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Quand Cassam Uteem, Marie Michèle Étienne et Kadress Pillay prônent l'apaisement

25 avril 2022

Cassam Uteem, ancien président de la République : «évitez de créer le chaos»

 

«Je constate que le peuple est en colère. Le peuple souffre parce qu’il ne peut manger à sa faim. La hausse répétée des prix des produits de base, la hausse du prix de l’essence, et l’augmentation du prix du gaz, ont été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ; le peuple s’est révolté et c’est naturel. Le droit en toute démocratie de manifester est un droit acquis. De manifester, paisiblement sans avoir recours à la violence, c’est ça la démocratie. Le peuple fait entendre sa voix en ces moments de  grandes difficultés qu’il traverse. L’appel que je fais à la population est de ne pas créer le chaos et d’éviter à tout prix la violence. Sinon, notre pays, nos enfants et nous-mêmes aurions  à subir les conséquences. Nous avons eu la preuve en 1999. Le Premier ministre a d’ailleurs, lui-même, évoqué cet événement, ce tragique incident suivant le décès de Kaya. Je lui dirai qu’il ne faut pas oublier que les mêmes causes ne peuvent avoir que les mêmes effets et il faut faire très attention. Le deuxième appel que je ferai est à la force policière. Je leur dirai de ne pas, en ces temps difficiles, avoir recours à des arrestations à droite et à gauche, comme on dit. Je trouve que l’arrestation de l’activiste Darren et la manière dont il a été traité, ont été perçues comme une provocation. C’est inacceptable. Il ne faut pas ajouter à la provocation. Il y a eu peut-être de la part de la population, une certaine provocation dans sa façon de manifester certes, mais il ne faut pas que la police de son côté soit provocante dans sa façon de faire. Je crois qu’ils ont appris suffisamment de psychologie et de diplomatie pour faire face à une situation comme celle que nous vivons actuellement. Mon appel à la force policière, c’est d’utiliser beaucoup plus de diplomatie et de psychologie que de force dans ce genre de situation.  Mon troisième appel s’adresse au Premier ministre et au gouvernement. Le Premier ministre par intérim est resté trop longtemps silencieux. Je fais un appel au Premier ministre et au gouvernement, pour organiser une table ronde avec les représentants du peuple, des syndicats, des ONG et de pratiquer une politique de vérité sur la question des augmentations des prix.»

 

Marie Michèle Etienne, très engagée pour des causes sociales : «Tous ceux qui ont à cœur l’intérêt du pays, doivent agir pour entendre ce cri du peuple»

 

«Je comprends la souffrance, la colère, la révolte, la déchirure, qui peuvent habiter chacun d’entre nous. C’est extrêmement important et primordial pour moi de pouvoir reconnaître cela, et la situation catastrophique dans laquelle se trouvent plusieurs familles à Maurice. À partir de là, je pense qu’il faudrait engager un processus de dialogue – ce n’est pas évident –, mais c’est possible avec les différentes forces vives et tout ce qu’on a de plus positifs, on va dire, pour engager ce dialogue. C’est plus facile pour quelqu’un de dire sa colère et ensuite de pouvoir dire son ressenti profond que de garder cette colère et d’agir par rapport à cela. Cette deuxième façon de faire, pour moi, n’est pas la bonne en tout cas. Je pense que tous ceux qui ont à cœur l’intérêt du pays, doivent agir pour entendre ce cri du peuple,  reconnaître le cri et agir pour essayer de l’atténuer du mieux possible.»

 

Kadress Pillay, ancien ministre : «Qu'il y ait le dialogue et la communication mais certainement pas de violence»

 

«La colère générale du grand public est compréhensible mais la violence n’est pas justifiable. Nous sommes un petit pays et nous passons par un moment extrêmement difficile et nous ne sommes pas sûrs si demain va être meilleur, mais je l’espère. Il est impératif qu’il y ait le dialogue et la communication mais certainement pas de violence.  Je demande au gouvernement et la police de comprendre que ce public est en colère, a certainement des raisons de l’être et qu’ils se doivent d’être compréhensifs et surtout pas de violence et de représailles.»
 

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