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23 mars 2020 16:51
S’il y a bien un endroit qui démontre bien la panique et la peur des Mauriciens face au Covid-19, c’est un supermarché. La foule, les étagères vides, les caddies qui débordent, les gens qui achètent en masse... Les grandes surfaces ont été, ces derniers jours, le théâtre de scènes souvent surréalistes. Avant même l’annonce des trois premiers cas de Covid-19 à Maurice et la décision du gouvernement de décréter un confinement national, de nombreux Mauriciens avaient déjà envahi les supermarchés pour stocker de la nourriture. Pendant plusieurs jours, les grandes surfaces ont été prises d’assaut par des Mauriciens venus faire le plein de riz, de farine, d’eau, de conserves et d’autres produits de nécessité. Ces derniers jours, les images illustrant cette frénésie a inondé les réseaux sociaux, suscitant souvent indignation et incompréhension.
Dans la matinée du vendredi 20 mars, au lendemain de l’annonce d’un lockdown par le Premier ministre, plusieurs Mauriciens, munis de leur masque de protection, se sont rués vers les commerces pour faire le plein alors que la consigne spécifie de limiter au maximum les déplacements et le contact avec les autres en cette période de crise sanitaire. Des files d’attente kilométriques sans respect, qui plus est, du mètre de distance entre chaque client, devant les supermarchés et les pharmacies ont une fois de plus été observées.
Une situation incompréhensible pour de nombreuses personnes dont Richarles Muthen qui sort d’un supermarché de St-Pierre. «Je suis venu au supermarché parce que je fais toujours mes courses à cette date. J’ai été surpris de voir à quel point certaines personnes abusent. Je trouve que les Mauriciens n’ont pas de manière de vivre.» Géraldine Hemraz, elle, est sortie du supermarché sans caddie et sans sacs qui débordent d’aliments. En fait, si elle s’y est rendue malgré le confinement national, c’est pour s’acheter un gâteau à l’occasion de son anniversaire. «Je voulais au moins fêter ça et je suis donc venue prendre mon gâteau d’anniversaire.» La situation actuelle, dit-elle, lui rappelle un peu les émeutes de 1999, lorsque les Mauriciens ne sortaient plus de chez eux. Cependant, pas question pour la jeune femme de céder à la panique. «Si on prend bien toutes nos précautions, ça ira.»
Un peu plus loin, à Bagatelle, les Mauriciens font toujours la queue pour entrer dans le supermarché. Foodlovers a placardé des affiches appelant les clients à respecter les 1 mètre de distance entre eux. Les portes sont closes et un employé surveille les entrées. À la pharmacie du coin, même règlement. Après une première journée chaotique, le jeudi 19 mars, les responsables ont décidé d’installer au sol des marquages pour que les clients respectent le social distancing. «Nous étions vraiment dépassés, comme tout le monde je pense. C’était presque une situation insensée. Nous avons donc pris des dispositions. Nous ne laissons entrer que cinq personnes à la fois», lance l’une des responsables. Il a fallu attendre le vendredi après-midi pour que les choses se calment un peu.
Face à l’affluence, Intermart, pour sa part, a dû renforcer les mesures de sécurité, comme l’explique Jean-Marie Paris, responsable de la sécurité. «Nous laissons entrer seulement 10 personnes à la fois. Elles doivent aussi se nettoyer les mains avec le sanitizer que nous avons installé à l’entrée du supermarché.» La grande surface a aussi décidé de rationner les produits afin que tout le monde puisse en prendre. Surmenés et souvent à bout de souffle en cette période de crise, les employés des supermarchés essaient tant bien que mal de répondre à l’appel. Chez toutes les autres enseignes, la priorité est de protéger le staff. Du coup, tout le monde porte le masque et les gants.
Pas question non plus, affirme Muftar Hoota, responsable de magasin chez Jumbo, d’aller à l’encontre des consignes du gouvernement. Toutes les mesures sont appliquées à la lettre. «Nous travaillons en fonction des instructions.» Pour le moment, dit-il, pas de pénurie de produits. Si les étagères sont vides, c’est soit parce que les employés sont débordés et n’ont pas le temps de les remplir, soit parce qu’il faut attendre la livraison du fournisseur.
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