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Par Yvonne Stephen
18 avril 2016 02:37
Une seconde. Rien de plus, rien de moins. Le temps d’apercevoir, au détour d’une allée, l’impressionnant bâtiment dont la blancheur immaculée tranche avec le ciel d’un gris fade d’une journée pluvieuse et glaciale à Shanghai. Il n’en fallait pas plus pour faire oublier les longues heures de vol, le trajet en car et le froid qui s’est installé, à durée indéterminée, sur l’épiderme. Les regards se dirigent instinctivement vers lui, ce paquebot vendeur de rêves, comme aimantés. Le géant des mers, le plus jeune, le plus moderne de la flotte du Royal Caribbean, plus long que cinq Boeing 747, est là, à quelques minutes. À portée de désirs ! La découverte de cet immense paquebot, organisée par Cathay Tours et Cruises International en collaboration avec Air Mauritius, est lancée. Larguez les amarres ! Le cœur bat au son du bâbord, tribord.
L’expédition, nourrie par les images de croisières (vous êtes plutôt Kate Winslet ou Leonardo DiCaprio ?) et par les histoires fantasmées d’une vie sur un paquebot de luxe, peut commencer. Avant ça, bien sûr, il faut s’adonner à une multitude de petites vérifications d’identité. Photos par-ci, photos par-là, partout où vous irez sur le bateau de croisière, vous serez connu et reconnu. D’ailleurs, très vite, vous comprendrez qu’il ne faudra jamais vous séparer de votre carte d’accès. Sorte de sésame pour profiter pleinement de tout ce qui est offert sur le bateau. En ce début d’avril, l’itinéraire du Quantum of the Seasest asiatique : départ de Shanghai, escale au Japon et retour au port d’origine.
Il faut emprunter un long corridor en acier, entrecoupé de courants d’air à cause de fenêtres ouvertes, avec vue sur le bateau, pour accéder à ce paquebot de plusieurs étages. Et en quelques secondes, le passage d’un monde à l’autre s’effectue. Le changement est d’abord une question de température. Dans le bateau, il fait bon. Ensuite, c’est le décor qui vous transporte ailleurs que dans le port. Bienvenue dans un monde de luxe : boiserie et lumières, moquettes et œuvres d’art, escaliers tournicotants et boutiques luxueuses… Alors que les passagers – il s’agit majoritairement de Chinois – découvrent la splendeur du paquebot, il est très vite question de se repérer : plusieurs decks, plusieurs ailes, il faut un sens de l’orientation qui fonctionne un minimum pour se retrouver dans cet immense hôtel flottant.
Heureusement que tout est bien indiqué ! Et puis, au fil des jours et des aventures tâtonnantes sur le bateau, on finit par trouver un sens à ce quartier animé onthe sea. Et puis, il fait bon se perdre un peu. Cela permet de découvrir une piscine intérieure, puis une autre (un solarium réservé aux adultes) avec bar et jacuzzi chauffé. Un mustcar le printemps sur les mers asiatiques, ça ne permet pas de faire plouf dans la piscine extérieure. Brrrr. On peut aussi s’aventurer sur le toit du bateau et découvrir une immense peluche rose qui veille sur les habitants de cette maison flottante, un morceau de vieux bus et une pancarte, rose flashyqui hurle «Carpe Diem» ! Au détour d’un étage manqué, il est possible de se prendre en photo sur une marche en verre transparent pour se sentir… dans le vide !
À la recherche de la salle de sport, vous pourriez tomber sur une diffusion en 3D du dessin animé Homeet profiter gratuitement d’une salle obscure. Ou vous servir un wrapfrançais et un café (délicieux à bord) pour le goûter (La Promenadeet le Café@Two70 sont ouverts pratiquement toute la journée et les petites gourmandises proposées sont gratuites) et tomber sur les personnages grandeur nature du film d’animation Shrek… pour un immense câlin et une photo ! Dans votre expédition sur l’eau, vous pourrez donc tomber sur mille et une surprises. Prendre le temps de voir les vagues faire la course sur l’eau et refaire votre monde en admirant la pluie qui tombe en cascade le long des baies vitrées. Se laisser vivre sur l’eau au gré du roulis. Sans tension…
Mais il est possible de planifier vos journées également. Tous les soirs, un daily plannerest déposé sur votre lit par le responsable de votre chambre (qui s’occupe de votre bien-être, du nettoyage, de vos besoins en serviette et en eau et qui, accessoirement, vous fait des chiens et des cochons comme décoration de lit !). Grâce à cet agenda, vous pouvez vous concocter une journée de folie : petite sortie au spa, séminaire sur comment se débarrasser de ses rides et tout plein d’activités pour les ados et les enfants. Chouette !
En soirée, avant ou après le dîner : des spectacles de magie, des animations diverses (karaoké, line dancing, entre autres) et des spectacles hors normes. Le StarWater Show, par exemple, vaut le détour : comment oublier la reprise d’Ain’t No Sunshinepar une chanteuse suspendue dans les airs et entourée de danseurs à la musculature parfaite ! De quoi donner le tournis. Et en parlant de ça, le mal de mer, ça donne quoi ? Rien à signaler dans les parties communes. Parfois, vous vous demanderez même si vous êtes sur un bateau. Néanmoins, dans la chambre, par temps mauvais comme ce fut le cas pour cette croisière, ça tangue pas mal ! N’oubliez donc pas un petit cachet au cas où vous vous sentez nauséeux/euse le premier soir. Après, le corps s’habitue très vite, no stress !
D’ailleurs, un peu de mal de mer, ça vous fera des histoires à raconter de retour chez vous. Mais il y en aura d’autres, tellement d’autres...
Le Quantum of the Seaspropose des activités hors normes : le sky diving, pour une expérience de vol au top, le flowrider, pour une envie de surf ou un tour spectaculaire dans une tour de verre pour admirer le monde.
Ne ratez pas le Bionic Bar : un robot qui vous fait des cocktails, c’est super chouette !
Rien à dire ! La nourriture à bord de ce paquebot est délicieuse. Vous avez à votre disposition pas moins de 20 restaurants pour varier les menus et les plaisirs. Plusieurs lieux sont disponibles gratuitement dans votre package(American Icon Grill, Chic, Silk, The Grande, entre autres). Mais les signature restaurants,comme celui du célèbre Jamie Olivier, sont payants.
Pour les amateurs des jeux de hasard et de cartes, un immense casino est à votre disposition.
Envie de grandes marques ? Vous serez servi à bord. En plus, des saleset des tirages au sort sont organisés pendant le séjour. Vous aimez les oeuvres d’art ? Une vente aux enchères d’œuvres d’artest aussi organisée.
Il existe plusieurs types de chambres à bord (et les prix varient en fonction des chambres, bien sûr) : une sans ouverture (mais avec un écran donnant une vue virtuelle), puis celle avec hublot et celle avec terrasse. Dans une autre catégorie, il y a la suite avec baignoire et espaces plus grands et, enfin, l’impressionnant loft en duplex avec salon, dressing et chambre à l’étage.
Pas de barre de navire immense, en bois travaillé, marqué par le temps et les manœuvres des capitaines. Non ! Dans la salle de contrôle, à l’avant du bateau, vous vous croirez dans un épisode d’une série B futuriste. Des manettes, des petits boutons, des dizaines d’écrans et une vue imprenable sur l’océan qui s’étire à perte de vue. C’est de là que le capitaine Srecko Ban, le maître du paquebot qui vient de Croatie, supervise l’avancée du bâtiment sur mer. Et c’est un peu son bébé car il a supervisé les derniers mois de construction du Quantumet l’a sorti de son hangar, en Allemagne, pour son premier bain de mer : «C’est ma fierté ce bateau et je peux dire que c’est un des vaisseaux les plus avancés en matière de technologie.» Malgré tous les gadgets permettant une conduite optimisée, le capitaine s’assure toujours que la cabine de pilotage ne soit pas vide : «Il y a toujours du monde ici pour surveiller. On peut, bien sûr, passer en pilote automatique, mais on ne peut pas prévoir les changements de trajectoire de dernière minute d’autres bateaux, alors il vaut mieux être sur le qui-vive tout le temps.»
Une véritable petite ville, loin des regards. Là où les repas de la plupart des restaurants présents à bord sont préparés quotidiennement. C’est Lin Law, Executive Chefdu Quantum of the Seas, Chef cuisinier d’origine chinoise qui a grandi à Amsterdam, qui se charge de cette visite hors norme. Loin du regard des croisiéristes, cette partie du bateau tourne pendant de longues heures afin d’offrir le petit-déjeuner, le déjeuner, le dîner et les encas aux personnes présentes à bord (les touristes, mais aussi les employés). Pour s’assurer qu’il n’y ait aucune contamination, les aliments sont préparés séparément (les légumes d’un côté, le poulet d’un autre, par exemple) et des règles d’hygiène strictes sont observées. Imaginez que tout le monde sur le bateau consomme de la viande contaminée : ce serait une catastrophe ! Au quotidien, ce sont des quantités astronomiques de nourriture qui sont processeddans ces immenses espaces chromés. Les soupières et les saucières sont tellement immenses qu’elles peuvent contenir trois à quatre personnes, confie Lin Law. Le budget par jour pour la nourriture : $ 100 000 ! Pour le nettoyage, d’immenses lave-vaisselle font le travail. Les restes de nourriture sont stockés et servent à nourrir les poissons une fois au port.
Pour utiliser Internet, il vous faudra payer un package, prévoyez-le dans votre budget.
À la fin de votre séjour, il vous sera demandé de payer des gratuity fees, des pourboires.
Le café, le thé glacé, l’eau et le jus sont disponibles à volonté sur le bateau. Néanmoins, si vous voulez consommer des boissons alcoolisées et des boissons gazeuses, il sera nécessaire de payer pour un beverage package… ou alors de consommer (grâce à votre petite carte de chambre et de régler à la fin de votre voyage).
…et ce sont les trois Mauriciens qui bossaient sur le Quantum of the Seas lors de la croisière. Nous les avons rencontrés pendant leur moment de pause…
Pradeep Sewdhone a 31 ans. Il vient de Flacq. C’est son deuxième contrat à bord d’un bateau de croisière de la Royal Carribean. Il en a visité des pays depuis qu’il a décidé de faire carrière dans le monde de la croisière : l’Italie, Saint-Mart, les états-Unis, pour ne citer que ceux-là. Il est au service dans les différents restaurants du bateau, bosse environ 14 heures par jour, tous les jours pendant un contrat sur un cruise(qui dure six à sept mois). Un rythme de vie qui n’est pas toujours évident : «Oui, c’est fatigant. Mais il faut aimer son travail et le faire avec amour.»Il a un garçon de 4 ans et une femme au pays : «C’est bien ma famille qui me manque le plus. Mais je préfère ne pas y penser, sinon je ne pourrai pas travailler.»Pour les jeunes qui veulent se lancer, il a deux conseils. D’abord, il insiste sur l’importance d’avoir de l’expérience dans l’hôtellerie afin de pouvoir décrocher un contrat. Ensuite, une fois à bord, sur l’importance de respecter les règles : «Il faut faire son travail correctement, ne pas s’absenter, ne pas boire trop d’alcool. Et puis, il est essentiel de ne pas être trop familier avec les clients. Il est interdit d’aller dans leur chambre. D’ailleurs, si tes proches viennent sur le bateau, il y a toute une procédure à suivre afin de passer du temps avec eux.»
Sanjeev Lallchand est deck supervisor. Il a 46 ans et vient de Chemin-Grenier. Cela fait sept ans qu’il travaille sur les bateaux de croisière : «C’est un choix pas toujours facile à assumer, mais c’est la seule façon de pouvoir avancer financièrement.» Il n’embarque pas seul. Sa femme est aussi avec lui sur la plupart de ses périples en mer : «Nous essayons de faire coïncider nos vacances pour que nous nous retrouvions à Maurice, ensemble. Mais ce n’est pas toujours facile. Elle vient me rejoindre bientôt.»Et l’homme ne passe pas ces longs mois en mer en toute sérénité : ses deux enfants sont à Maurice : «Latet fatige, nu pans zot. Me ki pu fer ?»
Ziad a 31 ans, il vient de Curepipe. Il est marié. Avant de se lancer dans l’aventure croisière, il a travaillé dans le secteur de l’hôtellerie. Néanmoins, il a décidé de prendre la mer pour se faire un peu d’argent et gonfler ses économies pour ses futurs projets à Maurice :«Nos repas sont fournis, nos uniformes aussi. Nous ne dépensons pas vraiment, c’est une bonne chose.»
Des envies d’ailleurs… dans le luxe. Des rêves de découvertes de pays différents, sans stress. Les croisières, c’est un peu ça, explique Jimmy Tan Yan, Managing Director de Cathay Tours, entreprise locale qui représente les compagnies de croisière Royal Caribbean et Celebrity à Maurice et dans la région. Grâce à cette ouverture sur l’île, il peut proposer des aventures sur l’eau dans différentes parties du monde : la Scandinavie, l’Amérique du Sud, l’Alaska. Néanmoins, Jimmy Tan Yan conseille, pour une première croisière, un tour en Europe, afin de découvrir les grandes villes du vieux continent et répondre à ses désirs d’ailleurs. Ensuite, l’aventure peut commencer encore et encore : «On fait une croisière et on a envie d’autres.»C’est d’ailleurs suite à sa première expérience de croisière en Europe, il y a 14 ans, qu’il décide de contacter ces entreprises internationales afin d’offrir la possibilité aux Mauriciens de découvrir la vie sur le bateau. Aujourd’hui, Cathay Tours propose des packages au top pour ceux qui veulent voyager par paquebot – ou par avion ! – pour découvrir le monde : «Tout est organisé. L’hébergement, les billets d’avion, le transfert, les tours. Nous nous occupons de tout. Tout est bien ficelé et du coup, il n’y a pas d’angoisse.»De plus, l’avantage majeur de faire une croisière est de passer de pays en pays sans les nombreuses étapes de sécurité dans les aéroports, les longs vols et les changements d’hôtels : «On prend son sac à dos et on va visiter. Le soir on rentre, on dîne, on regarde un spectacle. On a la même chambre, nos affaires sont en place. C’est voyager sans stress.»
Pas inaccessible. Il est loin le temps où les croisières semblaient hors de prix ! D’ailleurs, selon Jimmy Tan Yan de Cathay Tours, faire une croisière coûterait moins cher que de visiter plusieurs pays par la voie des airs uniquement. Du coup, de plus en plus de Mauriciens se tournent vers cette forme de voyage pour se faire des souvenirs. Une excellente chose, selon Marie-Christine Suzor, Personal Assistantdu CEO de Cruises International, basée en Afrique du Sud et qui représente les grandes compagnies de croisière. Cette Mauricienne qui vit à Johannesburg s’occupe donc du dossier mauricien et se dit heureuse de voir l’intérêt que les Mauriciens portent aux croisières. Du côté d’Air Mauritius également, on s’intéresse à cet engouement. Raj Beedassy, PR & Events Managerde la compagnie nationale d’aviation, confie que des prix spéciaux, dépendant de la saison et du taux de remplissage de l’avion, sont proposés aux Mauriciens qui partent en croisière : «Nous offrons aussi la possibilité de modifier sensiblement la formule du billet aller-retour. Par exemple, prenons une croisière qui débute à Singapour et se termine à Hong-Kong. Le premier vol est pour Maurice-Singapour. Mais la personne n’est pas obligée de rentrer au Singapour pour rallier Maurice. Elle peut le faire
de Hong Kong.»
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