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Reena Devi Rookhee, 42 ans, tuée par son ex-concubin - Swajeet, son fils : «Nous n’aurions jamais cru Ravi capable d’un tel acte»

11 août 2021

L'entourage de la victime est partagée entre choc et tristesse.

Elle leur vouait un amour inconditionnel. Rien n’était plus important pour Reena Devi Rookhee – aussi connue comme Kajal et âgée de 42 ans – que ses deux enfants et leur bien-être. Après son divorce, il y a quelques années, la vie ne lui avait pas toujours fait de cadeaux mais elle s’évertuait à tout faire pour que ses enfants connaissent un peu de bonheur. Avec son salaire de caissière, le loyer à payer, les courses à faire, entre autres dépenses, elle pouvait difficilement faire souvent plaisir à ses deux fils mais elle essayait malgré tout. Et même si elle travaillait très dur, avec des horaires pas toujours faciles, elle ne se plaignait jamais. Après tout, voir ses enfants heureux faisait sa joie. En faisant la connaissance de Ravi Tarah il y a deux ans, elle a cru qu’elle était enfin tombée sur la perle rare : un homme qui serait son pilier, qui l’épaulerait durant les moments difficiles et qui lui offrirait un peu de répit. Elle avait aussi espéré qu’il la soutiendrait financièrement et l’aiderait à offrir une vie meilleure à ses enfants. Elle avait vite déchanté.

 

Au début de leur relation, rien ne laissait présager que Ravi Tarah, 48 ans, lui ferait vivre un enfer. Sur un petit nuage, elle l’avait présenté à ses amis, à sa famille, et pensait pouvoir fonder avec lui un foyer heureux et stable. Le couple s’est ainsi installé à Solitude avec les deux fils de Kajal, âgés de 12 et 24 ans, et sa belle-fille. Durant les premiers mois, la quadragénaire a fermé les yeux sur les mauvaises habitudes de son compagnon, se disant qu’il finirait par changer, mais au fil du temps, les choses ont empiré. «Ravi refusait de travailler. Ma mère était la seule à faire bouillir la marmite. À chaque fin de mois, il lui réclamait l’argent qu’elle gagnait pour aller parier aux courses hippiques, jouer aux cartes ou s’acheter des boissons alcoolisées», confie Swajeet Ramlochun, l’aîné de Kajal. Au départ, cela ne la dérangeait pas trop de le dépanner mais lorsque les dettes ont commencé à s’accumuler, cette situation a commencé à la peser. Et lorsqu’elle n’accédait pas à sa demande, il lui faisait des reproches, l’injuriait et pouvait même aller jusqu’à lever la main sur elle. Mais Kajal, sous son emprise, baissait la tête et se soumettait.

 

Au fil du temps, la situation n’a fait qu’empirer. Avec la rentrée scolaire, les dépenses de Kajal ont augmenté. «Elle n’arrivait plus à tout gérer. Elle, qui pensait avoir trouvé quelqu’un sur qui compter, s’était retrouvée avec une bouche de plus à nourrir. Ravi ne voulait pas comprendre qu’elle avait besoin de son argent pour acheter le matériel scolaire de mon frère. Il en était presque jaloux. Le peu d’argent qu’il lui arrivait de gagner en cumulant des petits boulots, il l’utilisait à des fins personnels.» Et il se fâchait à chaque fois que Kajal utilisait le peu qu’il lui restait de son salaire pour acheter ce dont ses enfants avaient besoin. «Il y a un mois et demi, elle a parlé à ma grand-mère de sa situation, de son ras-le-bol. Puis, après avoir mis un terme à sa relation avec Ravi, elle a quitté le toit familial pour aller vivre auprès d’elle à Grande-Pointe-aux-Piments, en attendant de nous trouver une autre maison.» Depuis leur séparation, Kajal a tout fait pour éviter son ex-compagnon mais ce dernier n’avait pas encore dit son dernier mot.

 

Lacérations multiples

 

Durant le mois écoulé, Ravi n’avait cessé de demander aux membres de sa famille de parler à Kajal et l’avait également suppliée de lui pardonner, en vain. «Elle était consciente qu’il ne changerait pas ses mauvaises habitudes et ne voulait pas se remettre avec lui», raconte Khushboo Jeebun, sa belle-fille. Elle avait, visiblement, repris sa vie en main. Cependant, nul ne s’attendait à ce qui allait lui arriver. Le dimanche 1er août, comme d’habitude, elle s’est rendue à son travail, à Trou-aux-Biches, mais n’est pas rentrée à l’heure prévue. Ses proches se sont inquiétés en recevant un SMS provenant de son cellulaire où elle disait qu’elle était allée visiter un logement et qu’un individu la suivait. Quelques heures plus tard, son corps sans vie et ensanglanté a été retrouvé sur un terrain en friche, non loin du poste de police de Triolet. L’autopsie pratiquée par le chef du département médico-légal de la police, le Dr Sudesh Kumar Gungadin, a attribué son décès à des lacérations multiples à la tête ; des blessures causées par un couteau.

 

Bien assez vite, les soupçons des enquêteurs se sont portés sur Ravi Tarah. Pour cause, après avoir interrogé les proches de la victime, ils ont appris que cette dernière était harcelée par son ex-compagnon. Les images des caméras de surveillance situées à proximité ont aussi permis de l’identifier grâce aux vêtements qu’il portait. Le quadragénaire demeurait, cependant, introuvable et son cellulaire était éteint. Au bout de trois jours de cavale, il a été arrêté à Bel-Air par les limiers de la Major Crime Investigation Team (MCIT) et il est passé aux aveux. Il a expliqué aux enquêteurs que le jour du drame, il avait donné rendez-vous à la victime près d’une banque, à Triolet, avant de la conduire dans une ruelle peu fréquentée pour qu’ils puissent discuter. Lorsque Kajal lui a fait part de son intention de ne plus le revoir, il a vu rouge et s’est déchaîné sur elle avec le couteau qu’il avait en sa possession. Il a ensuite pris le cellulaire de la jeune femme et a envoyé un SMS à sa mère pour brouiller les pistes, avant de prendre la fuite. Une accusation provisoire de meurtre a été logée contre lui. Il est en détention policière.

 

Les circonstances dans lesquelles Kajal a trouvé la mort ont plongé sa famille dans une profonde tristesse. Désemparée, Omleela Rookhee, sa mère, ne cesse de se répéter qu’«elle a été victime de son bon coeur». La disparition brusque et tragique de sa fille est, pour elle, une épreuve insurmontable. «Je n’aurais jamais pensé qu’une telle chose aurait pu lui arriver. Elle était une femme exemplaire qui a toujours su garder son calme, qui n’argumentait jamais lors des disputes.» Depuis le décès de son époux, poursuit-elle, Kajal s’occupait d’elle, l’accompagnait chez le médecin ou allait faire ses courses. «Rien ni personne ne pourra me rendre une fille aussi exemplaire.»

 

Pour les enfants de Kajal, son décès est d’autant plus pesant qu’elle faisait tout pour les rendre heureux. «Ma mère nous a toujours fait passer avant tout. Elle ne nous a jamais refusé quoi que ce soit et nous n’avons jamais manqué de rien avec elle. La perdre dans ces circonstances est la plus dure des épreuves. Malgré leurs disputes, nous n’aurions jamais cru Ravi capable d’un tel acte», confie Swajeet Ramlochun.

 

Également affligé par ce drame, Biswajeet Ramlochun, l’ex-époux de la victime, confie : «Elle ne méritait pas de mourir ainsi. Le fait que nous étions séparés ne change rien au fait qu’elle était quelqu’un de bien. Elle a toujours été calme et n’élevait jamais la voix. Je n’étais pas au courant de tous les problèmes qu’elle traversait.» Malgré leurs précédents différends, tous deux avaient gardé de bonnes relations pour le bien-être de leurs enfants. Mais aujourd’hui, Kajal s’en est allée dans des circonstances atroces, laissant derrière elle des enfants, ainsi que d’autres proches, inconsolables.

 


 

Ravi Tarah revient sur les lieux du crime

 

 

Il a participé à un exercice de reconstitution des faits quelques heures seulement après son arrestation. Ravi Tarah, originaire de Poste-de-Flacq, était ainsi accompagné de plusieurs unités de la force policière – la Special Supporting Unit (SSU), le Scene of Crime Office (SOCO), la Major Crime Investigation Team (MCIT) et les forces régulières de Triolet – le mercredi 4 août, à la ruelle Rampersad Aumeer, à quelques mètres du poste de police de la localité. Après avoir répondu aux questions des enquêteurs, il leur a montré où et comment il s’y est pris pour tuer son ex-compagne. Il leur a expliqué que lorsque celle-ci lui a fait part qu’il n’y aurait pas de retour en arrière, il s’est emporté. Il s’est emparé du couteau qu’il avait sur lui et l’a menacée. Après l’avoir contrainte de pénétrer dans un terrain en friche, à l’abri des regards, il l’a frappée à plusieurs reprises à la tête en s’apercevant qu’elle voulait prendre la fuite. Après qu’elle s'est écroulée, il a laissé tomber son arme et a pris son cellulaire pour envoyer un SMS à sa mère afin de brouiller les pistes, puis il a pris la fuite. Après s’être réfugié chez des proches, il a été arrêté à Bel-Air au bout de trois jours.

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