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Prix abusifs : les consommateurs voient rouge

14 avril 2020

Depuis le début du confinement, de nombreux consommateurs ont la mauvaise surprise de constater une exagération au niveau des prix.

Une chose est sûre, faire ses courses coûte plus cher depuis le début de la crise. Sur les réseaux sociaux, les messages d’indignation se multiplient contre les commerçants qui ont choisi de pratiquer des prix abusifs alors que nous sommes dans une période extrêmement difficile. Sur la Toile, difficile de passer à côté des tickets de caisse affichant des montants exorbitants ou encore des photos de quelques chouchous ou bred à des prix ahurissants. Dans les commerces, le coût de plusieurs denrées alimentaires mais aussi celui des légumes ont pris l’ascenseur. Une hausse souvent injustifiée qui révolte les consommateurs qui se retrouvent pris à la gorge par cette soudaine flambée de prix.

 

Yeshna Heena a récemment vécu une mauvaise expérience. Jeune maman, elle a choisi de ne pas se rendre au supermarché pour le moment, privilégiant plutôt la boutique du coin afin d’éviter tout risque de contamination. «Mon petit garçon m’a réclamé des petits gâteaux et je n’ai pas pu résister. Nous sommes passés par des moments difficiles depuis le début du confinement et je voulais lui faire plaisir mais j’ai été outrée quand le boutiquier m’a donné le montant. Rs 751 pour quelques gâteaux. Les prix avaient doublé. Un truc qui coûtait Rs 13 est passé à Rs 25. Un yaourt qui passe de Rs 12 à Rs 30, ce n’est pas normal.»

 

Le choc mais aussi la tristesse. Ce sont les sentiments qui ont animé Yeshna dont le fils l’attendait à la maison avec des gâteries. N’ayant pas les moyens de payer une telle somme, la jeune femme a été dans l’obligation de rendre une partie de ses achats. «Ce n’est pas possible d’agir comme ça. Est-ce qu’ils pensent à ceux qui n’ont pas les moyens ? N’ont-ils pas un peu de compassion pour ceux qui se débrouillent comme ils peuvent pendant cette période si difficile ? Mo leker gro kan mo trouve komie dominer zot fer.»

 

Le pire, lance Sthelina Serce, c’est que certains commerçants ne semblent même pas avoir peur des contrôles et répercussions. Alors que le prix de la pomme de terre et de l’oignon a été fixé par les autorités, elle a été victime d’un cas flagrant d’abus. «On est allés chez un marchand pour acheter des pommes de terre. Il les vendait à Rs 40 la livre, soit le prix d’un kilo. C’est vraiment abuser. Mon mari s’est tout de suite rendu au poste de police pour signaler ce cas.»

 

Inacceptable. Hashley Dalloo a du mal, lui aussi, à tolérer les abus de certains commerçants en ce moment. Pour protéger sa famille, ce jeune père a aussi choisi de ne pas sortir. Pour faire ses courses, il a préféré avoir recours au service d’achat en ligne mais grande a été sa surprise quand il a découvert les prix des paniers de légumes proposés. «Quand je vois que certains se permettent de vendre 5 livres de pommes de terre à Rs 500, je me dis qu’il y a un gros problème. Tout est hors de contrôle, démesuré. C’est choquant ! Aujourd’hui, je n’ai plus de légumes chez moi et ça, c’est de la faute de ces commerçants qui profitent de la situation pour augmenter leur chiffre d’affaires.»

 

Aujourd’hui, il se pose de nombreuses questions sur la méthode adoptée par le ministère du Commerce pour veiller au contrôle des prix. Inquiet par la situation, il a même écrit une lettre ouverte au ministre Yogida Sawmynaden. «Il n’y a qu’à aller sur Facebook pour voir le nombre de complaintes. Ça n’arrête pas. Comment est-ce que les autorités contrôlent les prix ? J’aimerais le savoir.» Pour Hashley Dalloo, une chose est sûre, la solidarité et le «mauricianisme» doivent primer en cette période de crise, même si cela doit parfois se faire au détriment de la profitabilité.

 


 

Les autorités passent à l’action

 

Ont-ils finalement décidé de prendre les taureaux par les cornes ? Il semblerait que, suite aux nombreuses complaintes des consommateurs, les ministères concernés aient finalement décidé d’agir. Yogida Sawmynaden, ministre du Commerce, a lancé une mise en garde contre les commerces qui pratiquent des prix abusifs en cette période de confinement national. Ceux qui seront pris dans les filets de la Consumer Affairs Unit risquent même une suspension de leur permis d’opération. Jusqu’ici, plus de 300 contraventions ont été dressées contre les commerçants qui n’affichent pas les prix ou qui pratiquent des prix injustifiés. Le 185 est disponible pour les complaintes.

 

Le ministre de l’Agro-industrie et de la sécurité alimentaire, Maneesh Gobin, a, lui, confirmé que certains créent des pénuries artificielles pour augmenter les prix. «Nous serons sans pitié contre les commerçants malhonnêtes, sans aucun scrupule, qui profitent de la détresse des gens.»

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