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1 février 2022 14:01
L’heure est à l’attente. À quelques heures du dénouement concernant l’exercice du recount au no 19 – la Cour suprême a ordonné ce recomptage des votes le vendredi 21 janvier, (voir hors-texte «Les grands moments») –, les deux camps impliqués dans cette affaire ne peuvent que prendre leur mal en patience. Sauf imprévus, c’est ce mardi 1er février que les deux principaux protagonistes sauront si les résultats seront favorables pour l’un ou pour l’autre.
D’un côté, on retrouve Jenny Adebiro, candidate battue du MMM aux législatives de 2019 (elle est derrière la contestation de l’élection de l’ex-Deputy Prime Minister). Et de l’autre : Ivan Collendavelloo, l’ex-Deputy Prime Minister, classé à la troisième place devant la candidate du MMM, avec une différence de 92 voix entre les deux candidats. Le leader du Muvman Liberater (ML) a été ministre de l’Énergie et des services publics et Premier ministre adjoint au sein du gouvernement MSM/ML au pouvoir mais il a été révoqué en juin 2020 suite aux allégations de corruption dans l’affaire de la centrale électrique de Saint-Louis. Est-ce que le recount renversera les résultats des législatives de 2019 au no 19 (Stanley/Rose-Hill) ? Est-ce que le recomptage donnera à Jenny Adebiro la troisième place ? La réponse, ce mardi.
En attendant cet exercice qui suscite tant d’intérêt sur l’échiquier politique et qui se fera sous la supervision de l’Acting Master and Registrar, les deux candidats, leurs proches et tout leur entourage sont en mode wait and see. À deux jours du recount, avec les enjeux de cet exercice, nous avons tâté le pouls de ceux qui évoluent autour d’Ivan Collendavelloo. Ce dernier, en répondant aux questions de la presse le mercredi 26 janvier, après une réunion par rapport à l’exercice de recount, a fait la déclaration suivante concernant la date fixée pour le recomptage, qui est un jour férié : «Le Master inn sigzer mardi, mwa, mo ena bann rezerv tre for lor ki nou pou opere enn zour kot enn pake Morisien pe fete, pe selebre ek komemor swa bann anset, swa nou bann kamarad esklav. Nounn met sa devan Master. Master donn so desizion. Sakenn pran so responsabilite dan sa bann zafer-la.»
En vue de cette actualité, les proches de l’ex-no 2 du gouvernement restent aussi focalisés. Irvin Collendavelloo, fils du leader du ML, dit ne pas avoir évoqué ce sujet avec son père mais s’intéresse bien évidemment avec attention à l’événement politique prévu pour mardi : «En toute franchise, je n’ai pas parlé de ça à mon père. Je lui ai parlé mais d’autres choses. Toutefois, je vis cette situation d’une façon assez sereine dans la mesure où je me dis déjà qu’en tant que fervent défenseur de la démocratie, c’est la volonté du peuple qui doit primer avant tout. J’estime que c’est cela le plus important. Je ne sais pas quel sera le résultat du recount. Je vais vous dire franchement, je ne suis pas en train de prier pour que le recount soit favorable ou défavorable pour qui que ce soit. Par contre, je prie pour que la volonté du peuple soit respectée.»
Le résultat de ce recomptage a définitivement un enjeu capital, ajoute-t-il : «Il y a une chose qui m’effraie ; que le peuple perde confiance dans le processus électorale s’il s’avère que le recount dit que c’est madame Adebiro qui a eu plus de voix que monsieur Collendavelloo. Cela m’inquiète beaucoup parce que j’aime bien défendre la démocratie. Je dis que je vis dans une démocratie mais ce serait faillir à la démocratie s’il y a eu erreur dans la procédure. Quelque part, j’espère que le recount va montrer que les résultats ne changent pas, pas parce que mon père est concerné et qu’il doit gagner ou je ne sais quoi, c’est plutôt que je ne veux pas que le peuple, y compris moi, perde confiance dans le processus électoral.»
Si le recomptage des votes démontre qu’il y a eu des anomalies et des erreurs dans le comptage lors des élections de 2019, il y aura certainement des questions à se poser sur le processus électoral, souligne-t-il : «Ça pourrait même ouvrir la voie à toutes les petites anomalies qu’il y a pu y avoir dans les anciennes élections. Je pars de la base du principe vox populi, voix dei. Ce que le peuple décide, il faut le respecter. Et la personne qui mérite de gagner doit gagner. En tant qu’avocat, j’ai toujours défendu le judiciaire mauricien, j’ai toujours défendu l’intégrité du judiciaire mauricien et j’ai toujours dit que le peuple mauricien doit avoir confiance dans le judiciaire. J’espère aussi que ce sera la même chose pour le processus électoral.»
Seety Naidoo, membre du ML et colistier de son leader Ivan Collendavelloo aux dernières législatives, est aussi dans l’attente. «Nou soutenir nou leader kinn pran la desizion de ne pas s’opposer à enn recount. Nou pa dan l’optique d’avoir une victoire à n’importe quel prix et qui n’est pas légitime. Nou krwar dan la demokrasi ek nou kontan ki nou leader inn al dan sa sans-la. Maintenant, les procédures suivent leur cours. C’est dommage que le recomptage se déroule un jour férié, n’empêche, c’est la décision du Master and Registrar et selon le leader, tout s’est passé dans la convivialité et nou respekte sa desizion-la.»
Selon Seety Naidoo, le leader du ML est «très bien» dans son rôle de député : «Monsieur Collendavelloo est un grand monsieur. Ce n’est pas quelqu’un qui aboie tous les jours. Comme il a fait ressortir, il va parler en temps et lieu. Chaque chose en son temps. Un recount et un recount. On va suivre. Au sein du ML, et quand je parle du parti, je parle en tant qu’un enfant de Trèfles, et en tan ki militan de tou tan du no 19, nou ena le santiman du devoir accompli. Donk, pou nou, peu importe ce qui arrive, ce qu’Ivan Collendavelloo inn realize en très peu de temps pou landrwa ek dan diferan contextes, qu’il s’agisse d’infrastructures ou autres, pour nous, c’est déjà une victoire. Le ML a réussi beaucoup de choses. Maintenant, attendons ce qui va suivre. Je ne suis pas là, mes obligations professionnelles obligent, me mo leker avek mo landrwa, mo leker avek mo leader.»
Javed Carmally, proche du ML, est aussi scotché à cette actualité : «Je me tiens au courant et je suis cette actualité comme tout citoyen mais avec un intérêt un peu plus exacerbé. Je reste une personne qui croit fermement dans les fondements de notre démocratie. Je demeure globalement positif et j’attends certainement avec une grande impatience l’issue de ce dépouillement.» Pour lui aussi, quoi qu’il se passe à l’issue du recount, Ivan Collendavelloo est un bon député. «Très honnêtement, je pense qu’il a beaucoup fait pour le pays durant une longue et riche carrière, tant comme politicien chevronné que comme avocat. Plus récemment comme ministre de l’Énergie, il a beaucoup œuvré pour le développement des énergies durables, une problématique cruciale, en ces temps marqués par le réchauffement planétaire. Étant moi-même un habitant du no 19, j’ai aussi pu constater qu’Ivan a beaucoup œuvré pour la circonscription et a été à l’écoute de ses mandants», dit celui qui évolue aussi au sein de l’association
Generation Next 19, une organisation très active à Stanley/Rose-Hill qui bénéficie beaucoup de l’aide de l’ancien ministre. «Generation Next 19 est une organisation essentiellement à vocation sociale, qui vise à venir en aide aux personnes les moins favorisées en leur apportant des aides ciblées. Ceci dit, Ivan nous a beaucoup aidés dans nos actions. Il a été en quelque sorte un mentor qui nous a aiguillés pour mener nos initiatives de la meilleure manière. Il nous a apporté son expérience, ce qui est inestimable.»
Toute son attention, comme celle de beaucoup de Mauriciens, est tournée vers le mardi 1er février : «Je crois en notre démocratie. Bien entendu, je ne peux préjuger de ce qui va sortir de ce recount. Mais dans tous les cas de figure, je demeure confiant en Ivan...»
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