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Par Yvonne Stephen
12 mai 2014 06:33
C’est le sujet incontournable du moment. Le projet qui fait vibrer la scène politique. Et frétiller les leaders politiques. La réforme électorale est sur toutes les lèvres. Surtout celles qui s’occupent du koz koze par «personnes interposées» au sujet de la Deuxième république. Parce que si les discussions directes entre Navin Ramgoolam et Paul Bérenger ne sont pas à l’agenda, d’autres personnes se chargent de faire avancer le débat afin de trouver un difficile consensus. C’est le leader du MMM lui-même qui l’a déclaré lors d’un point de presse, cette semaine.
La rentrée parlementaire, qui aura lieu ce mardi 13 mai, précisera la position de Paul Bérenger et du MMM face à l’alliance gouvernementale. Ou du moins, la position officielle. Même si le chef de l’opposition entend jouer son rôle «kare kare», parlant déjà des scandales à dénoncer, les rumeurs laissent entendre qu’il n’a pas encore enterré une possibilité d’alliance avec le Labour Party et l’espoir de l’organisation d’élections anticipées. Néanmoins, les récents développements concernant la réforme électorale, qui ont eu lieu cette semaine, n’ont pas convaincu Paul Bérenger. Et il ne s’est pas fait prier pour le faire savoir.
«The place to be» de ce début de semaine était, évidemment, la Cour suprême. Là où a été entendue la plainte déposée par Rezistans ek Alternativ (l’affaire sera appelée à nouveau le
10 juin). Ce parti de gauche conteste la nécessité des candidats aux législatives de devoir indiquer leur appartenance ethnique afin que leur candidature soit prise en considération lors du Nomination Day. L’Attorney General, Satish Faugoo, était présent et a annoncé que l’État viendra de l’avant avec un projet de loi sur la réforme électorale avant les prochaines élections. Néanmoins, il n’a pas précisé quand tel sera le cas.
Ashok Subron, porte-parole du mouvement de gauche, a réagi assez positivement à cette déclaration, précisant que l’État devait, néanmoins, faire face à ses engagements. Le gouvernement mauricien s’est engagé auprès des Nations unies concernant cette réforme électorale. Cet organisme international avait estimé qu’il s’agissait d’une violation des droits fondamentaux de tout candidat en vertu de l’article 25 de l’International Covenant on Civil and Political Rights. Le parti de gauche avait saisi cette instance internationale afin qu’elle puisse statuer si le besoin de décliner son appartenance communale était conforme à la Déclaration des droits de l’homme.
Un rendez-vous avec l’histoire que ne doivent pas rater les décideurs, estime Ashok Subron. Un rendez-vous avec l’histoire qui n’aura pas lieu, s’insurge Paul Bérenger. Lors de son point de presse, le leader du MMM a virulemment critiqué les déclarations de Satish Faugoo : «C’est une déclaration qui sert clairement à gagner du temps.» Après le temps des rapprochements, c’est celui de l’amertume : «Ramgoolam n’est pas sérieux sur la réforme électorale.» Et de la colère face à «l’attitude complaisante et incroyable» de Rezistans
ek Alternativ qui n’a pas tardé à réagir. Ashok Subron devait répliquer aussitôt, tout en précisant que leur combat ne sert pas uniquement un jeu d’alliances : «Paul Bérenger devrait se regarder dans un miroir.»
Et s’y voir aux côtés de sir Anerood Jugnauth pour un remake du Remake 2000. C’est, du moins, le souhait exprimé par l’ex-président de la République lors d’un congrès en fin de semaine. Du côté du MSM, pour séduire à nouveau Paul Bérenger, on a décidé de s’acharner sur Navin Ramgoolam… alors qu’il faut être deux pour danser le tango. Lors d’un point de presse, ce samedi 10 mai, Pravind Jugnauth, leader du MSM, a déclaré : «Son attitude dégoûte la population. Il utilise un double langage et se sert de la réforme électorale comme d’un outil politique pour tout casser.» Néanmoins, pour l’instant, du moins, Paul Bérenger persiste et signe, comme il l’a démontré lors de sa conférence de presse, hier : c’est bien fini avec le MSM.
Et comme rien n’est jamais complètement enterré en politique, les prochaines semaines risquent d’apporter leur lot de rebondissements. À suivre… ou pas.
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