Publicité

Radhakrisna Sadien : «Il faut cesser de politiser le débat autour de la réforme électorale»

12 mai 2014

Radhakrisna Sadien

Pourquoi être venu de l’avant avec un Opinion Paper sur le système électoral ?

Une des fonctions du National Economic and Social Council (NESC), qui fut créé en 2001 en vertu d’une loi votée à l’Assemblée nationale comme un corps consultatif indépendant, est justement de formuler ses opinions et de faire des recommandations au gouvernement concernant sa politique socioéconomique à travers le dialogue social. C’est dans ce contexte qu’en juin 2012, le NESC a, dans un document intitulé Electoral Reform and Social Stability, émis plusieurs idées sur la réforme électorale. Déjà, à l’époque, nous avions abordé les sujets du Best Loser System, du Gender Fairness et du concept de Nation Building, entre autres.

Quand le gouvernement est venu avec le White Paper sur la réforme électorale, on ne pouvait laisser passer l’occasion d’apporter notre contribution à ce débat. Je tiens à remercier le gouvernement pour avoir permis à la population de réagir sur ledit document.

Quelles sont les grandes lignes du document que vous avez soumis ?

Tout d’abord, le conseil a longuement réfléchi sur le thème du «mauricianisme» et sur son implication. La promotion du «mauricianisme» dépend de plusieurs valeurs fondamentales telles que l’égalité des chances pour tous les citoyens, l’inclusion sociale, l’égalité devant la loi, l’éradication de la pauvreté, entre autres. La réforme électorale ne doit pas être perçue comme une fin en soi, mais doit plutôt être utilisée comme un moyen pour que la société devienne plus harmonieuse et qu’elle offre à tous ses citoyens les mêmes droits et privilèges.

La réforme électorale n’est pas que l’affaire des politiciens, mais concerne la population. Étant donné la disproportion des électeurs dans les différentes circonscriptions, certaines avec 60 000 électeurs en comparaison à d’autres qui n’en comptent que 22 000, il est devenu nécessaire de redessiner les circonscriptions.

Quelles sont les autres propositions que vous avez soumises ?

Rodrigues doit avoir le même nombre de députés que les circonscriptions de Maurice. Sur la question de PR List, il est entendu, selon un pacte social, que les leaders des partis vont placer sur leur liste, en priorité, des candidats qui donneraient aux minorités une sécurité. Afin de promouvoir plus de démocratie participative et d’enrichir les débats à l’Assemblée nationale, le seuil de 5 % semble acceptable pour que les partis soient représentés.

La proposition de 30 % pour les femmes à l’Assemblée nationale est soutenue par le conseil. La création d’un Sénat comprenant des sages, des jeunes, des femmes, des personnes du troisième âge, des handicapés, entre autres, est fortement recommandée. Les partis politiques doivent être des modèles de bonne gouvernance et doivent être enregistrés auprès du Registrar.

En cour, l’État a fait savoir qu’un «Bill» sur la réforme arrivera avant les prochaines élections. Bérenger se dit «déçu» par cette position et Rezistans ek Alternativ a demandé un mois pour réagir. Quel est votre avis sur tout ce qui se passe à ce sujet ?

Si une telle déclaration a été faite en cour à ce propos, on doit la considérer de bonne foi. Présenter un Bill à l’Assemblée nationale est une chose, avoir une majorité pour faire passer la loi, c’en est une autre. Il faut cesser de politiser le débat autour de la réforme électorale car la population a droit à mieux que ça.

La priorité pour tous devrait être une démarche sincère vers le «mauricianisme», tout en mettant l’accent sur l’égalité des chances et la justice sociale qui devront être les maîtres-mots dans toute action envisagée. À Maurice, la moralité dans la politique semble être très loin à atteindre. La population, elle, est réduite à n’être qu’une simple spectatrice. Ce qui convient à beaucoup.

Publicité