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Rama Valayden interpellé pour manifestation illégale - Taslima, son épouse : «Toute cette machination vise à nous démoraliser»

24 mai 2021

C'est à travers un live sur Facebook que le couple est revenu sur cette interpellation.

Elle a vécu, confie-t-elle, des moments très pénibles. L’interpellation de son époux, l’avocat Rama Valayden, à leur domicile, à 2 heures du matin, dans la nuit du dimanche 16 au lundi 17 mai suite à une manifestation pacifique en soutien au peuple palestinien, dans le cadre de l’affrontement israélo-palestinien, qui avait eu lieu dans la journée, l’a profondément bouleversée. «En tant que femme et mère, ça a été très difficile. Ce sont des moments humainement insupportables et je ne souhaite à personne de vivre ça.»

 

Les images de Taslima Valayden devant les Casernes centrales s’insurgeant contre la manière de faire de la police, qui a retenu son époux durant des heures, avant qu’elle ne perde connaissance et ne soit conduite à l’hôpital, ont fait le tour de la Toile. Des événements douloureux dont elle se remet encore aujourd’hui. Le plus difficile, dit-elle, a été d’expliquer à ses enfants ce qui se passait. «Il faut comprendre que le niveau d’engagement de mon mari sort de l’ordinaire et que cela demande des efforts considérables auprès de son entourage. Le contexte dans lequel nous vivons ainsi que les défis engendrés par cet engagement exigent des sacrifices de la part de tout un chacun. Malgré toute cette détermination, il est parfois difficile de trouver les mots pour expliquer à un enfant de 10 ans pourquoi son père se fait interpeller au beau milieu de la nuit, alors qu’il n’est pas un criminel.»

 

Depuis l’interpellation de Rama Valayden pour manifestation illégale et infraction aux règles sanitaires, l’affaire a pris une autre tournure. Deux versions s’opposent. Celle de l’avocat et de ses proches qui dénoncent les agissements de la police et celle du DCP Heman Jangi qui affirme que c’est l’avocat lui-même qui aurait demandé à venir aux Casernes centrales durant la nuit. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a même abordé le sujet à la télévision nationale pour dire que c’était irresponsable de tenir un tel rassemblement en pleine crise sanitaire.

 

Depuis, l’avocat, à travers un live sur sa page Facebook, a expliqué qu’en tant qu’organisateur de la manifestation, il ne pouvait pas rester les bras croisés chez lui, alors que d’autres personnes avaient été interpellées, d’où sa démarche de dire à la police cette nuit-là qu’il les attendait. À ceux qui accusent l’avocat d’avoir monté une mise en scène, son épouse rétorque. Bien que ce ne soit pas la première fois que son mari doive faire face à une interpellation, Taslima Valayden avoue qu’elle a été surprise de cette manière de faire. «Le plus absurde, ce sont les tentatives à vouloir donner une toute autre tournure aux événements. Un haut gradé de la police qui insinue que cette interpellation est une mise en scène et qu’on aurait même bénéficié de la complicité d’un journaliste. Un délire total !»

 

Si au début, ce qu’elle décrit comme de «l’acharnement» et de la «calomnie» l’agaçaient, elle dit avoir compris «que toute cette machination vise uniquement à (nous) démoraliser et que c’est aussi le prix à payer pour être la femme de Rama Valayden et sa compagne dans cette croisade pour la justice». Son malaise devant les Casernes centrales, lance cette dernière, n’est pas étonnant. «Après un mois de jeûne, un week-end éreintant, une nuit blanche, des heures à attendre devant les portes des casernes et les excès de zèle de la part de certains policiers, mon malaise n’est qu’une conséquence. En tombant, je me suis heurtée à quelque chose, d’où la nécessité de subir une batterie de tests.» Pour elle, l’arrestation de Rama Valayden, qui est attendu le 25 mai au Bar Council pour donner sa version des faits sur le fil des événements, est un symbole fort et intimidant. «Je ne donnerai pas tort à ceux qui croient que tout cela est une machination de ceux au pouvoir, qui a pour but d’instaurer la peur et d’étouffer les voix contestataires.»

 

Après une semaine éprouvante, Taslima Valayden se dit aujourd’hui plus que jamais d’attaque. «Quand je vois le soutien que j’ai reçu, j’avoue qu’il y a plein de raisons d’espérer. J’en profite pour remercier tous ceux qui m’ont témoigné de leur amour. Je suis plus que jamais motivée à assumer mes responsabilités dans ce combat pour le pays.»

 

Comme son époux, elle ne reculera, dit-elle, devant rien.

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