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Propos polémiques du ministre de la Santé : SAJ rejoint la team Gayan

19 octobre 2015

Ce n’était qu’une blague ! C’est ce qu’affirme sir Anerood Jugnauth concernant les propos controversés d’Anil Gayan.

Tout en nuances. Les fifty shades d’Anil Gayan, en quelque sorte. Cette semaine, le ministre de la Santé a décidé de tirer moins sur le (dé)foncé concernant sa prise de position au sujet du programme de la méthadone. Un peu de substance dans son café/thé ? Il voit désormais plus clair. Une action nécessaire face aux critiques et à ceux qui réclament sa démission ? C’est ce qu’il est facile de penser, en toute logique. Néanmoins, celui qui a confié être victime d’un «lynchage médiatique», cette semaine, dit être serein et assumer ses déclarations. Rien que des mots, toujours des mots ? Pourtant, à l’Assemblée nationale, Anil Gayan a mis de l’eau dans son vin : un exercice d’évaluation déterminera l’arrêt ou non du programme de la distribution de la méthadone et d’échanges de seringues (voir hors-texte). 

 

On est loin de sa sortie déchaînée contre ce produit médicamenteux, support pour les usagers de drogue en désintox. De ses propos polémiques concernant un lien entre la victoire de Rajesh Bhagwan aux dernières législatives et sa décision de mettre un terme à ce programme. Les principaux leaders de l’Alliance Lepep n’ont, néanmoins, pas hésité à afficher leur soutien au ministre de la Santé. Pas au fort de la tempête, c’est vrai. Même Ivan Collendavelloo, leader du ML (parti d’Anil Gayan), a patienté quelques jours, après les propos contestés et contestables de son ministre, avant de se prononcer. Le discours était, semble-t-il, bien rodé, en mode «tout mon support». Une situation «normale», selon un député MSM : «C’est la cohésion de l’alliance qui compte. Il était nécessaire de voir le stand d’Ivan avant de décider de la marche à suivre.»

 

L’un des derniers à rejoindre la Gayan team ? Pravind Jugnauth qui, lors d’une inauguration le vendredi 16 octobre, a dit soutenir le ministre de la Santé concernant ses propos sur la méthadone. Et le big boss dans tout ça ? Celui dont l’avis est demandé par de nombreux membres de la société civile et d’ONG. Il s’est exprimé, après un long silence, lors de la passing out ceremony des trainee police constables hier, samedi 17 octobre. Selon lui, Anil Gayan n’a fait qu’une plaisanterie. C’est bien ce que le principal concerné lui a dit. Il ne prend donc pas cette affaire au sérieux. Concernant les ONG qui réclament la démission du ministre ? Le chef du gouvernement ne se sent pas concerné : «Mo pa pran lord ek personn mwa. Ki demision ? Mwa ki deside si bizin ranvoye ou pa», a-t-il lancé avec force et fracas.

 

D’ailleurs, pour la séance parlementaire de ce mardi 20 octobre, Rajesh Bhagwan lui a adressé une question sur une lettre signée de PILS. Dans cette correspondance, l’ONG aurait réclamé la démission du ministre de la Santé suite à ses déclarations lors d’une réunion publique du ML (concernant sa décision d’en finir avec la méthadone). Avant la déclaration de SAJ, on ne s’attendait pas à des déclarations fracassantes du côté de l’alliance gouvernementale, de la part du chef du gouvernement.

 

Impopularité

 

La ligne était claire : il faut soutenir le ministre Gayan. Pour un membre du PMSD, il ne faut pas croire que, parce que le chef du gouvernement n’avait pas encore fait entendre publiquement sa voix sur ce sujet, cela voulait dire qu’il n’y avait pas eu de discussion : «SAJ a sûrement donné son avis. Que tous les leaders des partis de l’alliance aient le même discours, cela montre bien une chose : que tout a été discuté.» Et que la prise de position d’Ivan Collendavelloo a été respectée… avec une petite condition, néanmoins. Que le ministre de la Santé nuance ses propos et qu’il revienne sur sa position tranchée concernant le programme de méthadone. Job done ! La réponse d’Anil Gayan au Parlement, cette semaine, était à des kilomètres de ses premières prises de position.

 

Dans les coulisses du pouvoir, l’impopularité du ministre n’a pas laissé de marbre. Néanmoins, il y a des dossiers plus importants à gérer, assure-t-on. Les «éclats» d’Anil Gayan ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan un peu tumultueux de l’Alliance Lepep : «Le gouvernement n’est pas impopulaire, non. Mais il n’y a plus ce feel good factor d’il y a quelques mois dans le pays. Les masques commencent à tomber. Les promesses à être oubliées. Du coup, je pense que pour les dirigeants de cette alliance, l’épisode Gayan est un peu anecdotique», confie un ancien membre du MSM qui s’est retiré de la vie politique active.

 

À mardi, le chapitre des réactions autour des propos polémiques d’Anil Gayan devrait être clos avec l’allocution du Premier ministre. Les ONG, elles, peuvent respirer un peu mieux avec la nouvelle prise de position du ministre. Reste à savoir si Anil Gayan offrira d’autres nuances… à commenter.

 


 

ONUSIDA à la rescousse

 

Ouf ! Le ministre de la Santé a décidé de faire appel à des experts (et pas uniquement à Google) concernant le programme de la méthadone et celui des échanges de seringue à Maurice. C’est ce qu’il a déclaré au Parlement, le mardi 13 octobre. Les experts d’ONUSIDA devraient s’atteler à évaluer ces deux programmes. C’est suite à une rencontre avec Michel Sidibé, le directeur d’ONUSIDA, qu’Anil Gayan s’est décidé à œuvrer de manière plus professionnelle. Lors de son point de presse hier, samedi 17 octobre, Paul Bérenger a estimé que cette décision du ministre de la Santé n’a rien de cohérent. Selon lui, ONUSIDA avait déjà été très positive sur les retombées du programme de distribution de méthadone.

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