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8 septembre 2015 17:27
Chaque année, c’est le même scénario : le rapport de l’Audit est rendu public, de gros gaspillages sont relevés dans tous les secteurs, les réactions affluent et le document est «classé» dans un tiroir. Nous n’exagérons rien, n’est-ce pas ?
Il faut tout d’abord bien comprendre le rôle du bureau de l’Audit. Le poste de directeur de l’Audit est un poste constitutionnel. Sa fonction principale est de faire de l’independent reporting et de s’assurer qu’il y ait une amélioration dans le fonctionnement de l’administration publique.
Ce n’est pas vrai de dire qu’il y a des gaspillages partout. L’Audit fait état de mesures correctives qui doivent êtres prises pour améliorer les services publics. Le bureau de l’Audit fait un constat, c’est au gouvernement de donner suite au rapport. C’est aux élus de s’assurer que les mesures correctives soient prises et que le rapport n’aille pas dormir dans un tiroir.
Dans le rapport, il est ainsi question de mauvaise gestion des ministères qui sont jugés trop dépensiers. Qu’en pensez-vous ?
Bien sûr, un travail doit être fait, mais à quel prix ? Le bureau de l’Audit a, à maintes reprises, attiré l’attention sur une série de manquements dans les ministères, dénonçant un manque de supervision à cause justement d’un manque de personnel. On ne peut pas venir dire qu’on a payé trop de fonctionnaires en heures supplémentaires. C’est le budget qui n’a pas fait provision pour remplir des postes vacants.
Cependant, il est vrai que l’Audit a effectivement attiré l’attention, par exemple, sur le fait que certains contracteurs n’ont pas été à la hauteur, soit pour des travaux ou alors pour les Watch and Security Services dans les écoles. C’est la politique de privatisation qui en est responsable.
Il y a un manque de monitoring sur les services de sécurité et pourtant les contrats continuent à être alloués au privé avec l’argent public. Qui est responsable, par exemple, si les Rs 2 milliards qui représentent des loan instalments de neuf corps paraétatiques et huit autres organismes n’ont pas été remboursées ? Qui est responsable s’il n’y a pas eu de feasibility study dans plusieurs cas, comme, par exemple, pour le Tourist Village ou l’Automatic Speed Enforcement Camera Project. Ce qui est, d’ailleurs, contre les règlements.
Dans beaucoup de ministères, l’Audit souligne que le service souffre par manque de personnel. L’annonce, par le Premier ministre et le ministre des Finances, que les 7 000 postes vacants dans la fonction publique seront bientôt remplis, permet d’espérer une nette amélioration des services.
Faudrait-il une réforme du bureau de l’Audit ?
L’Audit doit venir, selon moi, avec un rapport pour les premiers six mois de l’année sur chaque département et doit leur donner la possibilité d’améliorer leur gestion avant de venir avec un rapport final à la fin de l’année. Chaque ministère devrait mettre sur pied une cellule, avec la collaboration des syndicats, pour le suivi des projets en cours, dans un souci de démocratie participative.
Le Public Accounts Committee (PAC) doit également permettre à la société civile de participer à ses travaux pour plus de transparence. Le PAC devrait se réunir tout le long de l’année et s’assurer qu’il y ait un suivi de ses observations. Bien sûr, je suis en faveur de plus de pouvoir au PAC.
Que faudrait-il faire, selon vous, pour diminuer les pertes de fonds publics ?
Il y a des décisions politiques à prendre. Par exemple, en finir avec l’outsourcing et la privatisation des secteurs publics, car cela ouvre la voie à des abus au détriment de la population. Il faut remplir les postes vacants au plus vite et former tous les fonctionnaires indistinctement sur les valeurs et l’importance d’un service de qualité.
Dans le même ordre d’idées, il faut que chacun assume ses responsabilités et qu’on en finisse avec cette habitude de jeter les blâmes sur les subordonnés. Les politiciens ont un rôle important à jouer dans tout cela. Je suis aussi pour que les différents boards de direction assument pleinement leur rôle et qu’ils arrêtent de se cacher derrière les représentants des ministères.
Marié et père de deux enfants, Radakrisna Sadien compte une longue carrière dans le syndicalisme : «J’ai rejoint le mouvement syndical en 1977. En 1981, j’ai occupé le poste d’assistant secrétaire au sein de la Government Services Employees Association. J’ai, par la suite, occupé plusieurs fonctions : secrétaire général, vice-président et Organising Secretary. En 1992, j’ai été Acting President pendant six mois et c’est le 17 mars 1993 que j’ai été élu président pour la première fois. Aujourd’hui, cela fait 22 ans que je suis président de cette instance et j’en suis à mon douzième mandat.»
Quelle actualité locale a retenu votre attention ces derniers temps ?
L’affaire BAI a davantage polarisé mon attention, surtout en ce qui concerne l’angoisse et la souffrance des employés et de leur famille. Malgré la volonté des uns et des autres, je constate toujours de la confusion et beaucoup d’incertitude. Pour moi, Courts a aidé de nombreuses familles à meubler leur maison avec le système de vente à tempérament. Courts a permis à beaucoup de familles de jouir d’un certain confort.
Et sur le plan international ?
J’ai de la peine quand je vois comment les migrants doivent fuir leurs pays pour se retrouver en situation irrégulière. La souffrance des innocents doit interpeller tout le monde. C’est en voyant cela qu’on réalise combien il fait bon vivre dans notre île, malgré tous nos problèmes. Il ne faut cependant pas laisser certaines personnes bouleverser notre quiétude. Il faut ainsi commencer par régler nos problèmes sociaux, tout en assurant notre croissance économique.
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