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Quand jeunesse ne rime pas avec discipline

8 juillet 2014

Wendy Ramburrun, étudiante à l’Université de Technologie de Maurice et active dans une association estudiantine, et le sociologue Ibrahim Koodoruth

Des jeunes sèment la terreur dans un établissement scolaire du sud de l’île. Que pensez-vous de tels agissements ?

Wendy Ramburrun : Quand j’entends ce genre de choses, ça me choque forcément. Je me dis que c’est triste qu’il y ait des jeunes qui agissent ainsi et qui ont de telles mentalités. Je croyais que les jeunes, à l’heure de la modernité, avaient évolué et étaient maintenant plus matures.

Ibrahim Koodoruth : De telles choses se produisent parce que nos institutions scolaires ne correspondent pas à nos élèves. Il n’y a pas un projet pédagogique adéquat qui favorise leur épanouissement.

Selon vous, notre jeunesse va-t-elle à la dérive ?

Wendy Ramburrun : Je dirais oui et non. Il ne faut pas tous les mettre dans le même panier. Tous les jeunes ne sont pas pareils. Il y a certaines têtes brûlées qui provoquent ces mauvaises choses. Et par rapport à ce sujet, je pense qu’il ne faut surtout pas généraliser.

Ibrahim Koodoruth : Nos jeunes ne se portent pas si mal. Ce sont nos institutions scolaires qui ne sont plus adaptées. D’après-vous, pourquoi beaucoup se tournent vers les leçons particulières ?

Que pensez-vous du rôle des parents et de l’école dans l’éducation des  jeunes ?

Wendy Ramburrun : Étant donné qu’il y a un problème de generation gap, les parents doivent de plus en plus s’adapter à leurs jeunes enfants et essayer de les comprendre. L’école est, selon moi, le deuxième role model dans la vie d’un jeune. Sa fonction première est de leur inculquer les valeurs de la vie, outre la partie académique, et de leur apprendre à en faire bon usage.

Ibrahim Koodoruth : C’est trop facile de toujours renvoyer la balle aux parents. Il faut se poser les bonnes questions et se demander si nous avons une politique de l’emploi, à Maurice, qui permet aux parents d’avoir un équilibre entre leur statut d’employés et leur rôle de parents. Les parents doivent arriver tôt au bureau. Au cas contraire, ils auront des soucis avec leurs employeurs et le soir, ils sont nombreux à devoir faire des heures supplémentaires. C’est tout cela qui ne permet pas à des parents de pleinement assurer leur rôle.

Quant à l’école, je dirais qu’il est temps de venir de l’avant avec une grande réforme scolaire. Nos politiques ne peuvent pas gérer des jeunes, que j’appellerais «la génération des connectés», avec des lois qui datent. Il faut en finir avec les mesures cosmétiques et venir de l’avant avec des choses concrètes afin que nos jeunes soient correctement formés pour devenir de bons citoyens, armés pour faire face à la vie. Il faut que ces jeunes trouvent, en leur école, un lieu où ils peuvent s’épanouir.

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