 

Ceux qui désirent aider les Meethoo en leur fournissant rapidement des vêtements, provisions et produits de première nécessité pour bébé peuvent le faire en appelant Rajoo au 5754 9258.

 


 

 Des funérailles tout en émotion

 

 

15h30. Un cercueil blanc débarque chez le grand-père paternel de Pritish Meethoo à Laventure. Et là, la plupart de ceux présents en grand nombre se mettent à pleurer. En cet après-midi du jeudi 13 août, les larmes et cris de souffrance se font entendre à Laventure. Nous sommes aux funérailles du petit Pritish.

 

 

Avant que le convoi mortuaire ne se déplace en direction du cimetière de Laventure, le pandit Ramparsad officie la cérémonie funéraire. Dans son allocution, le religieux met l’accent sur l’importance de prier : «Dans la culture hindoue, la mort n’est pas une fin. Nous croyons dans la réincarnation. Il faut beaucoup prier pour l’âme de Pritish.» L’âme de ce dernier, dit-il, ne mourra jamais car il reprendra naissance, comme le veut son karma : «La prochaine fois, on ne sait pas s’il sera un garçon ou une fille, un Mauricien ou un étranger. C’est pour cela que j’ai demandé à tous ceux présents d’axer leur prière sur cette nouvelle naissance.»

 

 

16 heures. La cérémonie est terminée. Tous se mettent en marche en direction du cimetière pour un dernier au revoir à Pritish.

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