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26 mai 2014 12:00
Il ne bougera pas. Cet ancien cadre de la municipalité de Curepipe refuse d’aller habiter ailleurs qu’à Cité Pitot, non loin des Casernes, où il réside depuis plus de 40 ans. Le plan de relogement proposé aux familles de cette cité curepipienne, dans le cadre d’un projet de la municipalité de construire un Permanent Craft Market à cet endroit, il ne veut pas en entendre parler. «La municipalité de Curepipe n’a aucun droit sur cette portion de terre. C’est un don de la famille Emile Pitot. Je ne bougerai pas d’ici. Jamais. Même si on m’offre plusieurs millions ou un terrain dans un autre endroit», affirme ce retraité.
La semaine dernière, Krit Beeharry, conseiller travailliste, a présenté une motion au Conseil municipal de Curepipe pour qu’une dizaine de familles vivant à Cité Pitot soient relogées à quelques mètres de Cité Les Casernes. Il explique : «Nous avons approché les habitants de Cité Pitot pour une discussion franche et honnête. Il n’a jamais été question de faire pression pour qu’ils partent. Nous leur avons expliqué les avantages s’ils choisissent de bouger sur le terrain à proximité des Casernes, qui appartient, lui, à l’État. Ils pourront bénéficier du nouveau programme du ministère des Terres et du Logement, qui a été annoncé dans le dernier budget, selon lequel l’État mettra en vente des terrains pour la somme de Rs 2 000 à ceux qui sont détenteurs d’un bail résidentiel avec tous les avantages que cela comprend.»
Quoi qu’il en soit, Ananda Rajoo, chef de file des Mauves au Conseil municipal de Curepipe, a vivement contesté cette motion. Selon lui, avant d’aller de l’avant avec le relogement, la municipalité doit prendre en considération trois aspects très importants : (1) La responsabilité du conseil envers les habitants, (2) le contenu du testament légué par la famille Pitot et (3) l’étude du projet afin de voir s’il cadre avec le Outline Scheme car le terrain en question est à l’intérieur d’un Prime Site de la ville de Curepipe. «La ville de Curepipe n’est plus ce qu’elle était autrefois. C’est une ville morte après la fermeture des magasins. Il n’y a pas d’animation. D’où mon insistance pour qu’il y ait un projet de développement intégré afin de redonner aux Curepipiens l’envie de se promener jusqu’à fort tard en toute sécurité et non pas venir avec n’importe quel projet comme c’est le cas ici.»
Parmi les habitants de Cité Pitot, il y en a qui sont contre ce projet mais aussi ceux qui sont pour. Jean Eric Favory, 56 ans, devenu handicapé après un accident de la route, vit là depuis une quinzaine d’années. Depuis quelque temps, il est sans électricité faute d’avoir pu payer sa facture. Il approuve sans aucune hésitation la proposition faite par le conseiller Beeharry. «Je vis à Cité Pitot avec mon oncle depuis trois ans sans électricité et sans sécurité. Mo dakor pou al viv pre kot Cité Les Casernes parski enn zour mo kapav vinn proprieter enn terin tandi ki isi mo lokater», dit Jean Eric sous le regard approbateur d’un ami qui vit aussi à cet endroit.
Alors qu’une autre retraitée, âgée de 74 ans et vivant dans cette localité depuis 32 ans, refuse catégoriquement de partir. «Personne n’a le droit de me faire partir d’ici. J’ai choisi de mourir ici. Je suis trop attachée à ma maison et à mon entourage. Je ne quitterai pour rien au monde cet endroit où j’ai de bons souvenirs. Peu importe le prix ou les conditions que m’offre la municipalité», clame la septuagénaire, déterminée.
Voilà un projet qui n’arrête pas de diviser…
La cité est dans un état déplorable.
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