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8 septembre 2018 04:39
Il est 16 heures et les rues de la capitale grouillent de monde. Les uns plus pressés que les autres hâtent le pas. La chaleur est accablante à Port-Louis, en cette fin de journée, malgré la saison hivernale. Mais les quelques marchands de naan, gâteaux, fruits à coque, dates, entre autres, créent une joyeuse atmosphère en face de la Jummah Mosque. Nous nous dirigeons vers l’entrée. Une porte en bois massif, avec des gravures très détaillées et impressionnantes, surplombe cet espace. C’est à ce moment précis que le muezzin procède à l’appel à la prière.
Faez Alibaccus, le Maintenance Supervisor des lieux, vient à notre rencontre et se charge de nous faire visiter. La structure unique du lieu nous laisse sans voix. Des enduits décoratifs ornent certaines parties de la mosquée, des citations du Coran sont affichées çà et là, des arbres et des fleurs y apportent une touche de fraîcheur, le coin de prière est d’une rare beauté, avec ses lustres imposants et des touches décoratives qui ne cessent de nous éblouir tout au long de la visite. Au même moment arrivent quelques hommes qui se hâtent pour rejoindre leurs confrères qui prient déjà. Mais avant d’accéder au lieu sacré, ils doivent faire leurs ablutions ; une fontaine y est installée avec plusieurs robinets où les fidèles lavent impérativement certaines parties de leur corps pour se purifier avant d’entamer la session de prière.
Pendant ce temps, une équipe de fidèles, réunie dans un coin de la cour de la mosquée, s’affaire à la préparation des repas qui seront servis vers 17h40 avant le namaz maghrib pour rompre le jeûne. Dates, samoussas, chanapuri, bananes, tikka, naan, entre autres, sont disposés dans des assiettes sur des nattes et seront servis aux quelque 200 fidèles qui se réuniront pour rompre le jeûne. «Nous avons beaucoup de fidèles qui viennent rompre le jeûne ici car non seulement nous nous situons au cœur de la capitale mais aussi parce que beaucoup de fidèles sont encore loin de leurs domiciles. Donc, ils viennent nous rejoindre et chacun rentre chez lui par la suite», explique Faez Alibaccus. D’ajouter que cet élan de solidarité durera tout au long du mois de ramadan.
Il est 16h45 quand le namaz asar se termine et Salim nous rejoint arborant un sourire timide. Il est le muezzin de la Jummah Mosque. Il nous dit d’emblée qu’il est celui qui déclenche la sirène annoncant la fin du jeûne. «Cela fait six ans que je fais ça et c’est une énorme responsabilité car c’est la confiance de toute une communauté qui repose sur vos épaules. Si j’annonce la sirène, ne serait-ce qu’une minute avant la fin de l’heure du jeûne et que le fidèle mange, ce jour de jeûne est déduit. Donc, je dois toujours être vigilant», explique le muezzin.
Salim fait aussi ressortir que le rituel de la sirène a été mis en place uniquement à Maurice et que ce n’est pas une loi instaurée par l’islam. «C’est une coutume que nous avons mise en place il y a de cela plusieurs années et c’est le muezzin lui-même qui gère la sirène vu qu’il doit être à l’heure pour le namaz maghrib», affirme notre interlocuteur.
Mais que ressent-il à la fin du ramadan ? Il confie que, pour lui, «c’est une manière de progresser spirituellement en même temps que d’aider les fidèles». Allu Bakaoolah, un fidèle, ne tarit pas d’éloges sur le rôle du muezzin : «C’est un rôle-clé car le muezzin nous appelle à la prière et annonce la fin du jeûne et cela évite que les fidèles s’égarent. C’est une personne qui a beaucoup d’importance pour nous car il porte une énorme responsabilité.» Pour ce dernier comme pour Salim, le mois du ramadan appelle à la repentance mais aussi à faire un pas de plus dans sa spiritualité, en toute humilité.
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