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Propagation fulgurante de la Covid-19 à Rodrigues : les habitants racontent l’angoisse

2 février 2022

Jameson et Clude appellent à la solidarité rodriguaise pour lutter contre le virus.

Elle était parmi les rares territoires du monde à avoir échappé au coronavirus depuis l’apparition de celle-ci il y a deux ans. Mais tel n’est plus le cas. Une toute première contamination locale au virus de la Covid-19 a été enregistrée le mercredi 26 janvier à Rodrigues. Et en 72 heures, le nombre de cas est passé à plus de 300 ! Une nouvelle qui sème la panique et l’angoisse chez les habitants de l’île.

 

«On s’est préparés à cette éventualité depuis deux ans. Mais la préparation était psychologique et là, quand cela se produit réellement, la réalité est autre. Et je peux dire qu’il y a eu un vent de panique chez les habitants de l’île mais aussi une psychose dès l’émergence du premier cas de la Covid-19. Il y a eu une ruée vers les hôpitaux», confie Jameson Ravina, habitant de Montagne-Goyave.

 

Ce premier cas est une habitante de l’île qui a été testée positive à la Covid-19 le mercredi 26 janvier après avoir été admise à l’hôpital pour une forte fièvre. Clude Henrisson, qui habite, lui, du côté de La Ferme, raconte : «C’est une de mes voisines. Je vous assure que cela cause une angoisse inexplicable quand l’ambulance arrive pour embarquer les personnes qui doivent aller en centre de traitement. On réalise que l’heure est grave et aussi à l’extrême prudence. J’ai peur également car ce sont des gens que je côtoie dans mon voisinage. Je vais devoir faire un test pour voir si je suis positif ou non. D’ailleurs, les Rodriguais se côtoient tous si on peut dire, c’est pour cela que les gens sont angoissés. Certains ont aussi fait des achats compulsifs et cela pénalise les autres car les rayons des commerces sont presque vides.»

 

Après la détection du premier cas, un exercice de contact tracing a été lancé dans l’île et 187 cas avaient été répertoriés 24 heures plus tard. Et depuis, ça n’arrête pas d’augmenter. Des chiffres alarmants et une propagation fulgurante qui ont poussé les autorités de l’île à décréter un semi-confinement et un couvre-feu entre 19 heures et 6 heures, et ce jusqu’au 10 février. «L’annonce du semi-lockdown et le fait de savoir qu’il y a des cas actifs de la Covid-19 dans l’île, engendrent, certes, une panique, surtout quand on est pris de court. C’est aussi venu jouer aux trouble-fêtes car les Rodriguais étaient dans l’ambiance des élections. Mais je conseille aux gens de se ressaisir, de ne pas paniquer, d’appliquer les gestes barrières et d’agir en tant que Rodriguais responsables afin de faire reculer le virus», déclare, de son côté, Jameson Ravina.

 

S'unir

 

Ce dernier, qui est aussi enseignant, lance un appel aux parents : «Beaucoup sont angoissés car la majorité des cas proviendraient des établissements scolaires. Je leur demande de faire leur test s’ils ont des doutes mais aussi de limiter les sorties et de rester chez eux avec leurs enfants. C’est en agissant ensemble et de manière responsable que nous pourrons contenir le virus.»

 

Clude Henrisson abonde dans le même sens que son compatriote s’agissant du besoin de s’unir dans ce combat. «Il est vrai que nous étions en plein dans le mood des élections mais pour l’heure, nous ne devons plus penser en termes de couleurs politiques mais en tant que citoyens pour faire face à cette situation. Car au rythme où le nombre de cas évolue, c’est inquiétant.» Notre interlocuteur avance aussi qu’il a déjà noté l’absence de circulation dans son voisinage, en plus du retour des mesures sanitaires, mais regrette tout de même que certains n’en fassent qu’à leur tête en refusant de les appliquer. Car si l’heure est à l’angoisse et la panique à Rodrigues, elle est aussi à la prudence.

 

Les mesures en vigueur

 

L’activation d’un couvre-feu entre 19 heures et 6 heures est déjà en vigueur à Rodrigues en sus du semi-lockdown ;
les déplacements sont ainsi limités. À partir de ce lundi 31 janvier, plusieurs secteurs n’opèreront plus en présentiel et l’Assemblée régionale a prévu des soutiens financiers pour les travailleurs. Les restaurants et snacks opéreront, eux, uniquement en mode take-away. Les commerces n’opérant pas dans les services essentiels resteront fermés, tout comme l’accès aux plages. Les rassemblements publics ne seront pas autorisés. Cependant, les agriculteurs, éleveurs et pêcheurs seront autorisés à se rendre sur leurs lieux de travail, tout en respectant les gestes barrières. Pas plus de deux ouvriers ne devront être présents sur un chantier de construction.

 

Et la situation à Maurice…


Pour la semaine écoulée, à l’heure où nous mettions sous presse, le ministère de la Santé avait fait état de 600 nouveaux cas locaux à Maurice et de 104 cas importés de Covid-19 – 54 Delta et 26 Omicron –, ainsi que de 13 décès. S’agissant du vaccin, 347 736 personnes dans l’île ont déjà reçu leur troisième dose. L’opération de vaccination pour la booster dose continue, alors que celle pour le personnel des écoles se met en place afin de préparer la grande rentrée scolaire prévue pour ce mercredi 2 février.

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