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Recomptage des voix au n° 19 : les Rosehilliens partagés entre désillusion et espoir

1 février 2022

Les avis sont mitigés parmi les habitants de la circonscription.

Ce mardi 1er février, le recomptage des voix récoltées par Jenny Adebiro, candidate battue du Mouvement Militant Mauricien (MMM), et le leader du Muvman Liberater (ML), Ivan Collendavelloo, dans la circonscription no 19 (Stanley/Rose-Hill) lors des dernières législatives, aura lieu. Il est possible que cette démarche n’apporte rien de nouveau. Toutefois, si Jenny Adebiro dépasse Ivan Collendavelloo en termes de votes, elle prendra la troisième position et deviendra députée aux côtés de ses deux acolytes Paul Bérenger et Deven Nagalingum, qui étaient arrivés à la première et la deuxième place respectivement lors de ces élections générales. Mais qu’est-ce que cela changerait pour les habitants de la région et, d’ailleurs, qu’est-ce qui a changé pour eux depuis ces législatives ?

 

Pour certains, rien. Au contraire, ils ont l’impression d’être des laissés-pour-compte. Steven Parisien, habitant de Camp-Levieux, fait partie des nombreux Rosehilliens qui se sentent «abandonnés» depuis les dernières législatives. Lorsque nous l’interpellons dans la rue alors qu’il sort de la boutique du coin, il nous confie avec désolation : «À ce jour, nous n’avons constaté aucune amélioration. Nos députés n’ont rien fait pour nous rendre la vie plus agréable. Avant les élections, nous les voyions au quotidien mais ils ont tous disparu après avoir obtenu leur poste de députés. Ils nous ont fait beaucoup de promesses qu’ils n’ont pas tenues.»

 

Si le jeune homme n’affiche aucune préférence politique, il garde tout de même l’espoir que si les résultats sont en faveur de la candidate MMM, cette dernière apportera les améliorations qu’espèrent les habitants de la circonscription depuis bon nombre d’années. «C’est une débutante. Si elle est élue, elle devra faire ses preuves. Ce sera à elle de nous impressionner.»

 

Dans la même localité, nous rencontrons Patrice, un fidèle partisan du MMM, qui discute avec ses camarades. Ce n’est pas pour autant qu’il ne fait pas état de nombreux manquements : «Nous avons l’impression que la situation est pire qu’avant. Se enn sirkonskripsion abandone. Il n’y a même plus de loisirs. On nous a fait beaucoup de promesses lors des dernières législatives, notamment que la distribution de l’eau se fera 24/7. Pourtant, c’est un problème qui subsiste.» Pour cet habitant de Camp-Levieux, «nanye pa finn sanze. Zot finn kouyonn nou. Le seul député que nous croisons assez régulièrement est Deven Nagalingum». Visiblement convaincu qu’un revirement de situation apportera les changements nécessaires, il poursuit : «Jenny est une député du futur. Si les résultats sont en sa faveur, elle apportera les améliorations que nous espérons tous. Li pou fer boukou pou nou.» Il voit même plus loin, disant être certain que «pour les prochaines élections, le MMM sera à la tête du gouvernement».

 

Promesses non tenues

 

Huguette Vert, qui oeuvre au sein du MMM depuis son plus jeune âge, suit de près l’évolution de la situation. Rencontrée à son domicile, à Camp-Levieux, elle n’hésite pas à afficher sa couleur, et ce, jusqu’au bout des lèvres. Elle défend bec et ongles son parti. «Après les élections, le MMM a continué le travail sur le terrain. Durant le confinement, nous avons apporté notre aide aux plus démunis en distribuant des food packs. À ce jour, nous apportons toujours notre aide à ceux qui sont dans le besoin.» Les dernières législatives l’ont visiblement marquée. «Ici, au no 19, nous avons eu l’impression d’avoir été victimes d’une injustice, d’une trahison.» À ce stade, elle ne souhaite pas se prononcer sur les résultats. Cependant, elle ne tarit pas d’éloges sur Jenny Adebiro, qu’elle considère comme sa propre fille. «Si elle est élue, elle reprendra des forces. Elle aura le courage et les moyens de faire bouger les choses car c’est une battante dans l’âme. Nous ne savons ce qu’il en sera mais je suis déjà fière d’elle. Elle est jeune et avec de tels résultats pour une première participation, face à de vieux combattants, elle est déjà victorieuse.»

 

À Stanley, nous rencontrons Harshadrai Visanji Furia qui y gère son commerce depuis des années. Ce ressortissant étranger ayant obtenu la nationalité mauricienne suit de près le monde politique. «Un recomptage des voix n’était pas nécessaire», estime-t-il. «Les années ont passé. Ces démarches auraient dû être entreprises plus tôt.» Il fait également partie de ceux n’ayant constaté aucune amélioration au cours de ces dernières années dans l’endroit et semble avoir perdu tout espoir que les députés de la circonscription s’intéressent au sort des habitants : «Peu importe les résultats, rien ne changera pour nous.»

 

Son avis diffère complètement de celui de Steeven, un habitant de Trèfles que tous connaissent sous le nom de Také. Lorsque nous l’interpellons, pendant qu’il discute avec d’autres habitants de sa localité, il n’hésite pas à défendre le leader du ML. «Ivan Collendavelloo ainsi que Seety Naidoo et Mahen Choolun ont beaucoup apporté à notre circonscription. Zot finn respekte zot promes. Boukou dimounn finn gagn travay. Cela fait plusieurs années que le MMM ne fait plus rien pour nous.» Un recount, dit-il, «n’était pas nécessaire. Je suis convaincu que les résultats démontreront qu’Ivan Collendavelloo avait mérité sa place de député». Son ami Jean-Pierre, un habitant de Rose-Hill, abonde dans le même sens. «Même quand Paul Bérenger était Premier ministre, il ne faisait rien pour sa circonscription. Si Ivan Collendavello n’avait pas été élu, beaucoup de jeunes seraient encore chômeurs à ce jour ou seraient tombés dans l’enfer de la drogue. Cet exercice de recomptage est une perte de temps et d’argent. Je suis confiant que le leader du ML l’emportera.»

 

Kirsty Wade, pour sa part, fait partie de ceux que le recount n’intéresse pas. Domiciliée à Roches-Brunes depuis des années, elle n’y a constaté aucune amélioration. Rencontrée au parcours de santé Claude Cavalot avec son époux et sa fille, elle fait également état de toutes ces promesses non tenues. «Il y a toujours les problèmes d’eau. Les jardins d’enfants ne sont pas entretenus. Je ne crois pas qu’un éventuel changement nous apportera quoi que ce soit.» Les résultats importent peu à Marie-Paul aussi, une habitante de Plaisance que nous interrompons en plein milieu de son footing. Ce qu’elle souhaite, en revanche, c’est que les députés, peu importe le parti, «fassent en sorte qu’il y ait plus de patrouilles policières dans certains endroits. La drogue est un réel fléau dans certains quartiers. Nou nepli santi nou an sekirite dan nou prop landrwa. Mo gard lespwar ki pou ena impe ameliorasion».

 

Ils sont beaucoup dans ce cas-là mais plein d’autres ont perdu tout espoir de voir les choses s’améliorer au no 19.

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