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13 novembre 2023 18:25
7 novembre 2019 - 7 novembre 2023... Quatre ans depuis que l’Alliance Morisien, soit le MSM avec ses partenaires, a pris les rênes du pays sous la houlette de Pravind Jugnauth comme Premier ministre. Entre les polémiques et autres scandales qui ont jalonné ces dernières années et entaché l’image du gouvernement, notamment l’affaire «Constituency Clerk» et les deux accusations formelles qui pèsent sur Yogida Sawmynaden, ex-ministre du Commerce, l’opposition qui n’arrête pas de parler de «gestion catastrophique» de la part du régime en place, sans oublier les dossiers brûlants qui occupent actuellement l’actualité, dont le projet hôtelier décrié à Anse-la-Raie, le débat sur la Contribution sociale généralisée (CSG) ou encore les problèmes d’hygiène dans les hôpitaux, les choses ne semblent pas être de tout repos pour l’équipe dirigeante.
Quoi qu’il en soit, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, n’a cessé, ces dernières semaines, d’afficher une attitude positive, surtout après le verdict du Privy Council en sa faveur après la pétition électorale déposée par Suren Dayal. Avec assurance et confiance, il a multiplié les déclarations pour démontrer que tout va bien dans son camp et pour mettre en avant les progrès, développements et autres réalisations : «Ena dimounn ki anvi trouv nou pei avanse me ena ki met ros lor larout. Enn par enn, nou pou anlev sa bann ros-la», a-t-il déclaré le jeudi 2 novembre, lors de la cérémonie pour commémorer l’arrivée des travailleurs engagés à Maurice. Durant la semaine écoulée, c’est lors d'un discours dans le cadre de la fête de Divali qu’il a démontré que son camp est requinqué. «La population a toujours su faire le bon choix et je sais que vous ferez de nouveau le bon choix», a-t-il dit, laissant entendre que son gouvernement est serein.
Mais qui dit anniversaire dit aussi bilan. L’équipe dirigeante est-elle à la hauteur ? Les résultats sont-ils visibles ? Les promesses ont-elles été tenues ? Les scandales qui font l’actualité entachent-ils le mandat du régime qui est à la tête du pays ? Pour les principaux concernés, ces quatre ans au pouvoir peuvent être définis par le travail effectué. C’est ce qu’explique Naveena Ramyad, Chief Whip du gouvernement. «Comment se sont passées les quatre années écoulées ? Je dirais que les résultats le démontrent. C’est le travail dur, avec beaucoup de sérieux, qui prime. Nous sommes un gouvernement serein, stable, qui a pu sortir la population de la pandémie de Covid-19 dans la dignité, tout en continuant d'avancer aux côtés de la population», souligne Naveena Ramyad, en mettant en avant la stabilité qui règne dans son camp : «Notre devise a toujours été de mettre le Mauricien au centre de toutes les actions que nous avons entreprises. C’est un gouvernement qui a démontré qu’il travaille dans la stabilité et qui s’assure que la légalité prime dans la fraternité et surtout, en mettant l’humain, le Mauricien, au coeur de ses préoccupations.»
Et qu’en est-il des scandales, polémiques, dénonciations de l'opposition et affaires judiciaires, comme celle impliquant Yogida Sawmynaden, entre autres points noirs au tableau ? «Le judiciaire, le législatif et l’exécutif dans une démocratie fonctionnent séparément. Je rappelle que personne n’a été condamné jusqu’à l’heure. Les polémiques font partie de la politique et nous, au sein du gouvernement, avons toujours laissé la démocratie travailler dans son ensemble avec l’exécutif qui fonctionne séparément du judiciaire et du législatif», réplique la Chief Whip qui dit être confiante pour l’avenir : «L’année à venir s’annonce encore plus laborieuse parce qu’avec la reprise économique, on doit travailler encore plus dur pour que le développement et le progrès continuent et que tout le monde, toutes les villes et tous les villages du pays puissent être partie prenante des développements et soient au même niveau.»
Du côté de l’opposition, c’est un tableau complètement noir qui est dépeint lorsque les quatre ans écoulés sont passés à la loupe, entre les «scandales, la mauvaise gestion ou encore le problème du pouvoir d’achat des Mauriciens», parmi tant d'autres choses. «Comme la population mauricienne, on peut constater la performance de ce gouvernement au quotidien. Cela, à travers tout ce qui se passe tous les jours. Par exemple, la fameuse réforme de la pension : la CSG. Résultat : il y a maintenant zéro sou dans la caisse. On a pris Rs 25 milliards de nos poches, payées par les contribuables et maintenant, on est sans fonds. Concernant les grosses sommes qui ont été investies dans les drains, nous pouvons encore voir les résultats. Certes, on fait face à des catastrophes imprévisibles, mais on a fait des promesses pour améliorer le système. Par contre, il n’y a pas eu d’innovation dans la façon de construire. Et nous voyons les résultats. On construit des drains qui sont inadaptés. Avec toutes les technologies qu’on a, sans oublier la Land Drainage Authority qui est là aussi, on n’arrive pas à faire des drains appropriés. Même constat concernant le captage des eaux alors qu’on nous avait promis un approvisionnement 24/7», nous déclare Kushal Lobine, porte-parole de l’opposition.
Pour lui, plusieurs dossiers attestent de l’échec du régime en place. «On a eu la mauvaise gestion concernant le Wakashio. Je ne veux pas critiquer juste pour être critique. Je donne des faits. Au fil des années écoulées, on a eu à faire face à une pandémie qui nous a affectés grandement. On a été des patriotes et on est tous restés solidaires. Nous, au sein de l’opposition, comme dans tous les pays démocratique, on avait demandé un select committee spécial pour pouvoir gérer cette crise, mais le gouvernement, avec une arrogance déconcertante, nous avait répondu "non" ! Et on a vu ce qu’a donné leur gestion de la Covid avec, notamment les quincailleries et les bijouteries qui ont eu des contrats mirobolants sans passer par les appels d’offres. Tout cela, c’est le bilan négatif de ce gouvernement. Ce sont des faits. Ce ne sont pas que des slogans ou pour dire que nous, l’opposition, ne faisons que critiquer.»
Comment évaluez-vous la performance du régime en place après quatre ans au pouvoir ? C’est la question que nous avons posée à Padma Utchanah, présidente du Ralliement citoyen pour la patrie, qui est en alliance avec Linion Moris. Pour elle, l’équipe au pouvoir n’a pas su être à la hauteur des attentes des citoyens. «Chaotique et antirépublicain... Voilà comment je dénonce la performance du régime. Au-delà des allégations de corruption, il y a des scandales d’État, tels que le crime politique dans l’affaire Kistnen, le sniffing, une affaire d’espionnage d’État à État mettant en danger notre souveraineté et notre sécurité nationale. Notre diplomatie à l’internationale a été mise en péril. Outre ces scandales d’État, notre démocratie est en recul dans notre pays. Le renvoi des élections municipales témoigne de ce déclin», souligne Padma Utchanah, qui met aussi en avant les finances du pays.
«La dette publique s’élève à Rs 500 milliards. Ce régime alourdit davantage la dette extérieure et ce sont les Mauriciens qui vont devoir payer cette facture colossale. Pravind Jugnauth a l’impression de mettre aisément le peuple dans sa poche en faisant subtilement des "cadeaux électoraux" mais il doit savoir que la politique n’est pas une science exacte, elle est en perpétuel mouvement. Rien n’est statique. La politique réserve de belles surprises comme l’atteste le sondage de l’express où 68% des Mauriciens veulent un nouveau leader politique. À Linion Moris, nous croyons fermement à ce changement. La population mauricienne est en lassitude de ce modèle dynastique à bout de souffle. À Linion Moris, nous mettons tout en œuvre pour donner un grand coup de pied dans la fourmilière», conclut Padma Utchanah en parlant de la gestion du pays par le gouvernement en place qui a fêté ses quatre ans au pouvoir le mardi 7 novembre...
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