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Quand la drogue synthétique brise des familles

Marcelino Laville a été agressé par son fils.

Elle gagne du terrain dans l’île et fait du mal aussi bien à ceux qui les consomment qu’à leurs proches. Ces deux dernières semaines, au moins trois cas ont été recensés. Témoignages de familles dévastées à cause de la drogue de synthèse… 

Elle est accessible, fleurit sur le marché à une vitesse qui inquiète les autorités aussi bien que le public. Ceux qui la consomment peuvent être sujets à des hallucinations, à la paranoïa, entre autres. Elle, c’est la drogue synthétique. Une substance qui fait des ravages notamment chez les jeunes qui en viennent à avoir, dans beaucoup de cas, un comportement agressif vis-à-vis de leurs proches. Des cas d’agressivité suivant la consommation de la drogue de synthèse ont d’ailleurs été recensés pendant ces deux dernières semaines.

 

Marcelino Laville, 52 ans, s’est retrouvé au cœur d’une de ces affaires. Cela fait trois ans que cet habitant de Ste-Croix assiste, impuissant, aux répercussions de la drogue de synthèse sur son fils cadet, Jonathan*, âgé de 21 ans. Et le vendredi 3 mai, il a dû être admis à l’hôpital Jeetoo après avoir été agressé par ce dernier, avant d’être transféré au département des soins intensifs le jeudi 9 mai suivant une délicate intervention chirurgicale. Son fils, lui, a été arrêté et placé en détention.

 

Le vendredi 3 mai, une violente dispute survient lorsque Marcelino Laville rentre du travail. Il apprend de l’un de ses fils que Jonathan réclame, une fois de plus, de l’argent à sa mère pour s’acheter sa dose et qu’il s’est emporté parce que cette dernière le lui a refusé. «J’ai tenté de m’interposer et j’ai essayé de le calmer mais il s’est énervé davantage. Lorsque j’ai eu le dos tourné, il m’a agressé à la tête avec une pierre», raconte Marcelino.

 

Deux de ses amis sont alors venus lui prêter main-forte et les ont conduits, son fils et lui, au poste de police d’Abercrombie. De là, le blessé, qui saignait abondamment, a été conduit à l’hôpital Jeetoo tandis que Jonathan a été appréhendé. Il a comparu en cour sous une accusation provisoire de violence domestique, avant d’être reconduit en cellule, la police ayant objecté à sa remise en liberté.

 

S’il se trouve aujourd’hui dans l’enfer de la drogue, trois ans plus tôt, Jonathan gagnait sa vie comme mécanicien et avait les mêmes passe-temps que les autres jeunes de son âge. Mais au dire de Noellette, sa mère, «il s’est sûrement laissé influencer par ses camarades et les ennuis ont commencé. Il a arrêté de travailler et nous réclamait sans cesse de l’argent pour se procurer sa dose».

 

Loin de baisser les bras, le couple Laville décide d’emmener Jonathan voir un psychiatre et l’envoie en cure de désintoxication. «Il avait aussi commencé à prendre de la méthadone. Mais à chaque fois, il finissait par replonger.» Alors, même si elle est attristée de savoir son fils en prison, Noellette garde l’espoir «que son séjour derrière les barreaux lui donnera à réfléchir et qu’il changera de comportement». Toutefois, son époux n’est pas du même avis : «S’il n’a pas hésité à agresser un membre de sa famille de la sorte, cela aurait peut-être été pire s’il s’agissait de quelqu’un d’autre. J’espère qu’il restera le plus longtemps possible en prison. Je ne veux plus le revoir. Il est allé beaucoup trop loin.» Pour Marcelino Laville, le pardon est difficile à accorder.

 

«Li senti li koupab»

 

Les Lapeyre, eux, ont vécu une situation d’autant plus dramatique la semaine dernière. Ernest, un des leurs, est actuellement en détention pour meurtre. Sous l’emprise de la drogue synthétique, il a mortellement agressé son père Lindsay, 64 ans, dans la soirée du mercredi 1er mai après que ce dernier l’a surpris en train de consommer cette substance illicite. Aux enquêteurs, il a déclaré que son père l’a giflé au moment des faits et que «monn bizin defann mwa. Mo pa kone kinn pas dan mo latet». Ernest lui a alors assené un coup de marteau à la tête, avant de le poignarder.

 

Bien que cette tragédie ait attristé toute la famille, l’entourage d’Ernest Lapeyre reste convaincu que le jeune homme est au fond quelqu’un de bien. «Nous avons pu le rencontrer en cour le vendredi 10 mai. Il semblait tourmenté. Li santi li koupab ek sagrin seki finn arive. Me nou finn fini pardonn li», confie son frère Jesper. Actuellement, la famille Lapeyre se bat afin de faire libérer Ernest, convaincue qu’il a agi de la sorte parce qu’il n’était pas dans son état normal. Elle a ainsi retenu les services d’un homme de loi afin de l’aider.

 

À Port-Louis, cette fois, Yahesh Hookoom, 23 ans, a été arrêté, le samedi 4 mai, après avoir, semble-t-il, consommé de la drogue. Ce jour-là, un habitant de La Rosa donne l’alerte au poste de police le plus proche de son domicile après qu’un jeune a endommagé ses vitres et portes. Une fois sur les lieux, la police de Rose-Belle tombe sur Yahesh Hookoom, un habitant de Belle-Vue Maurel, pris en chasse par les habitants de la localité. Il s’engouffre dans la fourgonnette de la police afin de se mettre à l’abri.

 

Mais alors que les policiers tentent de calmer les esprits, il aurait verrouillé les portes du véhicule avant de démarrer en trombe, écrasant presque un sergent de police au passage, avant d’être appréhendé un peu plus tard. Interrogé, il a déclaré à la police qu’il était sous l’influence de psychotropes au moment des faits et que «enn lavwa inn dir mwa al laba». Il a été admis à l’hôpital psychiatrique Brown-Séquard afin d’être examiné.

 

Un autre cas des répercussions que la drogue de synthèse peut avoir sur les consommateurs et leur entourage…

 

*Prénoms modifiés

 


 

Ces partis en faveur de la dépénalisation du cannabis…

 

Pareille mesure serait-elle une solution au problème de drogue dure et de drogue synthétique ? C’est, du moins, ce que pensent des partis politiques qui ont fait connaître leur position lors des rassemblements du 1er-Mai.

 

Xavier-Luc Duval a notamment annoncé que le PMSD est en faveur de la dépénalisation du gandia, car dit-il, c’est le seul moyen de stopper l’ampleur que prend la drogue synthétique. Quant à Navin Ramgoolam, du Parti travailliste, il a déclaré qu’«il faut être moins dur vis-à-vis des consommateurs de cannabis». De son côté, Roshi Bhadain, du Reform Party, a laissé entendre que, s’il est au pouvoir, il ferait introduire le cannabis médical.

 

Alan Ganoo, lui, a fait connaître sa position bien avant les meetings du 1er-Mai. En mars, lors d’un rassemblement politique, il a dit que s’il accède au pouvoir, la dépénalisation du cannabis ferait partie du programme du Mouvement patriotique.

 


 

Le bureau du DPP évoque les lois sur le «gandia»

 

Dans sa newsletter mensuelle, il a soulevé un sujet qui ne cesse de faire débat : les lois sur le cannabis. Le bureau du Directeur des poursuites publiques (DPP) a attiré l’attention sur les nombreux pays l’utilisant à des fins médicinales. Selon lui, si l’ONU change de position sur le sujet, Maurice devrait songer à revoir ses lois.

 


 

Pascal Laroulette mène la lutte

 

«To ena plis valer ki enn sering, to ena plis valer ki ladrog.» C’est son message à la jeunesse mauricienne. Au lieu de consommer de la drogue, «vinn pran yenn dan lanatir».

 

Pascal Laroulette, volontaire au sein du Groupe A de Cassis, s’est lancé dans la lutte contre la drogue. Actuellement, le jeune homme de 34 ans fait beaucoup parler de lui et de son Twenty Peaks Challenge, soit le pari fou d’escalader 20 montagnes en 12 jours dans l’optique de «responsabiliser les citoyens par rapport au patrimoine écologique et soulever des fonds pour faire de Lakaz A une vitrine écologique».