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Reeaz Chuttoo : «La coalition PTr-MMM n’augure rien de bon pour la classe ouvrière»

22 septembre 2014

Reeaz Chuttoo

Quel est votre avis sur la coalition PTr-MMM ?

 

Mon point de vue de syndicaliste est clair et objectif. Il y a quelque temps, le PTr, prétextant la démocratisation de l’économie, a favorisé l’émergence de quelques groupes de la bourgeoisie d’élite. Ce même PTr, depuis 2005, n’a cessé de tirer sur le MMM, parti qui, pour moi, représente la bourgeoisie historique de l’époque du colonialisme. Aujourd’hui, nous retrouvons ces deux partis sous une même bannière. La coalition PTr-MMM n’augure rien de bon pour la classe ouvrière. Il ne fait aucun doute qu’ils vont imposer des réformes pour surexploiter la masse ouvrière, après que le PTr a déjà déréglementer les lois du travail en 2008. Maintenant que ces deux groupes de la bourgeoisie sont réunis, on se demande ce qui attend les travailleurs.

 

Certains craignent une dérive dictatoriale en cas de victoire de l’alliance rouge-mauve. Partagez-vous cette inquiétude ?

 

L’avenir est bien sombre. Le pouvoir balance du côté du gros capital.

 

«Cet accord a été fait dans l’intérêt de chaque Mauricien», a dit le Premier ministre hier,  lors de la signature de l’accord entre le PTr et le MMM. Y croyez-vous ?

 

Ils parlent de démocratie mais devant tout ce show auquel ils se livrent, je me demande si c’est cela leur notion de la démocratie. Cette alliance a été faite uniquement pour satisfaire Paul Bérenger et Navin Ramgoolam. L’un veut devenir Premier ministre et l’autre président de la République. Je pose une question au peuple. Qu’est-ce qui se passera si Paul Bérenger n’est pas élu ? Est-ce que quelqu’un d’autre du MMM deviendra Premier ministre ? Bien sûr que non !

 

Cette alliance n’existe que pour répondre aux exigences de deux personnes. Ils ne disent pas comment ils vont combattre la corruption dans le pays. Ils n’évoquent pas la nécessité que les partis dévoilent leurs avoirs. Est-ce comme cela qu’ils vont combattre la corruption ? Ils disent qu’il y aura plus de justice sociale. J’ai bien envie de voir cela. Est-ce qu’ils vont revoir les lois du travail pour redonner leurs droits aux Mauriciens ? Ils disent qu’ils sont pour le développement économique. Encore une fois, je demande à voir.  Ils ne prennent aucun engagement pour un salaire minimum. Cette alliance n’a nullement à cœur le bien-être des Mauriciens. Les deux hommes veulent juste finir leur carrière politique en beauté.

 

Lors d’une conférence de presse qu’il a tenue cette semaine, Harish Boodhoo a invité les syndicats à s’unir pour contrer la nouvelle alliance. Comment accueillez-vous cette proposition ?

 

La politique, ce n’est pas comme une équipe de foot, où l’on peut acheter Ronaldo du Portugal ou Kaka du Brésil pour que l’équipe soit bonne. Je vais donc dire en toute politesse à Harish Boodhoo que la Confédération des travailleurs du secteur privé ne va pas s’associer à sa demande.

 

Que pensez-vous de tous ces petits partis politiques qui se forment en ce moment. Ne croyez-vous pas qu’ils devraient tous se regrouper ?

 

L’émergence de ces partis politiques est un très bon signe. Pour moi, cela démontre qu’il y a une conscience politique qui se développe et que les intellectuels veulent apporter leur contribution à la politique et au développement du pays. Toutefois, il ne faut pas se précipiter et faire des coalitions à la va-vite. Ce n’est pas un business. Il faut que chaque parti progresse à son rythme et trouve son identité.

 

Et que pensez-vous de l’éventuelle nouvelle alliance de l’opposition ?

 

L’autre alliance qui se prépare ne propose rien de mieux. C’est une équipe de ramassis. Ils ne sont pas non plus clairs dans leur programme et dans leur désir de vouloir aider la classe ouvrière.

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